Zénith

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22 mars 2021

Je mets une dernière couche de rouge à lèvre, ajuste mon sac assorti à mon ensemble et fini par enfiler mes talons. Aujourd'hui, Flo et Oli font un zénith à Toulouse et ils m'ont gentiment invité à les rejoindre. Heureusement qu'Anna sera là, je sais pas si j'aurai accepté sinon. J'attache mes cheveux dans une couette et rejoins ma meilleure amie après plusieurs stations de métro parcourues.

En arrivant dans les loges, Olivio me prend dans ses bras et retourne à son échauffement de voix pendant que je pars observer la salle se remplir. Je reste bouche bée de voir autant de monde dans un même endroit. J'ai déjà assisté à des concerts mais jamais depuis les loges.

Je vois les sourires des spectateurs, je sens leur excitation et leur stress de voir leurs artistes préférés performer devant eux. La majorité porte des vêtements de leur marque, pulls, t-shirts, casquettes...

La mélodie de la première chanson retentit et les cris des fans se font de plus en plus fort. La chaleur monte au fur et à mesure du décompte de l'entrée sur scène. Et l'extase explose dés que les premières paroles sont prononcées.

Je les admire tout donner depuis le côté de la scène. Sur scène ils sont déchainés et ne montrent aucun signe de fatigue possible. Je suis impressionnée par leur performance. C'est sous cet angle là que je découvre un nouveau Olivio. Un Olivio passionné et heureux. Je le trouve magnifique et rayonnant. Il ne perd pas son sourire pendant les deux heures de spectacle. C'est la première fois que je le vois aussi heureux.

Le concert prend fin et Olivio me rejoint sur le côté de la scène.

O- Ça va ? Dis le moi si t'as envie de rentrer.

Je passe mes bras autour de son cou et lui fais un câlin en souriant. Geste que je n'avais pas fait depuis si longtemps avec un garçon. Je suis super touchée qu'il se préoccupe de moi et qu'il me demande comment je vais alors que c'est son moment. C'est juste un garçon adorable, je suis si heureux de l'avoir rencontré et de l'avoir en tant qu'ami.

L- Tout va bien.. Merci de demander.

Quelques heures plus tard, les deux frères nous rejoignent dans un bar pas loin du Zénith pour boire un dernier verre ensemble. L'ambiance est au rendez-vous, même après les efforts de dingue qu'ils ont fait ce soir, ils sont toujours là pour profiter des moments entre amis. Et je trouve ça merveilleux. On finit finalement par rentrer chez Olivio. Oui, je dors chez lui ce soir. Mais après une telle soirée, je me vois pas dormir toute seule, à m'apitoyer sur mon sort et à sûrement encore une fois me faire du mal. Comme je fais presque chaque soir en cachette dans ma chambre, comme une adolescente qui se cache de ses parents pour fumer.

Après avoir enfilé un t-shirt et un short beaucoup trop grand, je me glisse sous la couette et je suis vite rejoint par mon hébergeur. Il passe délicatement sa main sur mon bras en me regardant en souriant. Je suis parcourue de décharge électrique sur l'entièreté de mon épiderme. On a pas besoin de se parler pour montrer notre amitié. Juste sa présence me rassure et me montre que je ne suis pas toute seule pour traverser cette épreuve dont il n'est même pas au courant. Je n'ai pas encore eu le courage de lui expliquer mon histoire. Peut être parce que j'ai pas envie qu'il me voit comme une personne qui souffre et qui a juste besoin d'attention pour combler ce vide. J'ai pas envie qu'il pense que je l'utilise comme un pansement et que je me débarrasserai de lui dés que je pourrais.

Il ne me faut pas plus d'une heure pour m'endormir sous ses doigts qui font des allées retour sur mon bras. Cette proximité entre nous me berce et je me laisse glisser dans un sommeil profond. Je n'ai jamais vécu une nuit autant agréable que celle ci. Je ne suis prise par aucune mauvaise pensée et j'arrive à ne pas me réveiller une seule fois suite à un potentiel cauchemar. J'ai l'impression qu'une barrière s'est crée à la seconde où ses bras se sont refermés sur les miens. Comme si quand il était près de moi, plus rien ne pouvait m'arriver. Plus rien ne pouvait m'atteindre. C'est le seul homme depuis Thomas qui me fait ressentir une telle sensation.

23 mars 2021

Voilà deux heures qu'on est réveillés. Aucun ose parler ou bouger. Je suis toujours blottie dans ses bras. Loin de toutes ses idées noires. Il finit par bouger et se lever doucement en pensant que je dors surement encore.

Après une journée à déprimer seule sur le canapé d'Olivio pendant qu'il était en studio, il revient avec un grand et somptueux bouquet de fleurs rouges. Je suis comme illuminée en voyant ce magnifique regroupement de fleur. Est-ce pour moi ou pour une autre fille ? Il ne m'a jamais parlé d'autres filles qui pourraient correspondre à une petite amie.

O- Mademoiselle Cruz ?

L- Monsieur Ordonez ?

O- J'ai le plaisir de vous annoncer que nous avons une réservation au Florida dans une heure.

L- Au restaurant ? Y'aura qui ?

O- Qui a parlé d'autres personnes ? Je t'amène en date ce soir.

Il me tend le bouquet de fleur et je me surprend à rougir. Je n'arrive pas à croire qu'il me propose un premier rencard. Je suis prise d'un coup dans le cœur qui me ramène à la réalité. Je peux pas accepter. Je dois rester fidèle. Je me contente donc seulement de sourire et reposer le bouquet. Je vois à sa tête qu'il s'attendait à une réaction totalement différente. Il ne se doute pas de ce que j'ai envie de lui dire.

L- Hum... On pourrait pas plutôt rester ici ce soir..? Il y a quelque chose dont je voudrais te parler

Il hoche la tête en affichant une mine déçu. Je suis prête à tout lui raconter et lui ouvrir mon cœur ce soir. Il a tellement été présent ces derniers jours, qu'il mérite d'en savoir plus sur moi.


O- Oh...

Il ne dit plus rien. Il a la tête baissée, mais j'entend ses reniflements sur les miens. On est tout les deux entrain de pleurer. Je viens de lui raconter l'histoire de A à Z. J'ai l'impression d'avoir un poids en moins et de me sentir beaucoup plus légère. Comme si une des parties du deuil était de me confier à quelqu'un de confiance et qui n'admet aucun jugement sur ma façon d'accepter une mort. Il reste silencieux mais finit par relever la tête vers moi. C'est là que ses yeux transpercent les miens. Je ressens de la pitié et de la compassion dans son regard. Il ne fait rien à part me serrer dans ses bras. Je préfère qu'il fasse ça plutôt qu'il essaye de trouver les mots pour me réconforter. Son étreinte me réchauffe le cœur et le silence qui plane dans la pièce me berce et m'apaise. J'arrive facilement à sécher mes larmes et à me calmer.

O- Je vais pas chercher à te parler pour te faire sentir mieux, je sais que ça ne va pas marcher. Je veux juste être là pour toi et te faire retrouver le sourire.

Je ne répond rien. Je me contente de sourire en hochant la tête pour montrer que j'entend ce qu'il dit.

La soirée se passe dans le plus grand des calmes. On l'a passé à manger des pizzas devant un film. Je rêvais de ce genre de soirée depuis la mort de Thomas. J'ai comme l'impression de revenir quelques mois en arrière. Bizarrement, ça ne me dérange pas que ce soit avec Olivio. Je trouve qu'il mérite que je lui offre ma confiance.

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