Chapitre 25

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Jackson et moi regardons la télé pour tenter de nous changer les idées et d'accélérer le temps. Les minutes semblent s'être reconverties en heures, c'est suffoquant. Jackson agite sa jambe tandis que je mordille mon ongle.

Un millier de scénario se succèdent dans mon esprit. Et si Sevan ne survivait pas ? Et si c'était trop grave ? Et s'il arrivait quelque chose à Carson ? Et si aucun d'eux ne revenait ? Non, ce n'est pas possible. Ils ne peuvent pas mourir, il doivent s'en sortir. C'est obligatoire. Je ne peux pas concevoir l'idée de les perdre.

Jackson consulte son téléphone pour la énième fois en un quart d'heure.

— Putain, mais qu'est-ce qu'ils foutent, s'agace-t-il.

La tension est à son paroxysme. Il tire sur les racines de ses cheveux en grattant nerveusement l'arrête de son nez à l'aide de son pouce droit.

— On devrait peut-être les rejoindre, proposé-je tout bas.

— Non, décrète-t-il fermement. Il ne manquerait plus qu'il t'arrive quelque chose.

Je mords le creux de ma joue presque à sang tout en baissant les yeux sur mes mains moites.

— Où est-ce qu'il était ? Qu'est-ce qu'il faisait ? le questionné-je d'une voix fébrile.

Il inspire profondément, saisit son paquet de cigarettes, et en sort une qu'il glisse entre ses lèvres. Il se munit de son briquet et enflamme l'extrémité en tirant sur le mégot.

— Jackson.

Il expire la fumée de ses poumons.

— Je sais pas exactement, finit-il par m'avouer en balançant le briquet sur la table basse.

Je le fixe, dans l'espoir qu'il approfondisse sa réponse.

Il pivote face à moi, cale son coude contre le dossier du canapé et replie ses jambes.

— Rivera l'a appelé hier soir, lâche-t-il le morceau.

Je hausse les sourcils, intriguée.

— Pourquoi il m'a rien dit ?

Il tire sur sa clope, puis recrache un nuage de fumée qui picote mes yeux.

— Je pense qu'il voulait pas te mettre en danger une fois de plus, et il a eu raison, visiblement.

— Tu sais ce qu'il est parti faire ?

Il hésite un instant à balancer la sauce. Je lui lance un regard insistant qui est à deux doigts de le faire craquer. Finalement, il soupire :

— Tu lui demanderas toi-même, ça vaut mieux.

Il prend son téléphone - encore -, ses sourcils se froncent à l'instant même où ses yeux se posent sur l'écran.

— Oh putain...

Il se redresse, écrase sa cigarette dans le cendrier, attrape la télécommande, éteint la télé, puis saisit ma main.

— Viens, magne-toi.

J'ouvre de grands yeux, interloquée par son changement de comportement soudain.

— Qu'est-ce que...

Il récupère nos paires de chaussures et m'entraîne jusqu'à la porte qui mène à la cave. Il prend soin d'éteindre toutes les lumières puis actionne les cinq verrous après avoir refermé derrière nous.

Mon cœur bat à tout allure.

— Mets tes baskets, dépêche toi, il faut qu'on se casse d'ici, m'ordonne-t-il à voix basse.

Black AngelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant