Chapitre 54

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Ronan, présent en qualité de représentant de l'empire, clama haut et fort son opinion d'entrée :

— Qu'on en finisse rapidement que ma belle-sœur puisse aller se reposer, on a tous bien mieux à faire que satisfaire les caprices d'un ancien gouvernement.

Cela avait le mérite d'être clair pour tous.

Camila était aux côtés d'Arya, pour soutenir l'accusée.
Le procès débuta et la mascarade qui s'en suivit laissa les deux sœurs abasourdies.

La juge, élégamment maquillée, ses yeux verts réhaussés d'un trait noir sur les paupières et ses cheveux relevés en un chignon sophistiqué, leur envoya des sourires tout du long du jugement. Arya avait l'impression de l'avoir déjà vue, sans parvenir à mettre un nom sur ce visage.

Les Roses durent écouter les représentants du conseil, les soldats qui avaient été sous les ordres d'Arya, ses anciens supérieurs, ou encore Alvin témoignaient des évènements d'antan.

C'était étrange d'écouter des personnes extérieures raconter sa vie, se dit Arya. Leur point de vue différait drastiquement du sien pour certains. Décrivant une réalité qui était loin d'être la sienne parfois.

— Elle a tout de même entraîné la mort de l'empereur Klygan bon sang ! Un peu de fermeté !

C'était toujours le même conseiller qui rabâchait cette rengaine et en appelait à la sentence capitale.

Aussi, pour la première fois de sa vie — de ses deux vies — Arya put raconter son histoire. Elle fit part à ces étrangers, d'abord timidement, de ses motivations, ses convictions. Mais au fil des mots qui s'échappaient inlassablement de sa bouche, au fil du torrent de ses émotions qui l'envahissait, l'assurance et la détermination l'envahirent. C'est une femme assurée et digne qui relata ses idées, ce qui l'avait menée jusqu'à ce fameux jour et tout ce qui s'en suivit, qui les avait réunis ici. C'est une femme forte, emplie de compassion, sure d'elle qui accepta enfin que cette fois, la page était tournée, cette ancienne vie définitivement terminée.

Finalement, après seulement une trentaine de minutes de « procès », la sentence fut sans appel :

— J'ai rendu mon verdict, déclara la juge.

A côté d'Arya, Camila bâilla.

— Je déclare Livie, garde émissaire d'Arrosa, coupable de haute trahison envers l'empire.

La mâchoire leur en tomba. Camila se redressa brutalement sur son siège.
« Coupable » ? Arya l'était en effet mais cela signifiait que la sentence...

— La condamnation qui s'en suit est logiquement la peine de mort.

— Madame la juge... intervint Camila, complétement affolée.

— Il se trouve, continua la juge en levant une main, que la coupable a déjà reçu le châtiment ultime pour son crime. Personne ne peut décemment le nier.

Elle jeta un lourd regard sur les membres du conseil.

— De plus, j'ai la certitude que l'accusée saura, comme elle l'a fait montre au cours de la précédente crise qui a bouleversé l'empire, servir le peuple d'Obsidian avec dévotion et ferveur.

Si la jeune femme décidait de rester aux côtés de Neven, il serait en effet difficile d'y échapper. Arya pouvait presque entendre le sous-entendu : ce serait inhérent aux fonctions d'une impératrice.

— Aussi, je considère donc que l'affaire est close, conclut la juge. La condamnation a été promulguée et elle a été respectée. Comme l'a dit Sa Majesté, nous avons tous bien mieux à faire en ces temps troubles. Merci pour cette perte de temps, Messieurs les conseillers. La session est levée.

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