Chapitre 5.

23 3 0
                                    

"Parfois certaines personnes oublient une partie de leur vie. Parfois ça fait mal. Parfois c'est une occasion pour la personne oubliée de se créer une nouvelle vie."

Pdv de Jenny Cowell.

J'entends des bruits autour de moi, tout un tas. Des cris, des pleurs, et un bip régulier et insupportable. Ça semble si proche mais si lointain en même temps... J'ai envie de crier mais aucun son audible ne veux sortir de ma bouche, en plus je ne vois rien du tout...

Je me réveille difficilement à cause de quelqu'un qui n'arrête pas de me parler.
-Mlle Cowell ? Vous êtes enfin réveillée, souffle-t-il avec soulagement.

-Mr Delah ?
Qu'est-ce que mon psy fout ici ? Et où je suis d'abord ?
-Où je suis ? demandais-je en regardant furtivement autour de moi.
J'ai des fils qui me sortent de partout. Une poche de sang à côté de moi et une perfusion dans mon bras, un moniteur à gauche. Une odeur désagréable, un lit à barreaux, des murs blancs... je suis dans un hôpital. Je déteste les hôpitaux, j'en ai une phobie aiguë.
-Il faut que je sorte d'ici, dis-je en reculant.
-Mademoiselle vous avez tentez de vous suicider, on vous a retrouvée à moitié morte dans votre douche.
J'ai tenté de me suicider ?
Oh. Oui, c'est vrai. La vidéo, le miroir, le sms, la porte, l'ambulance, le trou noir.
-Vous auriez dû me laisser crever, lâchais-je après un moment de réflexion.
Il baisse les yeux un instant puis me regarde.
-Jenny, quand on vous a trouvée, vous aviez des hématomes assez importants sur tout le corps. Qu'est-ce qu'il c'est passé ?
-Rien. Rien du tout, dis-je en regardant le plafond.
Il souffle désespérément.
-Jenny, ça va aller mieux je vous le promets. Je vais vous aider, on va vous emmener dans un centre, ça va vous guérir, explique-t-il.
-Un asile.
-Non, pas un asile. Un centre d'aide.
Je le regarde puis regarde mon poignet bandé.
-J'ai pas vraiment le choix j'imagine.
-Non, je suis désolé mais c'est soit le centre, soit l'asile.
-Je vais me contenter du centre je crois.
-Très bien. Voulez-vous prévenir quelqu'un avant de partir ? Des amis du Lycée peut-être ? demande le psy.
-Non.
-Vous êtes sûre ?
-Absolument sûre, dis-je.
-Bon, on peut partir alors.

1 heure plus tard, le temps de partir de l'hosto, je me retrouve dans ma voiture avec mes parents et ma valise, allant vers ce fameux centre.
Le voyage était silencieux, mes parents avait sûrement un millions de questions mais ils se sont abstenu vu mon état. Je leur en suis d'ailleurs reconnaissante, mais je m'en veux, je m'en veux de leur avoir fait ça. C'est vrai, ils ont tellement souffert, et moi, je suis tellement égoïste. Bien sûr que je ne peux pas partir comme ça, sans que quelqu'un en souffre. Dans ce cas-là, mes parents.

Sinon... Pour le centre, ça ne pourra pas me faire mal, je pense en avoir besoin et puis, l'idée de me faire oublier de ce Lycée m'est plutôt agréable. J'espère seulement qu'Elena ne m'en voudra pas trop.

2 mois plus tard. Dimanche, chez les Cowell.

Je suis rentrée chez moi, parce que oui, je suis rentrée du centre. J'ai été déclaré apte à sortir et à reprendre une vie « normale ». Je sais que je suis sarcastique mais je ne le fais pas exprès. Je vais mieux, je vais même très bien vous voyez ? Je suis bien. Je vous jure que c'est vrai.
Il est 15heure de l'après-midi et ma mère rentre du supermarché. Elle va beaucoup mieux elle aussi, beaucoup.
Bien sûr le lundi soir a été très fort en émotions puisque pendant mon « internement » je n'ai pas eu le droit d'avoir des visites alors ma mère était en pleure... Bon j'avoue. Moi aussi.

