« Bip, bip, bip, bip, bip... »
J'inspire lentement. Le brouillard régnant autour de moi se dissipe progressivement. Il faut que je bouge. J'ouvre les yeux et ce simple geste puise une bonne partie mon énergie.
Il fait sombre autour de moi, mais je distingue deux choses ; la première, le bruit de l'alarme qui m'a réveillée, et la deuxième, un socle en verre juste au-dessus de moi.
Je ne sais pas qui je suis, ni où je suis et qu'est-ce que je fiche là, mais une chose est sûre, je meurs de faim.
Et je suis une fille.
J'essaye de me redresser, mais je n'ai guère de force. L'alarme qui résonne comme une mitraillette dans mon cerveau n'en finit pas, je me demande ce qui se passe pour que ça sonne comme ça.
Il fait terriblement obscure dans cette pièce ; je respire sans difficulté, l'air est tiède dans mon alvéole-lit... alvéole-lit, comment je sais que ça s'appelle comme ça ?
Je tente encore de bouger, mais j'arrive à peine à gigoter. Brusquement, la sonnerie s'éteint. Enfin, ce n'est pas trop tôt. Je ferme les yeux pour essayer de me souvenir où je suis.
Les minutes s'écoulent et rien ne me revient.
Je finis par tourner la tête et j'aperçois des boutons à ma droite.
Quatre boutons bien alignés m'apparaissent mais, il fait trop sombre pour que je les distingue.
Mes mains me semblent lourdes, peut-être que je n'en ai plus qui sait...
En pensant ça, j'ai une brusque vision comme quoi j'essayai de retenir quelque chose de râpeux et douloureux et qu'un liquide poisseux me tombait sur la figure, le tout dans un espace petit et glacé.
Cela ne dura pas même un instant mais un détail me sauta aux yeux :
Il y avait de la neige autour de moi.
Alors, ça c'était passé durant l'hiver...
Tip tip, tip, tip...
Un bruit à l'extérieur de la cellule m'interpelle. Ça ressemble à un cri de cigale, sauf que chaque fréquence ne dure qu'une demie seconde.
Ce bruit me procure une sensation de malaise et me donne la chair de poule.
« Blan !!! » Fait quelque chose dehors
Je me raidis ; la peur m'envahis, mais je ne peux pas bouger et je ne préfère pas hurler (pour peu que j'y arrive...)
« Blan !! » ça recommence de même que les fréquences augmentent.
Mon cœur bat à toute vitesse, mais je reste impuissante face à la menace.
Blan, blan !
Le truc continue son manège mais la pièce tient bon.
Au bruit s'ajoutent des grognements insupportables.
Brusquement, tout retombe dans le silence.
Durant tout le vacarme, je ne respirais plus. Prenant une grande bouffée d'oxygène à l'odeur sucrée, je tente un mouvement, mais je suis tellement engourdie que c'est à peine si j'arrive à m'agiter comme une bestiole coincée dans son cocon.
Je serre les dents, et recommence à bouger pour me dégourdir, ce qui prend une quarantaine de minutes.
Hélas, quand j'arrive enfin à bouger ma main droite (apparemment elle est encore là) je suis à bout de force.
À croire que ça fait des mois que je suis là.
Je ferme les yeux pour tenter de dormir, mais un autre flash me revient.
Cette fois, c'est plus clair, mais c'est comme si le son avait été coupé dans ma tête.
J'envoie ce qui ressemble à un plateau rouge dans une direction en tenant de l'autre main un verre d'eau encore plein.
Mon projectile atterrit sur la figure de quelqu'un qui hélas est trop loin et trop flou pour que je puisse l'identifier.
La seule chose que j'ai eu le temps de remarquer, c'est son vêtement (plutôt une sorte de combinaison) grise et violette.
Cet habit, quoique moche et tapageur, m'est très familier.
Une heure s'écoule dans le silence.
Soudain, un rugissement aigu me fait sursauter ; cette fois, mon cœur résonne dans mes tempes tandis qu'un autre cri, cette fois plus grave, répond au premier ; des bruits partent dans tous les sens, mais c'est le premier cri qui remporte, le deuxième se tait tragiquement après un craquement sinistre.
Les fréquences reprennent, mais cette fois sont plus nombreuses et pleines de satisfaction.
Je me tourne à gauche légèrement pour mieux entendre, mais on dirait que le frottement produit a été perçu, car les bruits contre le mur qui nous séparent recommencent et durent bien plus longtemps.
Blan! Blan!
Finalement, la chose abandonne à mon plus grand soulagement.
Il faut vraiment que je comprenne ce qui se passe et que j'arrive à utiliser mes membres.
De plus, la faim se fait de plus en plus sentir.
Je ferme les yeux et tente encore de dormir.
J'ignore combien de temps s'est écoulée, mais un crachotement retentit, m'arrachant brutalement au sommeil, et une voix curieusement paniquée et grave débite un flot de paroles, les premières que j'entends depuis un long moment :
– Pionniers, l'embasement de notre Forteresse a été violé et le carnage va se poursuivre si l'on préfère se cacher comme des poules abandonner sous un déluge au lieu de combattre ! Il ne faut pas baisser les bras parce que l'ennemie redouble ! Il faut les empêcher de tout envahir ! Il faut se battre et protéger ceux qui en ont besoin ! Nos moyens de transport, nos réserves ont certes fini entre les pattes de nos ennemis, mais tout n'est pas perdu ! L'hôpital commence à être envahi, il faut le défendre coûte que coûte jusqu'à ce que les troupes arrivent ! Là-bas vous y trouverez toutes les provisions que nous auront besoin, une fois équipée, rejoignez-moi à l'Antenne ! Nous comptons sur vous !
Aussi brutalement qu'elle était venue me déranger, la voix se tut dans un bruit désagréable.
Ce genre de discours m'ennuie terriblement, mais je n'arrive pas à me rendormir.
VOUS LISEZ
Quarante huit heures pour survivre
Ficțiune științifico-fantasticăLes hurlements houleux du vent empêchent les humains de capter le terrible danger qui s'approche à grands pas vers eux. L'ennemie est dans son élément, son flair lui promet le plus grand festin de sa vie. Pourtant, il ne se presse pas, il sait que l...