Chapitre 15

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Après notre discussion, me voyant perdue, cette femme dont j'ignore le nom s'est cachée en contre bas du skate-park, vide à cette heure de la journée, pour se volatiliser. Elle m'a proposée de me laisser réfléchir à tout cela à tête reposée et de passer me revoir dans quelques jours afin qu'on en discute. Elle m'a aussi fait promettre de ne prendre aucune décision jusqu'à son retour.
Son départ s'est passé tout à fait de la même manière que Yves quelques jours plus tôt, après avoir pianoté sur la télécommande, la carte lumineuse a scanné ma visiteuse puis cette dernière l'a récupérée avant de disparaitre dans une sorte de coup de vent silencieux. Sauf qu'elle ne m'a pas lancé de petit clin d'œil victorieux avant de se volatiliser. Je remarque que cet évènement électrise l'air après sa survenue. C'est assez étrange comme sensation, cela ressemble à l'atmosphère juste avant qu'un orage n'éclate. J'ai les cheveux électriques!
Je ne m'habitue pas à ce spectacle.

Je m'aperçois donc que j'ai oublié de lui demander qui elle était. Pourquoi ne s'est-elle, d'ailleurs pas présentée après tout? Je trouve cela bizarre.
Sur le chemin du retour vers la maison, j'essaie de me remémorer tout ce qu'elle m'a dit parce que je vais devoir l'expliquer à Yvan. Comment va t-il le prendre? Mal, je le sais. Il va s'énerver. Il ne me croira peut être même pas.
Je presse le pas afin de le rejoindre, il doit déjà être à la maison. Pourvu qu'il n'ait pas commencé la discussion avec mes parents.

Je les trouve tous les trois dans le jardin, en train de siroter un soda, confortablement installés dans le petit salon de jardin. Ma mère a visiblement décidé que ce serait sa dernière tâche du grand rangement d'automne.

Les feuilles commencent à tomber, le jardin se pare de ses plus belles couleurs d'automne. J'aime beaucoup cette saison pour cette simple raison. Les couleurs de la nature la sublime. Les levés de soleil sont roses puis virent à l'orange. De la même façon les feuilles virent à l'orange avant de tomber et retourner au sol pour le nourrir en prévision des prochaines feuilles qui naitront à leur place dans quelques mois. C'est la saison du renouveau, on tourne la page de l'été et de tout ce qu'il a donné avant de se préparer pour la dureté de l'hiver.

- Salut !

- Ha, te voilà chérie! Yvan nous disait qu'il avait rendez vous avec toi mais on ne savait pas où tu étais passée.

- J'étais... J'avais envie d'aller faire un tour. Je n'ai pas vu l'heure, dis-je en embrassant l'homme de ma vie.

Je sais maintenant qu'il l'est. A l'évidence, je vais mourir dans ses bras et il sera tellement ravagé qu'il sera prêt à laisser la planète entière mourir pour que je ne lui sois pas retirée. Je crois que je peux conclure que c'est l'amour de ma vie non?

- Tu... Alex, tu ne voulais pas qu'on parle d'un truc avec tes parents?

J'avais espéré qu'il ne ferait pas cela.

- Ho? Vous avez quelque chose à nous annoncer?

Ma mère trépigne, toute excitée.

- Heu je n'aime pas trop la tournure que prend la conversation, hasarde mon père.

Je vois où il veut en venir et cela me fait rire.

- T'inquiète pas papa! Rien de bien décisif! Avec Yvan, on envisage un petit tour du monde après nos études, alors on voulait savoir si vous connaissiez des gens susceptibles de nous embaucher histoire de mettre un peu de sous de côté. Mais juste quelques heures par semaine. On ne veut surtout pas mettre nos notes en périls.

Je dis cette dernière phrase en regardant Yvan afin qu'il comprenne que les plans ont changé pour le moment. Je prie l'univers qu'il comprenne mon allusion. Je me félicite intérieurement de ma vivacité d'esprit et de ma répartie. Yvan a l'air d'avoir compris:

L'élément déclencheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant