Chapitre 8

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La demeure des Wheeler est aussi éblouissante que celle d'Hernando Rivera. Située à l'écart de la ville, dans un endroit trop isolé à mon goût, où la végétation et les cours d'eau primes, et éclairée de mille feu, elle se dresse dans toute sa splendeur. Je n'imagine même pas la valeur d'un tel domaine. Comme chez Rivera, nous passons un contrôle de sécurité avant d'entrer dans la propriété.

A l'unisson, Sevan et moi inspirons profondément tandis qu'il actionne le frein à main. Je ressens sa nervosité depuis que nous avons quitté le hangar, ce qui n'est pas pour me rassurer.

— On récapitule, dit-il.

— Je m'appelle Chelsea Perkins, j'ai vingt-deux ans et ça fait deux mois qu'on est ensemble. Je parle à personne de notre situation, surtout pas à ton père, récité-je telle une poésie.

— Parfait. C'est parti.

J'ôte ma veste puis nous descendons de la voiture. Les garçons nous attendent derrière la voiture de Jackson en discutant. Ils ont revêtis de belles tenues, davantage raffinées : des jeans bleus ou noirs accompagnés d'une chemise sombre, ainsi que des chaussures de ville. Jackson et Ezra ont même fait l'effort de coiffer leur chevelure dont ils ne se préoccupent guère habituellement.

— Quel beau couple, nous taquine Jackson.

— T'en rates vraiment pas une, hein, grogne Sevan en le fusillant du regard.

— Jamais.

Les autres se marrent. Je surprends alors Cole me scruter des pieds à la tête. Le moindre de ses faits et gestes, même les plus insignifiants, font remonter des souvenirs indésirables. Je baisse les yeux, tentant de faire abstraction de sa présence.

Depuis le jour où j'ai ouvert les yeux, je ne me suis plus jamais retrouvée seule avec lui. J'ignore la raison mais je remercie intérieurement Sevan pour cette décision - car je suppose que c'est lui qui l'a prise. Si je devais me retrouver en tête à tête avec Cole plus de cinq minutes, ce serait de la torture psychologique et émotionnelle. Et encore, cinq minutes, c'est déjà trop.

— Donne moi ta main, m'ordonne Sevan.

— Pourquoi ?

Il lève les yeux au ciel.

— Parce qu'on est censés être ensemble.

Agacé, il saisit ma main et entremêle nos doigts. Mon cœur s'emballe à nouveau alors que j'observe ma main fine enveloppée par la sienne, chaude.

Notre petit groupe avance en direction de la villa. Nous empruntons un chemin dallé qui la contourne et mène au jardin à l'arrière.

Mes yeux s'élargissent lorsque je découvre le décor idyllique. Des palmiers géants se dressent un peu partout entre les jardinières de fleurs et les haies parfaitement taillées. La terrasse qui s'étend tout autour de la piscine creusée ainsi que du jacuzzi accueille les invités. Des serveurs et des serveuses en uniforme circulent dans la foule en proposant des boissons ou des amuses-gueules. En constatant la multitude de lumières disposées un peu partout, je me demande s'ils payent l'électricité. Je ne me sens pas à l'aise dans cet environnement étranger.

— Sevan, mon chéri ! Je me demandais quand est-ce que tu arriverais ! s'exclame une femme d'une cinquantaine d'années, très élégamment habillée.

— Ma mère, me siffle Sevan à l'oreille.

Il affiche un sourire et lâche ma main pour prendre sa maman dans ses bras. Elle l'embrasse, marquant sa joue d'une trace de rouge à lèvre. Je distingue les ricanements de Wade et Ezra dans mon dos.

— Tu m'as tellement manqué. Je ne te vois plus ces derniers temps.

Elle possède un accent similaire à celui de Rivera.

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