Chapitre 11

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Vers huit heures, après avoir entendu mes parents partir, je me décide enfin à me lever. Yvan s'est enroulé autour de moi, j'essai de m'extirper le plus délicatement du monde. Pas assez visiblement parce qu'il ressert son étreinte. J'abandonne un instant, blottie contre lui.
Ok, il n'y est pour rien, je dois vraiment me calmer et diriger ma colère sur autre chose, ou même peut être arrêter d'être en colère. En soi, si tout cela est véridique, c'est de ma faute, la faute à la moi du futur, mais ce sera la mienne à un moment donné de l'histoire...
Je n'arrive pas à croire à ce que je suis en train de penser. Mais en même temps, je l'ai vu disparaître sous mes yeux. Je dois me rendre à l'évidence. Je crie dans ma tête que je suis en train de devenir folle
Mes pensées ont dû sortir de ma tête parce que Yvan se réveille à cet instant. Sa respiration change de rythme et je sens son corps se tonifier contre moi. Il frotte son nez dans ma nuque.

- Toujours fâchée?

Je souris.

- Bonjour oiseau de malheur!

Il comprend que je me suis radoucie et me serre plus fort.

- Tu te sens mieux?

- Ouais, ce mec a vraiment un effet morbide sur moi, enfin.. J'ai un effet morbide sur moi même, Haha!!

Je me tourne vers lui, l'embrasse et le regarde dans les yeux quelques secondes avant de lui demander:

- Comment tu fais? Je veux dire, tu es bien plus terre à terre que moi et pourtant tu as abdiqué bien plus vite que moi. Pourquoi tu le crois si facilement?

Il passe une mèche derrière mon oreille. Le soleil s'est levé, cela l'éblouit un peu alors il s'enfonce dans l'oreiller pour se cacher dans l'ombre de l'arbre devant la maison.

- Je ne sais pas. J'ai du mal à me l'expliquer. C'est comme si... (Il cherche ses mots) Comme si je le savais avant qu'il ne me le dise. Tu sais comme un secret de famille mal gardé, quand tout le monde sait mais personne n'en parle, tu vois?

Je hoche la tête. Il continue son analyse:

- Et puis il y a ce lien étrange. Je ne l'ai pas ressenti tout de suite mais après quelques minutes, je sentais des émotions qui ne m'appartenaient pas, comme de l'empathie mais surdimensionné. Et là, on aurait dit que je regardais un film que j'avais déjà vu mais dont je ne me souvenais pas. Chaque scène me disait quelque chose mais je ne pouvais pas me souvenir de ce qui allait arriver. C'est démentiel. Je ne peux pas faire autrement que le croire. Je sais c'est carrément surréaliste, je ne me reconnais pas non plus. A force, cela me tournait sur le cœur, comme un manège qu'on fait trop de fois de suite, c'est trop bizarre, je t'assure!

- Je suis perplexe, vraiment... J'ai envie d'être aussi sûre que toi mais je n'y arrive pas. D'un autre côté, je sais que je peux te faire confiance alors...

Je soupire et me lève d'un bond.

- Aller, je veux en savoir plus! Cela ne me suffit pas, il va devoir tout nous dire s'il veut que je réfléchisse vraiment à sa demande.

Après m'être douchée, je m'apprête à envoyer un mail à Yves quand on sonne à la porte. C'est lui.

- Je me suis souvenu que tu voulais me voir ce matin alors... me voilà.

Mais qu'est ce qu'il peut m'énerver à tout anticiper!

- Oui je sais, cela te saoule ... Tu me l'as dit aussi ça. Tu lui diras tout à l'heure. ( Il dit cela en montrant l'étage de l'index et je suppose qu'il désigne Yvan). Et ça te saoule encore plus que je me souvienne de tout.

Il s'assied dans la cuisine. J'essaie de garder mon calme.

- Café? Je lui demande.

- S'il te plaît. On attend Yvan et je te raconte tout.

L'élément déclencheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant