Chapitre 6

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Je prépare mon goûter sans un mot pendant que Sevan bosse sur son ordinateur, installé à table. Nous ne nous sommes pas adressés la parole de la journée. Que pourrait-on se dire de toute façon ?

J'ai dormi jusqu'à onze heures, Wade est parti quand je me suis levée. J'ai déjeuné puis je suis montée prendre une douche. Ne voulant pas me retrouver seule avec Sevan, j'ai fait exprès de traîner. Mais maintenant je n'ai plus le choix. J'ai faim et je m'ennuie là-haut. Je réfléchis trop, plongée dans le silence.

Je pose mon bol de céréales et mon verre de jus de pomme sur la table basse puis saisis la télécommande. Je vérifie que le grincheux est toujours occupé puis j'allume la télé.

— Je peux savoir ce que tu fais ?

Je soupire en levant les yeux au ciel discrètement.

— Je regarde la télé, ça se voit, dis-je en mettant une télé-réalité sur une famille nombreuse.

— Tu me déranges.

— Alors va dans ta chambre parce que moi j'ai besoin de me changer les idées.

— Depuis quand tu me parles sur ce ton ? réplique-t-il.

Il ferme l'écran de son PC puis range les documents sur lesquels il travaille depuis des heures dans une pochette plastique.

— Depuis que je sais que tu dois me protéger et non me tuer.

Mon ton n'est pas agressif ou provocateur, simplement, je ne me laisse pas impressionnée comme les premiers jours.

Il rapplique et s'affale à côté de moi. Je détourne le regard sur la télévision.

— Ça m'empêchera pas de t'enfermer à la cave.

— J'irai le dire à Monsieur Rivera. D'ailleurs, il est au courant que tu m'as enchaînée là-dessous pendant trois jours ?

— Pleurnicheuse.

— Râleur.

Il attrape la télécommande posée près de ma cuisse et change de chaîne. Je fais volte-face.

— Mais ! Je regarde !

— C'est nul.

Je regarde le programme qu'il a choisi : une émission sur les tatouages. Je le fusille du regard en essayant de récupérer la télécommande. D'un geste vif, il la cache dans son dos. Je serre les dents face à son sourire fier. Quel gamin, sérieux.

— Rends la moi et retourne à tes papiers, m'agacé-je.

— Non, je peux pas me concentrer alors autant que je regarde aussi.

Je le fixe, à deux doigts de sortir de mes gongs. Il m'énerve. Il m'énerve tellement. Tel que je le vois, c'est son but : me faire chier. Je tends ma main dans sa direction.

— Donne la moi.

— Viens la chercher.

Ses iris noisettes remplis de défi me provoquent ouvertement. Je mords l'intérieur de ma joue en tentant de résister à tout prix.

Quand je pense que je vais devoir cohabiter avec lui pendant je-ne-sais-combien-de-temps. Il m'exaspère autant qu'il me terrifie. À chaque fois que je pose les yeux sur lui, je le revois en train de tuer cet homme de sang froid. Ça me donne des frissons.

Je finis par souffler longuement, prends mon bol et commence à manger en silence.

— T'abandonnes déjà ?

— Arrête de me chercher.

Il émet un rire espiègle en repliant ses jambes sur le canapé.

— Comment vous comptez retrouver l'argent ? demandé-je après plusieurs minutes.

Black AngelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant