Chapitre 5

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Tendue, je regarde le paysage urbain défiler. Sevan conduit tout en fumant sa cigarette. Je n'ose pas lui dire que je déteste l'odeur et qu'il est en train de m'asphyxier. Sa vitre est pourtant grande ouverte mais ça ne suffit pas, j'entrebâille la mienne et tends mon nez vers l'air frais qui s'engouffre dans l'habitacle.

— T'as trouvé ce que tu voulais cet après-midi ?

Je tourne la tête vers le brun qui fixe la route sans la moindre expression. Sa voix est calme. Il a l'air calme.

— Oui, dis-je doucement.

Il acquiesce en tirant une dernière taffe puis balance le mégot par la fenêtre.

— Cole m'a dit que vous vous connaissiez déjà. C'est vrai ?

— Oui, on était dans la même école.

Nouveau hochement de tête. Je détourne mon regard sur la route qui devient de plus en plus large et de plus en plus belle. Nous traversons le centre-ville bondé de véhicules et de piétons. Les buildings se perdent dans le ciel étoilé. Je suis subjuguée par ces constructions d'un standing exceptionnel. C'est difficile de croire que la déchéance prône à quelques kilomètres.

Sevan emprunte la sortie qui mène à l'un des quartiers résidentiels les plus luxueux de l'agglomération. J'admire les superbes villas de chaque côté de la rue, les palmiers dans les jardins verdoyants, les voitures hors de prix garées dans certaines allées. Je n'ai jamais côtoyé autant de richesse d'un coup et de si près, c'est impressionnant.

— Ça devrait pas durer longtemps.

— Je vais repartir avec toi ? l'interrogé-je d'une voix hésitante.

— Oui. Je te l'ai dit, on va devoir cohabiter pendant un moment.

— Je comprends rien...

— Tu vas vite être éclairée.

Nous approchons d'une villa gigantesque encadrée par un mur de plusieurs mètres de haut, entourée de verdure, et sécurisée par des caméras de surveillance. Sevan s'arrête devant l'immense grille en fer forgé et appuie sur le bouton vert de l'interphone.

— Oui ? répond une voix masculine.

— C'est Sevan Wheeler, j'ai rendez-vous avec Monsieur Rivera.

Il y a un instant de silence puis l'homme confirme :

— En effet, je vous ouvre.

Aussitôt, une ampoule orange clignote au sommet du portail et les grilles s'écartent. Sevan roule lentement, contourne la magnifique fontaine surplombée d'une statue représentant un ange qui trône au milieu de l'allée, et se gare juste devant l'escalier qui mène à la grande porte d'entrée en bois noble.

Il descend de la voiture et claque la portière. Je l'imite avec la sensation d'avoir les jambes en coton. Mes poumons semblent se replier sur eux-mêmes à chaque pas, mon cœur est à l'étroit dans ma cage thoracique.

Une femme d'une trentaine d'années nous ouvre avant même que l'on sonne.

— Monsieur Rivera vous attend dans son bureau au premier étage. Voulez-vous que je...

— Ça ira, l'interrompt froidement Sevan. Je connais le chemin.

— Bien.

Je note que son chignon a été fait à la va-vite et que son chemisier froissé est mal reboutonné. Je pince mes lèvres en détournant le regard sur le carrelage en terre cuite. Sympa le boulot de bonne.

L'intérieur de la villa est à la fois chaleureux et épuré. Les lumières suspendues au plafond donnent une ambiance tamisée et les plantes disposées un peu partout apportent cette touche tropicale.

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