Chapitre 14

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Hernando Rivera a mis à disposition son jet privé afin que nous effectuions le déplacement dans la plus grande discrétion. Nous devons repartir samedi au plus tard, ces trois jours s'annoncent intenses.

Dès que nous sortons du hall de l'aéroport quasi désertique, valises en mains, Sevan se grille une cigarette. Je rabats ma capuche sur ma tête pour me protéger du soleil. Mes iris clairs sont trop sensibles, je ne supporte pas les rayons lumineux et cuisants.

— T'as pas de lunettes de soleil ? me lance-t-il en recrachant la fumée de ses poumons.

— Si, chez moi, rétorqué-je amèrement.

Il lève les yeux au ciel puis fouille dans la poche arrière de son jean.

— Tiens.

Il me tend vingt dollars.

— Va en prendre une paire dans la boutique souvenir, tu me ramèneras un café en même temps.

« S'il te plaît », c'est en option.

Je prends les billets en ronchonnant puis me dirige vers la boutique souvenir qui se situe à l'intérieur du hall, juste à côté des portes automatiques.

— Je te regarde alors fais pas de connerie.

— Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Je connais rien ici, répliqué-je.

— On sait jamais ce qui peut se passer dans ta petite tête d'écervelée.

Je serre les poings, stoppe mes pas, et me tourne vers lui.

— Ferme la !

Un sourire espiègle se dessine au coin de ses lèvres alors qu'il aspire une taffe en me scrutant d'un regard perçant.

Il m'énerve. Bordel, il m'énerve tellement ! J'ai envie de l'étrangler !

Du calme, Zarya. Il attend que ça, que tu sortes de tes gonds. Tu ne vas pas lui faire ce plaisir.

Je souffle un bon coup et reprends mon chemin vers la boutique. J'ai de la chance car ils acceptent les dollars, en revanche, la vendeuse me rappelle que nous devons penser à échanger notre argent contre des pesos cubains. Je le dirais à Sevan tout à l'heure.

J'essaie trois paires de lunettes sur le même modèle, seule la couleur des verres diffère. Finalement, j'opte pour ceux qui sont dans les teintes vertes. Bien sûr, je n'oublie pas le café de monsieur.

Ce dernier écrase sa clope dans le cendrier et se redresse lorsqu'il m'aperçoit revenir.

— Tu ressembles à une camée avec ta tête de dix kilomètres de long, ne peut-il s'empêcher de me piquer.

Je lui rends la monnaie avec un sourire exagéré.

— Je ressemble, mais je n'en suis pas une, contrairement à d'autres.

— Est-ce que j'ai déjà pris de la drogue devant toi ?

Il saisit la poignée de sa valise puis fait signe à un taxi de s'arrêter.

— Tu fumes des joints dans ta chambre, l'odeur vient jusque dans la mienne.

Il ne répond pas.

Et toc, dans ta face.

Le chauffeur de taxi descend de son véhicule, nous débarrasse de nos valises et les charge dans le coffre.

— La Villa Teresa, lui indique Sevan en lui donnant un billet de cinquante dollars.

Les yeux du chauffeur s'élargissent, ça doit sûrement faire une belle somme en pesos cubains.

Sí, senior.

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