Nous sommes aujourd'hui samedi et ma mère est rayonnante. Mon père est sorti faire un tour je ne sais où et pour ma part, je suis allongée sur le canapé du salon en train de lire The Hunger Games. J'ai trouvée le tome 1 dans ma chambre au centre et quand je suis rentrée je suis directement allée acheter tous les autres tomes, j'ai donc les 3 et je suis sur le point de terminer le second.
-Chérie, tu viens avec moi ? Je vais aller chez le coiffeur, dit ma mère en entrant dans le salon.
Je souris de toutes mes dents. Chez le coiffeur ? Ma mère ? Ça fait tellement longtemps qu'elle n'avait pas pris le temps de prend soin d'elle.
-Bien sûr que je t'accompagne. Je vais refaire ma couleur en même temps, elle commence à devenir bizarre, dis-je en posant mon livre sur la table.
Je prends soin de mettre le marque-page puis prends mon BlackBerry et rejoins ma mère dans la voiture pour aller au centre commercial. Ça fait vraiment longtemps que je n'y suis pas allée, et encore plus avec ma mère. Je guide ma mère jusqu'à mon coiffeur habituel, là où je refais habituellement mes mèches, couleurs et tout ça.
On entre et la coiffeuse vient tout de suite nous voir.
-Oh ! Jenny ! Ça fait un bail ! Mme Cowell !
Elle nous prend directement et nous installe.
-Alors qu'est-ce que ce sera ? demande-t-elle pleine d'entrain.
-Je veux juste que tu me refasses ma couleur histoire que ça fasse propre, lui dis-je.
-Et vous Mme Cowell ?
-Je ne sais pas trop encore, dit ma mère en regardant les modèles.
-Bon je vous laisse réfléchir cinq minutes le temps d'aller chercher les produits.
Ma mère me regarde.
-Quoi ? demandais-je, un sourire pendu aux lèvres.
-J'adore la couleur de tes yeux tu sais chérie ?
-Oui, merci.
-Tes cheveux aussi, je les adore, continu-t-elle.
Je sais où elle veut en venir.
-Maman...
-Écoute chérie, fait toi plaisir s'il te plaît. Je vois bien que ça va beaucoup mieux, mais si tu ne changes pas quelque chose sur toi ça ne sert à rien. Alors fait quelque chose, coupe toi les cheveux je ne sais pas, fait toi teindre en rose, ce que tu veux. Juste, lâche-toi.
Je ris en même temps qu'elle. Rose ? Non merci.
-Je suis sérieuse.
Je souris puis souffle.
-D'accord, cédais-je.
-Super, après on aura cas aller faire du shopping ?
-Hahaha, c'est moi la mère et toi la fille ? dis-je en riant.
-Oui, ça doit être ça !
-Oh, je vois qu'on s'amuse par ici ? Alors ? Demande la coiffeuse.
-Je vais me faire un carré plongeant et un brushing, dit ma mère.
Je la regarde en souriant.
-Et pour moi ce sera...

Le reste de la journée était super. La meilleure journée depuis... 8 mois.
J'ai vraiment adoré, on a fait les boutiques puis on est allées boire un café au Starbucks. J'ai renouvelé ma garde-robe sous les menaces de ma mère. Elle m'a bien fait rire aujourd'hui, je suis sûre que pour elle la dépression est loin. Pour moi, c'est plus compliqué mais ma mère est le meilleure psy que je n'ai jamais eu. Il y a eu un moment un peu dur dans l'après-midi.
Nous sommes allées au cimetière et on a pris des résolutions devant Elena. J'ai fait une promesse à Elena. Je lui ai promis que je m'habillerai et me maquillerai comme une fille normale de mon âge, que j'essayerais au maximum de me comporter comme telle, une fille de 19 ans. Je dois vivre ma dernière année au Lycée. Je vais être moi, la vrai moi. Pas la salope de l'année dernière mais la vrai Jenny Cowell, celle que j'étais avant de... bref.
Ma mère, elle, a promis de prendre soin d'elle comme avant, de s'investir dans sa vie avec papa.

