Chapitre 1

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D'un geste précautionneux, je tapote le fond de teint sur mon bras à l'aide du beauty blender. Il faut à tout prix que je couvre ces marques ou Tony va encore m'en mettre plein la tête.

— C'est à toi dans cinq minutes, ma belle, m'avertit Cassandra en pénétrant dans la loge.

J'accélère mon geste pour que la matière s'étale plus vite.

— Putain, juré-je.

— Fais voir.

La jolie blonde rapproche l'un des sièges et s'assoit en me prenant l'éponge des doigts. Je la regarde masquer mes bleus en quelques secondes. Son geste est précis, faut dire qu'elle s'y connaît en maquillage. Je me débrouille aussi mais je suis loin d'être une professionnelle.

— T'as choisi ta musique ?

J'acquiesce.

Escapism de RAYE.

— Ouh, sourit-elle. Tu vas être sublime, comme toujours.

Je souris.

— Merci.

— ZARYA !

Je lève les yeux au ciel tandis qu'un soupir quitte mes lèvres. Cassandra met un peu de poudre sur mon bras pour faire tenir le fond de teint puis me souhaite bonne chance. Je la remercie et me lève en vérifiant que ma robe est bien ajustée et que mes faux cils sont solidement collés.

— Zarya ! Qu'est-ce que tu fous ?!

Spencer débarque, la sueur au front, mais se détend rapidement lorsque ses yeux se posent sur moi.

— J'arrive, lui dis-je.

Il m'adresse un sourire et pose sa main sur mon épaule.

— T'es très belle.

— Merci.

Je cale mes mains sur mes hanches et relève le menton. Mes cheveux bruns - que j'ai bouclé pour l'occasion - tombent en cascade sur mes épaules.

— Vas faire ton show, tout le monde t'attend.

Un rictus se dessine au coin de mes lèvres tandis que je le dépasse.

Je gravis les marches puis longe le couloir qui mène à la scène. La musique fait vibrer les murs, je la ressens dans chacun de mes membres. La chaleur de la salle s'infiltre dans le petit espace, j'entends les gens s'amuser, crier, rire aux éclats. Le sang pulse dans mes veines, mon cœur bat contre mes tempes.

Soudain, la musique se stoppe. Les spots au-dessus de la scène s'éteignent. J'inspire profondément alors que certains commencent à se plaindre.

Je marche jusqu'au centre de la scène, saisis fermement la barre en métal et me place. Deux jets de lumières rose s'allument et éclairent ma silhouette. Le DJ lance ma chanson et mon corps s'imprègne aussitôt des premières notes.

Mes mouvements s'enchaînent au rythme de la musique, je ne pense qu'aux émotions qu'elle me fait ressentir. C'est moi, la mélodie et les paroles. Rien d'autre.

Je bouge sensuellement en tournant autour de la barre, j'écoute et mon corps raconte l'histoire, même si tous ceux qui me dévorent des yeux ne comprennent rien à ce que j'essaie de transmettre à travers ma chorégraphie. Ils ne sont là que pour mes jolies jambes, mes courbes, et s'imaginent un tas de scénario à gerber qui ne se produiront jamais.

Quelle tristesse. Si seulement ils pouvaient voir le plus important : la passion que j'ai en dansant.

Le tissu de ma robe colle contre ma peau, ma respiration s'enlise, je ferme les yeux, aveuglée par les spots braqués sur moi. J'effectue mon dernier mouvement alors que l'ultime note résonne et me cambre contre la barre, face à la foule, le souffle court.

Black AngelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant