Chapitre 32

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À notre retour, Jackson et Liza sont en train de décorer le auvent et de réorganiser la terrasse. Dans la cuisine, Carson et Raquel s'affairent aux fourneaux, nous concoctant un repas digne de ce nom. Rivera est toujours absent et je me demande pourquoi.

Pourquoi accorder tant d'importance à ce que je fête mon anniversaire s'il n'est pas là ?

Je me rassure en me disant qu'il a du boulot à gérer malgré le sentiment de déception qui m'enserre la poitrine.

Je présente Cassandra à tout le monde puis la conduis jusqu'à ma chambre. J'ai besoin de me retrouver seule avec elle, comme avant.

À peine installées sur mon gigantesque lit, elle s'empresse de me questionner :

— Alors ? Raconte moi tout. Comment t'as atterri ici ? Sevan a cru qu'il pouvait me baratiner avec ses messages, mais je suis pas dupe. J'ai tout de suite flairé l'embrouille.

Je ris en repliant mes jambes en tailleur. Qu'a-t-il pu lui raconter ? Quelque chose d'un peu trop surréaliste à mon avis.

— Oui...

Elle reprend son sérieux et plonge ses iris dorées dans les miens. Son visage est pétillant, malgré les heures d'entraînements et les shows qu'elle enchaîne à un rythme effréné, elle est fraîche comme la rosée du matin.

— Alors, qu'est-ce qui s'est passé ?

— Qu'est-ce que t'as raconté Sevan ?

Elle fronce les sourcils et lève un instant les yeux sur le plafond immaculé, semblant rassembler les informations qu'il lui a fourni.

— J'ai pas tout compris, en fait. Il paraît que c'est la villa de ton grand-père et que t'habites ici maintenant.

— Ouais, en quelque sorte, grimacé-je.

Elle est à des années lumières de la vérité. Tout à coup, je me demande si c'est consciencieux de lui révéler qu'un gang est à mes trousses à cause d'une putain de somme d'argent démesurée que mon paternel leur a dérobé il y a deux décennies, sans oublier le mystérieux "Bruce Tucker" qui a envoyé ses sbires à ma poursuite une première fois et qui recommencera certainement si je m'expose. Je ne veux pas qu'elle soit mêlée à cette histoire et qu'il lui arrive malheur par ma faute.

Finalement, mieux vaut que je ferme ma bouche.

Je m'apprête à inventer une vérité bancale quand trois coups résonnent contre la porte. Cassandra se retourne, sa chevelure blonde ondulée suit le mouvement avec élégance.

— Je reviens.

Je ne suis pas totalement étonnée de découvrir Sevan, une main appuyée contre le mur à hauteur de sa tête. Il n'a toujours pas soigné sa blessure.

— Je peux te parler une minute ?

— Euh... oui.

— Seul à seul, précise-t-il.

J'informe Cassandra que je reviens bientôt, fais un pas dans le couloir et referme derrière moi. Sevan m'entraîne quelques mètres plus loin, entre quatre yeux, et chuchote :

— Tu lui as rien dit, j'espère ?

— Non, pas encore.

— Comment ça "pas encore" ? Tu la fermes. Elle ne doit rien savoir.

— Qu'est-ce que je lui dis alors ?

Son visage est si proche du mien que nos souffles ne forment plus qu'un.

— T'as retrouvé ton grand-père il y a un peu plus d'un mois, t'es venue vivre chez lui et vous faites connaissance. Rien d'autre, c'est clair ?

J'opine du chef.

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