Il est dix-neuf heures et on est enfin rentrées.
-Bah dis-donc vous en avez mis du temps, dit mon père de la cuisine.
-Oui, on est allées chez le coiffeur, puis l'esthéticienne et on est allées faire les boutiques avant de boire un café et d'aller renouveler les fleurs d'Elena.
Mon père entre doucement dans le salon et nous regarde puis ouvre de grands yeux.
-Mon dieu. Ma petite fille, ma femme chérie. Vous... vous êtes magnifiques.
Il nous prend dans ses bras.
-C'est génial, vous êtes resplendissantes. Chérie tu es sublime, cette coupe te va à merveille et tu as une bien meilleure mine quand tu es maquillée, dit-il en embrassant m mère.
Il se tourne ensuite vers moi et prend mon visage entre ses mains.
-Jenny, mon bébé tu es magnifique ça faisait tellement longtemps que je ne t'avais pas vue comme ça, cette Jenny m'avait manqué.
-Merci papa, dis-je un peu gênée.
-Mais de rien, aller pour fêter ça on va tous au restaurant ce soir. Allez vous préparez !
Je souris puis monte me préparer . Ça change mais j'ai promis à Elena et cette fois je le fait jusqu'au bout. Je prends donc mon téléphone et rejoins mes parents dans la voiture. Pas besoin de me coiffer ni de me maquiller vu que je sors de l'esthéticienne et de chez le coiffeur.
-Jenny, j'ai un cadeau pour toi. Ta mère t'a emmenée faire les boutiques et tout ça bah moi tout à l'heure je suis allé t'acheter ça.
Il me tend un petit paquet soigneusement emballé.
-Merci.
Je l'ouvre et découvre un iPhone 5s couleur champagne. Merde alors, il est magnifique.
-Oh papa, il est sublime, je l'adore ! dis-je en allant lui faire un bisou. Mais tu n'aurais pas dû, c'est trop.
-Mais je t'en prie, c'est rien justement. Ton vieux BlackBerry me faisait de la peine et en plus tu l'as amplement mérité.
-Merci beaucoup.

Petit résumé de ma soirée avec mes parents. On est allées dans un très bon resto où je me suis faite draguée par plusieurs mecs très canons.

Mon week-end était juste PER-FECT. Oula, je parle comme une ado folle ? Mais c'est que je deviens presque normale dîtes-moi !

J'appréhende un peu le retour au Lycée, les regards des autres. Ils vont sûrement se dire « le monstre est revenu » mais je ne suis plus cette fille sans vie. Je veux devenir une ado normale, et au fait ce n'est pas parce que je suis redevenue normale que je suis redevenue une salope, pas du tout. Normale. Avant je m'en foutais des regards des autres mais là je suis revenue sur terre et ça me fait un peu peur. J'ai beaucoup changé et ça fait sûrement beaucoup mais bon. En même temps je suis excitée de voir leur tête quand ils me verront. C'est comme une nouvelle rentrée.
Tiens, en parlant de ça. Mon réveille sonne. Nous sommes Lundi est c'et le grand retour au Lycée.
Je cours en bas pour prendre mon déjeuner avec ma mère. Mon père est déjà allé au travail c'est donc ma mère qui m'emmène.
Je fini de manger puis je vais m'habiller. Alors que mettre... je sais. Une tenue que je me suis achetée hier.
Je me regarde dans le miroir et souris. Je suis belle. Et je suis moi.

