Chapitre 19

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— Ma coloc' préférée est enfin de retour ! s'exclame joyeusement Jackson, le cou étiré dans notre direction.

Je retire mes baskets à la hâte et m'élance vers le canapé squatté par les quatre garçons. J'enjambe Wade et Carson puis me jette sur Jackson, heureuse de le retrouver. Il enroule ses bras autour de ma taille et me serre contre lui.

— Ça va ? me demande-t-il.

J'acquiesce. Je vais mieux maintenant que nous sommes de retour. Cette escapade à Cuba m'a permise de me rendre compte que l'absence de ces mecs laisse un vide monumentale dans ma poitrine.

Quand est-ce que j'ai commencé à m'attacher à eux ? Comment est-ce que j'ai pu m'attacher à eux ? Ça paraît inconcevable, dingue. Ils m'ont kidnappée, je devrais leur en vouloir, les haïr. Pourtant, je ne ressens rien de tout ça. Au contraire. Parce qu'ils me considèrent.

— Et nous, on pue ? me lance Wade, l'air offensé.

Je secoue la tête, un sourire amusé flottant au coin de mes lèvres et le salue, ainsi qu'Ezra et Carson, d'une accolade amicale. Sevan s'affale dans l'unique fauteuil, le visage fermé. Je l'ai ignoré toute la journée. Pas un mot, pas un regard. J'ai vécu comme s'il n'existait pas. Et je compte bien poursuivre la punition.

— J'ai préparé des hamburgers maisons avec des frites, dit Carson.

J'en salive déjà. Sevan ne réagit pas, ses iris aux éclats de noisettes fixent un point invisible sur la table basse.

— Et j'ai sorti l'apéro ! ajoute Wade.

Jackson a son bras calé sur le dossier et joue avec une mèche de mes cheveux. Son parfum aux notes d'agrumes s'infiltre dans mes narines, dissipant le stress accumulé lors de notre dernière journée à La Havane. Il m'a manqué. Sa bonne humeur, ses délires étranges que je ne saisis pas toujours. Ça ne fait qu''un mois et demi que nous nous connaissons – enfin, « que », tout dépend du point de vu - et je ne m'imagine déjà plus sans lui. C'est une sorte de coup de foudre amical. Il m'écoute, me console, me distrait.

Tout le monde devrait avoir un Jackson dans sa vie.

Ezra ramène des verres et Wade les remplit. Whisky pour Sevan et Carson, vodka pour Jackson, et bière pour le duo indissociable : Ezra et Wade. Je ne tiens pas à boire de l'alcool, je ne supporte pas. À la place, je prends de la limonade.

— Cole ne vient pas ? les interrogé-je, ayant noté son absence.

— Non, il est avec sa copine, répond Wade.

J'acquiesce sans émettre de commentaire.

— Elle a l'air un peu nunuche, non ? fait remarquer Ezra.

Jackson pouffe.

— C'est sûr qu'elle a pas inventé l'eau chaude.

— Arrêtez de dire du mal des autres quand ils sont pas là, les réprimande Carson.

— C'est juste un constat, rit Wade.

— Même. Ça se fait pas.

Ça me tue de l'admettre mais il a raison. C'est mesquin.

Tiffany est le cliché de la blonde populaire du lycée dans les séries pour ados. Elle ne se regarde que le nombril, méprisant les sentiments des autres. Son unique préoccupation est la manière dont elle va pouvoir dépenser son argent de poche dans du maquillage, des vêtements ou des accessoires qui valent une fortune sans réaliser que ses parents triment cinq jours sur sept pour payer leurs factures.

Je n'ai jamais eu de soucis avec elle. On ne s'est jamais côtoyées, seulement de loin, jusqu'au jour où Cole s'est comporté comme le plus gros des connards. Ce n'était pas de sa faute à elle, mais c'est plus fort que moi : je lui en veux. Autant qu'à lui. C'est stupide, j'en suis consciente, mais c'est ainsi.

Black AngelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant