13 - FRITES

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Masha

Seule dans notre appartement, je tourne en rond en attendant l'heure de mon service au club. Mes tableaux invendus sont tous emballés pour être transportés à la galerie et ma dernière commande, prête à être livrée à son possesseur. Tout mon matériel pour chez Ghost aussi et je n'attends que son feu vert pour envahir son espace. Il n'a pas encore expliqué à Natacha la peinture qu'il souhaite, mais une chose est sûre, j'ai prévu de travailler vite et bien.

Hors de question que je m'éternise chez lui. Sous ses airs de tueur sans pitié, Ghost joue avec moi à un jeu du chat et de la souris qui n'est pas pour me déplaire. Pourtant, ça fait des années que je ne me suis pas laissé approcher par un homme et cette sensation m'avait manqué. Mais ce n'est certainement pas avec lui que je vais lâcher prise, et ce, même si mon corps me fait ressentir tout le contraire.

Plutôt mourir que de succomber la première !

Natacha et Sergueï se sont absentés récupérer notre commande, me laissant seule à me torturer l'esprit depuis de longues minutes. Même si je les soupçonne de traîner en chemin pour profiter l'un de l'autre.
Mon estomac commence à crier famine et le frigo vide n'arrange pas la situation. Il va vraiment falloir songer à arrêter les livraisons et faire des courses.

Pour tuer mon appétit, je bois un grand verre d'eau et m'installe sur le canapé, avant de me mettre à zapper aléatoirement. La chaîne d'informations parle de disparitions suspectes, mais les journalistes mettent ça sur le compte d'une guerre de territoire entre clans. La police est impuissante face à ce réseau qui a pris de l'ampleur et dépasse même les frontières de notre pays.

Dans quel monde on vit, sérieusement ?

Je change de chaîne au moment où les clés dans la serrure se font entendre. Je bondis sur mes pieds et en viens presque à arracher le paquet que Natacha a entre ses mains quand elle pénètre dans notre salon.

- C'est pas trop tôt, tous les deux ! Je suis morte de faim !

Ils se lancent un coup d'œil complice qui ne m'échappe pas et je me promets de faire la lumière sur leur relation. Je dépose mon paquetage et commence à déballer les plats sur notre table de bar, accompagné de Sergueï qui fait de même.

- Des crevettes pimentées, des nems au poulet, du riz cantonnais...

J'énumère nos plats afin d'être sûre qu'il ne manque rien, avant de tomber sur un sac totalement imprévu.

- Un hamburger ? Des frites ? On n'a pas commandé ça.

- C'est à moi.

Je me fige au son de sa voix, dans laquelle transparaît une certaine satisfaction à me faire chier. Je me tourne vers l'entrée et le remarque enfin, resté en retrait sans prendre la peine de signaler sa présence. Ce que je ne manque pas de lui faire remarquer.

- On toque avant d'entrer.

- La porte était ouverte.

- Tu n'as pas été invité.

- Je me suis incrusté.

Je lance un regard noir à Natacha qui continue à dresser le couvert, aidé de Sergueï qui s'occupe des verres et des boissons. Ils ne comptent pas m'aider à le foutre dehors ?

- Assieds-toi. Ça va refroidir, l'enjoint ma colocataire pour enfoncer le clou.

De mieux en mieux.

Il s'installe à mes côtés et me sourit, triomphant, tout en retirant sa veste. Son parfum masculin aux notes boisées envahit mes narines quand il se retourne pour la suspendre à son dossier, annihilant toute autre odeur présente sur la table. Et le spectacle de ses biceps qui se contractent dans son mouvement, manquent quant à eux de me provoquer une fracture de la rétine. Ghost va se laver les mains dans l'évier de la cuisine ouverte avant de revenir à sa place, m'enivrant une nouvelle fois d'une part de lui.

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