Une heure et demie plus tard ma mère et moi on arrive au Lycée. Je l'embrasse puis descends et vais vers le coffre pour sortir mes quatre valises. Je suis chargée, ouais j'ai fait le plein de vêtements.
-Tu ne veux pas que je t'aide ? demande ma mère.
-Non, aller à plus maman.
-Ok. Bisous !
Elle m'envoie un baiser puis s'en va. Je la regarde partir puis souffle. Bon, je vais bien galérer moi.
Après quelques minutes... Bon ok, après une demi-heure où je me suis bien fais chier avec mes quatre valises, d'ailleurs personne n'est venue m'aider, bref. Je suis enfin arrivée dans le bureau du principal.
-Mlle ? dit-il en s'approchant pour m'aider avec mes valises alors que j'ai faillis tomber une bonne dizaine de fois.
-Merci, soufflais-je.
-Uh... je suis désolée mais, je peux vous aider ?
-Oui, je suis désolée d'être en retard, mais j'ai eu un peu de mal avec mes valises, souriais-je.
-Nous avions rendez-vous ?
-Oui, ma mère vous avez appelé pour vous prévenir que je revenais,  dis-je.
-Je ne m'en souviens pas désolé, vous me rappelez votre nom ?
Euh ?
-Comment ça.... Oh !
J'ai compris. Il ne m'a pas reconnu.
-Cowell, dis-je en souriant.
Il me regarde longuement, mes yeux, mes cheveux, mon visage, mais il ne semble pas me reconnaître...
-Jenny Cowell, imaginez moi avec des cheveux noirs, des yeux marrons et un jogging.
Il continu de m'observer puis ouvre les grands yeux.
-Mlle Cowell ! Incroyable. Vous êtes... enfin vos yeux et...
-Oui, je sais. Enfin. Est-ce que je pourrais avoir la clé de ma chambre ?
-Oui, bien sûr.
Il ouvre son tiroir et en sors une clé avec le n°69 inscrit dessus -pas de sous-entendu-. Je la prends en le remerciant et sors du bureau.
-Attendez, uh... dit-il en sortant lui aussi.
Il se fait couper par la sonnerie qui retentit et le bruit des pas de centaines de Lycéens marchant dans les couloirs.
-Mr. Tomlinson, interpelle le directeur.
Louis souffle bruyamment avant de se retourner en montrant expressivement son exaspération.
-Qu'est-ce que j'ai fait encore, souffle Louis.
Je baisse la tête et regarde mes chaussures. Des Jeffrey Campbell.
-Eh bien, la jeune demoiselle ici présente à besoin d'aide pour amener ses valises à sa chambre, dit le directeur en me montrant.
Je sens le lourd regard de Louis posé sur moi, tellement pesant que je n'ose même pas lever les yeux vers lui.
-Mr. Tomlinson ? reprend-t-il.
J'entends Louis souffler avant de sentir sa main sur la mienne.
-Euh... dis-je en regardant sa main.
Il prend la hanse de la valise qui était précédemment dans ma main et avance dans le couloir.
-Allez-y.
Je m'avance donc vers Louis, avec mes deux valises. Je le retrouve 10 mètres plus loin, devant l'ascenseur.
Je sais pas trop quoi dire, Louis me déteste, moi aussi mais bon, ça fait deux mois qu'on ne s'est pas vu donc...
-Hey blondie ? Tu viens ou pas ? demande Louis depuis l'ascenseur.
Je lève la tête vers lui et nos regards se croisent.
On reste immobile pendant quelques secondes jusqu'à ce que je reprenne mes esprits et le rejoigne dans l'ascenseur.
-Uh... donc uh... tu es nouvelle c'est ça ? dit Louis.
Je le regarde dans les yeux en fronçant les sourcils.
-Non, je...
-C'est bon, je ne vais pas te manger parce que t'es nouvelle tu sais, dit-il en me lançant un sourire en coin.
Quel menteur celui-là, il ne changera jamais.
-Dit-moi ton nom au moins.
Je lui lance un regard hautain.
-Jenny, lâchais-je.
Il continu de sourire comme un idiot.
-Jolie prénom, t'es venu faire quoi ici ? T'es mannequin? demande-t-il en regardant avec insistance mes jambes nues découverte par ma tenue courte .
C'est une blague ou quoi ? Il ne m'a pas reconnue ? Waouh, je dois vraiment avoir changé dit donc.

On est arrivés à l'étage.
-Où est ta chambre ? demande-t-il.
-C'est bon, je vais y aller toute seule, merci.
Je prends mes deux autres valises et vais dans ma chambre puis ferme la porte à clé. Je pose mes valises et commence à ranger.
Après tout ça, je passe dans la salle de bain pour me recoiffer. C'est vrai que je ne me serais pas reconnue si j'étais Louis, ou le directeur.
La coiffeuse à fait en sorte que ma couleur naturelle revienne, un blond platine, ensuite elle m'a juste coupée les pointes et m'a fait un dégradé. Sinon pour mes yeux, qui étaient marron il y a deux mois, je vais vous expliquer.
Disons que le fait de voir tous les jours le reflet de mes yeux bleus tellement identiques à ceux de ma sœur dans le miroir était trop dur à supporter. Alors un jour, j'ai décidée de mettre des lentilles marron. Histoire d'atténuer la douleur.
Pour mes cheveux noirs c'est une toute autre histoire, que je vous raconterai peut-être une autre fois.

Bref. J'ai finis de ranger alors je vais aller voir le psy, il m'avait dit d'aller le voir quand je rentrais.

-Je suis désolée, dis-je en ramassant un livre par terre.
-Ouais, tu pourrais faire attention, dit la personne que je viens de percuter avec amertume.
Je me redresse après avoir ramassé le livre et regarde la personne que j'ai malencontreusement heurtée.
-Liam ? lâchais-je surprise de le voir comme il est.
-On se connaît peut-être ? dit-il.
-Je... enfin...
-Bon, bref. Je n'ai pas vraiment le temps donc, salut.
Il reprend son livre qui était dans mes mains et s'en va rapidement.
Ok donc, ni Louis, ni Liam ne m'a reconnu...

-Mlle Cowell. Je suis plutôt surpris.
J'ai passé l'étape « rencontre » et lui ai expliqué que c'était moi en enchaînant avec l'histoire des cheveux et des lentilles, bref.
-Bon, vous m'aviez dit de passer alors, voilà. Je suis là, déclarais-je.


Double-Games |Tome 1|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant