8- CONTRE-TEMPS

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Ghost

Masha disparaît aussi vite qu'elle est apparue à mes côtés, me laissant avec une trique qui me cloue sur place. Impossible de me lever pour la corriger comme elle le mérite, je focalise mon attention sur la scène et tente de penser à autre chose. J'essaie de comprendre ce qui vient de se passer, sauf que mes pensées dérivent sur une scène où ce n'est pas son propre doigt qui pénètre la barrière de ses lèvres. Je n'ai pas l'occasion d'approfondir cette idée, quand mon voisin de table s'assoit à la place libre qu'elle a laissée.

- Je la baiserais bien celle-là. Elle a du caractère comme je les aime.

Il s'esclaffe tout seul et continue ses blagues salaces, creusant un peu plus profondément sa tombe. Je grogne de mécontentement, espérant le faire déguerpir, mais il continue sur sa lancée :

- Elle est avec toi ? Y a moyen de s'arranger ?

Personne n'ose s'adresser à moi de cette façon, mais il semblerait que l'alcool en déshinibe certains et les fassent oser sans crainte.

- Y a moyen de me libérer une salle privée pour...

Il n'a pas le temps de terminer sa phrase que le canon de mon flingue repose entre ses deux yeux.

- Regarde là et je te bute. Touches là et je te bute. Pense à elle et je te bute. YA byl yasen? (Ai-je été clair ?)

Il rit à nouveau et me tape l'épaule, en un geste amical, qui finit par me sortir de mes gongs.

- Ça va, mec. Tu peux bien me la prêt...

Je range mon arme et lui tranche la gorge d'un coup vif, avant d'essuyer mon couteau tour de cou sur son pantalon, puis le remet dans son étui. Les clients présents dans le club reste de marbre, habitués à mes écarts de conduite sanglants. Il suffoque à la recherche d'air, sa main autour de sa gorge et son dernier souffle n'est plus qu'un râle quand son corps s'affale à moitié au sol, à moitié sur le siège.

Deux gardes du corps s'empressent d'intervenir pour le récupérer afin de le faire disparaître. Une balle dans la tête m'aurait satisfait, mais Masha ne doit pas m'échapper tant que je ne l'ai pas percer à jour.

Et le bruit d'un tir n'est pas la meilleure des idées.

- Nettoyez-moi ça.

Je quitte ma place et contourne le bar pour me remplir un verre. Interdiction ou pas, j'ai besoin d'alcool. Mon regard se pose sur la porte d'où j'espère la voir réapparaître, mais il semblerait que je l'ai poussée à bout. Un sourire satisfait éclaire mon visage, tandis que je parcours le club du regard et tombe sur celui de Youri. Il m'indique d'un simple signe de tête nos bureaux à l'étage et je sens déjà venir la réprimande. Est-ce qu'il m'a vu provoquer Masha ? Si c'est le cas, je suis dans la merde.

Je descends mon whisky et le suis sans un mot, jetant un dernier coup d'œil vers la sortie toujours vide. Avant de disparaître dans l'escalier, j'envoie un de mes hommes en éclaireur, afin de ne pas la laisser sans surveillance, ni protection. Une fois que je referme celle du bureau de Youri, son regard de glace ne m'indique rien qui vaille. Avant qu'il n'attaque le premier, j'entame la conversation :

- Vu ton humeur, les affaires ne se sont pas bien passées. Je te sers un verre ?

Il pince l'arête de son nez et me fais oui de la tête. Une fois que le liquide ambré a délecter ses papilles, il se détend légèrement et me fait un point sur la situation :

- On va avoir du retard sur la livraison des armes.

- Il nous les fallait pour ce week-end, il fout quoi ce con d'Ugo !?

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