Chapitre 17

115 3 17
                                    

Plus jamais, JAMAIS, je ne laisse les deux pires ennemis venir chez moi au même moment. J'explique : au moment où je m'apprêtais à raconter ma longue histoire à Karma, notre petit Prodige a débarqué sur le balcon en critiquant que je passais tout mon temps avec son rival, et que je l'oubliais seul dans le salon. Karma lui a balancé dans la gueule qu'il était inutile et une perte de son temps, ce à quoi l'autre a dit que le rouge était une perte d'espace et de QI général de l'humanité. Un coup de poing dans la gueule du prodige a failli suivre, mais j'ai arrêté le geste à temps avant de les étrangler simultanément avec un bras chacun. Quand ils ont daigné se calmer, nous nous sommes installés dans le canapé —moi au milieu bien sûr, sinon la troisième guerre mondiale aurait déjà eu lieu— pour regarder 'Turner and Hooch', une comédie policière que j'aime beaucoup.

Je vous épargne le calvaire que ça a été de s'organiser pour dormir et répartir les chambres. Pour la faire courte, j'ai dormi sur mon canapé très confortable parce qu'ils me les brisaient au point que je n'en ai eu plus rien à foutre qu'ils s'entretuent.

Ce matin, Gaku a fui mon appartement en vitesse, me remerciant à profusion tout en faisant le maximum pour éviter de croiser le démon. Je suis donc dans ma cuisine en train de préparer des pancakes en dansant sur du Stray Kids toute seule, puisque l'idiot qui me sert d'ami est toujours en hibernation.

Pendant que la cinquième fournée de pancakes dore dans la poêle, je mets la table, essayant de —et échouant à— rapper en duo avec Jisung sur Thunderous.

- Quelle voix de casserole enchanteresse, doublée d'un essai lamentable, ricane un petit cancre dans mon dos.

Je me retourne, une main sur la hanche, l'autre lui offrant mon majeur avec grâce —sans réussir à complètement retenir le sourire qui veut apparaître sur mon visage.

- Je te défie de rapper en coréen, vas-y. Jisung est trop fort pour que tu réussisses à l'imiter, de toutes façons.

Un haussement de sourcil me répond.

- Tu n'as pas foi en mes capacités ?

- Pour ce coup là, non. Tiens, rends-toi utile, le gros dormeur, et finis de mettre la table. Correctement, s'il te plaît.

Je glisses sur le sol pour rejoindre mes pancakes qui sont dorés à la perfection. D'un expert geste du poignet, je les retourne sans faire une seule bavure. Ça s'appelle l'entraînement.

- Ma petite diablesse est bonne avec ses mains à ce que je vois.

- Pervers.

- Je ne vais pas nier que tu fais ressortir cette sombre facette de ma personnalité. En même temps, tu fais un peu tout ton possible pour inspirer ce genre de pensées.

Des bras forts viennent se glisser autour de ma taille pour reposer sur mon ventre, au même titre que son menton posé sur mon épaule droite. Merde, pourquoi est-ce qu'il est si désinvolte ? Mon petit cœur reçoit déjà des alertes, en parfait amoureux transi. C'est une trahison, sérieusement.

- Karma.

- Mh ?

- Tes mèches me chatouillent.

Il lâche un bruit amusé et son exportation chaude me caresse le cou. Un couinement de surprise m'échappe alors qu'il entreprend de faire glisser son nez contre ma mâchoire jusqu'à mon épaule, ses pouces dessinant des motifs circulaires sur mon ventre. Il revient à son point de départ avant de se faire plus entreprenant. Des papillons explosent dans mon estomac comme des feux d'artifice lorsque ses lèvres se posent contre ma gorge, embrassant tendrement ma pomme d'Adam. Je risque de m'enflammer à n'importe quel instant. C'est tellement bon, tellement enivrant. Si seulement on pouvait arrêter le temps et capturer cette sensation. Mais je ne peux pas. Karma ne ressent rien pour moi, en tous cas pas de l'amour, et il est inutile de se blesser lorsqu'on est déjà en train d'essayer de guérir d'un mal.

Amour assassin [Karma Akabane x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant