Chapitre 9

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Dans le public, les sifflements emplirent la salle de jalousie. La régie exigea le silence, et soudain, tous les regards étaient rivés sur moi.

C'est à ce moment-là que j'aperçus Darcy. Elle reposa ses fiches sur la table, et quelque chose dans son regard avait profondément changé. La tendresse et la bienveillance qui l'habitaient autrefois avaient subitement disparu.

Les projecteurs étaient impitoyablement braqués sur moi sur le plateau de "The Darcy Show". Mon propre reflet, diffusé par le retour caméra, m'apparut pitoyable. Un silence oppressant régnait dans le public, mon cœur battait la chamade, et je me sentais comme pétrifié.

Puis, les mots de Darcy résonnèrent dans ma tête : "C'est la petite amie de Julian Coles." Ces paroles, prononcées à la télévision, venaient de faire basculer mon pire cauchemar en réalité. Je n'avais rien vu venir.

- Ah, je me dois de vous informer que c'est un homme extrêmement puissant,annonça-t-elle, tandis que la photo de Julian apparaissait à l'écran. Les spectateurs s'agitèrent sur leur siège, et je sentais plusieurs regards désapprobateurs converger vers moi.

J'étais livide.

- C'est plus facile, hein, quand on couche avec le patron, me lança-t-elle avec mépris.  Puis, tout en pointant les photos de Julian qui défilaient sur l'écran, elle ajouta : D'ailleurs, Ivyna est très chanceuse, à l'écran et en dehors. Regardez-moi ce bel homme !" Ces mots résonnèrent comme un coup de tonnerre dans la pièce, laissant planer une atmosphère tendue.

- J'avoue que je suis jalouse, pardon, pardon Jefferson, c'était une blague évidemment, gloussa-t-elle en portant sa main devant sa bouche, un énorme diamant apparaissait sur son annuaire, qu'elle agita avec fierté. Je suis une femme mariée tout de même, rit-elle aux éclats.

L'animateur de salle avait l'air perdu, ne savant plus comment gérer les réactions du public. L'animosité grandissait et la tension se faisait palpable tandis qu'il essayait de détendre l'atmosphère, en demandant au public de se calmer. Je déduisis qu'il ne s'attendait pas à ce que l'interview prenne cette tournure.

Prise de cour, j'avais du mal à formuler une réponse, je pensais à tous les spectateurs qui allaient visionner l'interview et à la réaction que ça allait susciter sur les réseaux sociaux.

- Je euh, je ne comprends pas balbutiai-je.

- Oui en effet moi non plus je ne comprend pas. Comment vous pouvez avoir des passe-droits ! Pendant que des milliers et des milliers d'artistes triment et tentent le tout pour le tout pour avoir de telles opportunités ! S'interroge-t-elle. Plusieurs acteurs sont endettés ayant tout sacrifié pour faire des études de dramaturgie et malgré tout ne voient jamais la couleur d'un plateau ! Mais à vous regarder, on se dit que ce n'est finalement pas nécessaire. Devrons nous dire à ces jeunes filles qu'il suffit simplement de trouver le bon petit ami.

Scandalisée, ma voix monta dans les aiguë.

- Ces jeunes filles justement à qui vous faites référence, je les connais très bien, leur difficulté, je les ai aussi partagées ! Voyez-vous, c'était moi à mes dix-neuf ans quand j'ai quitté mon pays pour réaliser The Américain Dream. Je me retournai vers le public et leur contai mon parcours : pendant six ans, j'ai trimé dans l'espoir qu'un jour peut-être, j'aurais l'opportunité d'interpréter un rôle où je serais enfin représentée, ou mon identité serait respectée, un rôle portant sur les ambitions, les rêves et les désirs d'une femme qui me ressemble, mais ce genre de rôle ne court pas les rues. J'ai enchaîné les castings sans interruption, et j'ai eu l'opportunité de jouer plus d'une vingtaine de rôles, certes des très petits rôles, mais je ne crache pas sur mes humbles débuts. Cela m'a permis de gagner en expérience.

Tu es à moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant