Chapitre 41

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Au sol, Camila assénait des coups puissants sans retenue. La fatigue se faisait grandement ressentir et son corps commençait à la lâcher. Elle sentait des crampes dans ses bras, son corps lui semblait plus lourd. Ses épées tournoyaient, dansant et fusionnant, dessinant des motifs complexes qu'il était impossible de reproduire sans les avoir tester une bonne centaine de fois. Elle coupait, tranchait, parait, assénait, parfois défendant d'une main et attaquant de l'autre.

- Tu es très résistante pour une humaine, commenta l'araignée.

Camila l'ignora, ses épées dansant de plus belle. Ses pas marquaient le rythme de ses assauts. Plus aucun fil ne l'atteignait à présent. La Jorogumo en utilisait une trop grande quantité sur Gashodokuro, pour contrer Hinata. Elle se contentait de manipuler les pantins qu'elle avait déjà.

- Aurais-tu reçu une bénédiction de renforcement musculaire par hasard ? De compétence à l'épée ?

Camila frappa avec plus de force. Cette fois, elle découpa une partie de ses cheveux. La femme araignée siffla.

- Ce n'est pas très gentil ça.

Camila grimaça. Finalement, elle préférait quand elle n'avait pas l'attention de l'Isaki sur elle.

- Parce que c'est gentil de dévorer la gorge d'un homme ? De priver un enfant de ses parents ? C'est gentil d'annihiler le libre arbitre d'autrui ? De détruire leur droit à choisir ? Ne me parle pas de gentillesse...

- J'ai touché un point sensible il semblerait, se délecta l'araignée.

- Je n'ai pas de bénédictions. Je n'en ai pas besoin pour te battre. Tu prives les gens de leur volonté. Tu ne m'enlèveras pas la mienne. Je vais te tuer. Sans bénédiction. A la seule force de mes lames guidée par ma détermination. Regarde et souviens-toi. Ta volonté ne gagnera pas aujourd'hui.

- Très beau discours, très moralisateur, ricana l'Isaki. Mais je ne suis pas entièrement humaine, moi. C'est bientôt la fin. Je me ferais un plaisir de manipuler ton cadavre jusqu'à ce qu'il redevienne poussière.

Camila avait réussi à l'amener où elle le souhaitait. Elle ne détourna pas le regard cependant, refusant de lui donner le moindre indice sur ce qu'elle manigançait. Elle lui fonça dessus à nouveau, redoublant d'adresse mais se figea soudain lorsqu'une immense patte noire lui coupa la route. La sublime femme qui lui faisait face dévoila enfin sa véritable apparence, confirmant ses dires : elle n'était définitivement pas humaine. Huit longues pattes noires sortirent de son dos et ses jambes fusionnèrent pour laisser s'échapper à partir de son bassin un abdomen noir tacheté de blanc et paré d'épines latérales.

Moitié femme, moitié araignée.

Un frisson traversa Camila. Elle déglutit. Chaque fois qu'elle pensait rivaliser, la désillusion n'était jamais loin.

Camila se rendit compte que le cliquettements des épées avaient cessés derrière elle. Plus aucun soldat ne semblait manipulé par l'Isaki. Chacun était sur le qui-vive, se préparant au pire.

Était-ce Gashadokuro qui allait attaquer ? Etaient-ils vraiment libre de leurs mouvements ?

Les premiers cris, loin au-delà de la place leur apprirent que quelque chose arrivait. Les cris se firent de plus en plus proche, comme amenés, attirés vers eux. Qu'est-ce que cela pouvait bien être ? L'araignée avait encore des atouts dans sa manche ? Quand cela cesserait-il ?

Puis la vague les atteignit.

Des milliers d'araignée déferlèrent sur la place.

Elles commencèrent par grimper sur toutes les surfaces qu'elles trouvèrent, envahirent les bâtiments, montèrent sur les hommes qu'elles touchaient. Les soldats tentèrent de les repousser, en écrasant autant que possible mais c'était impossible de leur échapper. Laura, incapable de bouger, au bord de l'inconscience à la suite de la douleur provoquée par l'utilisation involontaire de sa jambe blessée, ne put les éviter. Ses hurlements finirent par disparaitre sous la masse. Elle fut recouverte d'araignées et bientôt, quand celles-ci la quittèrent, elle se retrouva prisonnière d'un cocon de fils de soie. Ensevelie. Disparue. Nombre de soldats subirent le même sort, impuissants.

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