DEMONS SQUAD

12 - INFILTRÉ

Ghost

Les mots de Masha résonnent encore à mes oreilles depuis une semaine. Semaine qui m'a permis de mettre au point sa venue chez moi pour commencer à peindre. Natacha m'a dit avoir fait des pieds et des mains avant de réussir à avoir gain de cause et la convaincre de remplir sa part du contrat. Mais ce n'est pas ce à quoi je dois penser aujourd'hui et je chasse cette idée de ma tête.

En route pour la maison isolée où notre otage est retenu depuis plusieurs jours, il est temps de passer à la vitesse supérieure. Aucun de mes hommes n'a réussi à lui tirer les vers du nez, jusqu'à ce qu'il annonce vouloir parler qu'au responsable de son enlèvement. Je fais donc une entorse à la protection de Masha, laissée au bon soin de sa coloc et Sergueï, et replonge dans notre vengeance.

Le captif est un dealer qui se fait appeler Coc, qui vend sa came auprès du Bad Devils et qui va permettre de me rattraper auprès de Youri. Notre boss n'a toujours pas digéré mon écart sanglant au club, mais je tiens ici ma rédemption. Je gare ma moto à proximité et entre sans crainte.

Déshabillé, attaché et bâillonné à même le sol, il s'est fait interrogé à tour de rôle par le clan, mais ce toxico n'a rien balancé. Baignant dans sa pisse et sa merde, assoiffé et affamé, abreuvé de menaces envers sa famille et ses amis, il a religieusement gardé le silence. Le coxage, l'épreuve qu'il a subi, est divisée en trois étapes différentes et dure en général une nuit.

Mais nous avons fait durer le plaisir.

La première phase est la capture, durant laquelle nous veillons à ce qu'il soit totalement désorienté sur le trajet, à grand renfort de musique métal et de détours sur la route. La deuxième est l'interrogatoire, qui nous permet de trouver le point faible de notre ennemi, sur lequel on vocifère près de sa tête couverte d'une cagoule. La troisième est normalement celle où l'on baisse notre garde pour lui laisser l'occasion de s'échapper.

Mais pas avec les Demons Squad.

Nous ne sommes pas dans l'armée et n'obéissons donc aucunement à cette dernière règle. La troisième étape est pour nous signe de réjouissance : la mutilation, la torture, puis la mort.

J'arrive d'ailleurs pour le bouquet final.

L'un des gars me procure un foulard avec pour motif la mâchoire de squelette, sur lequel je tamponne quelques gouttes d'huile essentielle avant de le nouer autour de mon visage. Je me fonds à présent dans la masse et récupère deux armes légères avant d'entrer dans la pièce où il est enfermé. Sa geôle est seulement éclairée par la lueur d'une bougie, dont l'odeur fétide est camouflée par l'odeur d'eucalyptus que j'inspire.

En m'apercevant, il se redresse légèrement pour me regarder dans les yeux, le visage luisant de sueur malgré la fraîcheur du lieu.

- Il paraît que tu veux me voir ?

Ses yeux se posent sur le poing américain que j'ai en main et qu'il me tarde déjà de fracasser sur son crâne pour obtenir des aveux.

- Tu t'en serviras pas. Les informations que j'ai sont beaucoup trop précieuses pour vous.

- Tu prends le pari ?

Il ricane avant d'être secoué par des tremblements, signe du manque évident de drogue contre lequel il perd le contrôle. Sa voix est rocailleuse à cause de la privation d'eau et de nourriture qu'il a subi, mais il me tient tout de même tête. Je pensais retrouver une loque, faible et vulnérable, mais ma venue lui donne un regain d'énergie qui lui donne des ailes.

- Sympa le masque.

- C'est pour donner un côté funeste à ta mort, tu devrais songer à tes dernières volontés, je rétorque froidement.