Six ans après avoir décidé de tout plaquer pour aller s'installer à Paris, six ans après avoir quitté Jungkook, son ami d'enfance et petit ami, parce qu'il ne savait pas s'ils étaient âmes-soeurs, Taehyung revient en Corée du Sud.
Le moins qu'on pui...
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* * *
Le trajet jusque chez Taehyung se fait en silence, mais la main de Jungkook agrippe fermement la sienne. Taehyung n'arrive pas à croire qu'une heure plus tôt, il était en plein rencard avec quelqu'un d'autre, quelqu'un qu'il aurait été prêt à ramener chez lui s'il y avait eu une étincelle entre eux – mais là, celui qu'il ramène chez lui, c'est l'amour de sa vie, la personne qu'il aime le plus au monde, son âme-sœur.
C'était le destin, finalement.
C'est la première fois que Jungkook pénètre dans son appartement. Depuis qu'il a emménagé, Taehyung ne s'y est jamais vraiment senti chez lui, en dépit des œuvres d'art qu'il a accrochées au mur, des plantes qu'il a installées sur les rebords de fenêtres et des canapés et fauteuils aux teintes chaudes qu'il a achetés.
Mais ce soir, tout change. Ce soir, Jungkook est là, entre les tableaux et les plantes, debout devant le canapé, et Taehyung pense, ah, oui, voilà pourquoi. Il comprend, maintenant ; il n'est nulle part chez lui sans Jungkook. C'est tout simplement ça.
— J'aime bien ton appart, murmure Jungkook en regardant autour de lui.
Il a l'air presque nerveux à l'idée de lui adresser la parole, après tant d'années de mutisme. Comme s'il avait peur de briser cette chose fragile qui est en train de renaître de ses cendres entre eux.
Mais elle n'a rien de fragile. Elle est toute récente, oui, encore tout neuve, mais pas fragile. La base est solide. Et Taehyung fera tout ce qui est en son pouvoir pour qu'elle ne se brise plus jamais.
— Merci, sourit-il. Je l'aime bien aussi, maintenant.
Jungkook hausse un sourcil, étonné, mais avant qu'il ait pu poser de question, Taehyung fait un pas en avant, jusqu'à se tenir à quelques centimètres de lui. Il est aux premières loges pour voir la façon dont toute pensée cohérente semble le déserter – et il ressent la même chose de son côté.
— Je peux t'embrasser ? demande-t-il, déjà si proche de lui qu'il peut presque sentir son propre souffle rebondir sur ses lèvres.
— Oui.
Pendant une brève seconde, le passé lui revient en tête – le tsunami d'émotions qu'il avait ressenti quand, à dix-huit ans, il embrassait pour la première fois Jungkook, qui en avait seize.
Mais c'est encore plus intense maintenant. Quand leurs lèvres se touchent, il se rend soudainement compte qu'il a retenu son souffle pendant six ans ; du moins, c'est l'impression que ça lui donne, car maintenant que Jungkook l'embrasse, ses poumons sont comme des fenêtres grandes ouvertes, des ailes qui battent au vent.
Il a toujours le même goût. Un goût que Taehyung aurait du mal à décrire, mais qu'il connaît aussi bien qu'il connaît le son de sa propre respiration ou le murmure du sang qui court dans ses veines. Le goût de Jungkook, de ses lèvres, de sa peau, est inscrit dans ses cellules, dans son ADN.
