Chapitre 4 Une journée fille

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Je prends mon téléphone et appelle la police.

— Allo, je suis madame Pierce, on m'a volé ma voiture.

— Pouvez-vous me donner le numéro de votre plaque d'immatriculation ?

— Je ne m'en souviens plus.

— Alex, c'est le truc qu'il faut toujours se souvenir surtout quand on te subtilise ton véhicule.

— Euh... Qui êtes-vous ?

— C'est Denis Hertwood.

— Oh, Denis, je ne t'avais pas reconnu.

Denis était un garçon obèse qui trainait toujours avec nous quand on était au lycée avec Amy.

— Attends deux secondes. Voilà, j'ai retrouvé ta voiture, tu étais garée sur une place handicapée et la fourrière l'a embarquée.

Je soupire de soulagement.

— Quand est-ce que je peux venir la chercher ?

— Ben... Tout de suite si tu veux, je te la mets de côté avant qu'elle ne parte ailleurs.

— Tu es un ange Denis. J'arrive.

Je raccroche, et appelle un taxi pour nous emmener au poste. Nous sortons de l'habitacle et fouille mes poches, merde, je n'ai pas d'argent. Quand est-ce que cette journée va se terminer ? me dis-je en soufflant. Un beau gosse avance vers nous et tend un billet au taxi.

— Excusez-moi, mais je n'ai rien pour vous rembourser.

— Tu ne me reconnais pas. Denis.

— Bon sang ! Wahou !!! Sacrée transformation.

— Oui en fac j'ai commencé la muscu et j'ai grandi, dit-il avec le sourire aux lèvres.

— Je te présente ma fille, Zoé.

— Salut princesse.

— Merci pour le taxi et pour la voiture.

— Allez, viens, on va aller la chercher.

Je suis Denis le beau gosse, jusqu'au parking où plusieurs véhicules sont alignés. Zoé retrouve le break en un claquement de doigts.

— Est-ce que je dois payer quelque chose ?

— On va dire que non, je suis au courant que cela n'est pas facile pour vous en ce moment.

De quoi, parle-t-il ? Je l'observe avec interrogation.

— Ben toute la ville sait pour tes parents...

Je regarde Zoé qui observe ses pieds. Quoi ? Mes parents vont bien, ils sont partis aux Bahamas la semaine dernière. Une larme coule sur le visage de la gamine. Mon cœur se déchire, quand je comprends que dans cette réalité, ils ne sont plus là. Je m'avance vers elle pour l'enlacer et lui fais un gros câlin. Je suis triste pour Zoé moins pour mes parents, car je sais que dans ma réalité ils sont heureux et en vacances, mais cela reste douloureux pour les autres personnes.

— Tu peux y aller.

— Merci, Denis, sincèrement.

— C'est à moi de te remercier d'avoir pris ma défense contre ce garnement de Clark.

— Qu'est-ce qu'il est devenu ?

— C'est le maire de la ville, il n'y a pas de justice, dit-il en rigolant.

Je ris avec lui, cela allège l'atmosphère. Je monte Zoé dans l'auto et l'attache à son réhausseur puis nous partons pour le centre-ville. Voyant la mine triste de la petite, je lui dis :

— Prête pour notre journée fille ?

Son visage s'illumine, le mien aussi par la même occasion.

— Donc voilà ce que l'on va faire, on va d'abord aller manger un gros hamburger ensuite on ira au parc et enfin les boutiques.

— Ouiiiiiii.

L'après-midi est passé à une vitesse folle. Quand nous rentrons à la maison, il est déjà dix-huit heures. J'ouvre la porte avec une Zoé endormie accrochée à mon cou et les sacs de vêtements dans l'autre main. Je crois qu'elle se souviendra longtemps de cette journée. En face de moi, je vois Amy les bras croisés me regardant avec colère. Elle commence à élever la voix, je lui fais signe de se taire, car la petite dort. J'emmène Zoé dans sa chambre et la couche dans son lit. Je ferme doucement la porte et m'avance vers le salon.

— Avec quel argent as-tu acheté tout ça ?

— Il y avait ma carte bleue sur le comptoir de la cuisine.

— Tu ne te rends pas compte, nous sommes ruinées à cause des frais médicaux de ta mère. Tu aurais pu me consulter.

Je ne comprends pas de quoi elle parle.

— Les frais médicaux ?

— Tu te moques de moi ? Je te trouve vraiment bizarre depuis ce matin.

— Explique-moi à quel point notre situation est grave.

— Tu le sais, on en discute souvent.

Je m'avance lentement vers elle et attrape ses mains. Je la sens se tendre à mon contact. Depuis quand ne nous sommes-nous pas touchées ? Je mets cela de côté et la regarde dans les yeux.

— Ok, quand tes parents sont décédés, ta mère était dans un état critique et malheureusement l'assurance qu'ils avaient souscrite ne prenait pas en charge les soins. On a donc été obligé de tout payer.

— Combien ?

— 500 000 dollars.

Ouch ! C'est rude.

— Avec l'emprunt de la maison, plus les autres frais, on a du mal à joindre les deux bouts.

— Ok, je vais ramener les affaires dès demain pour me faire rembourser. Je ne savais pas que c'était à ce point, excuse-moi.

— Ce n'est pas ta faute, c'est moi qui fais les comptes et puis cela partait d'un bon sentiment. Garde peut-être un vêtement ou deux pour Zoé.

— D'accord.

Je l'embrasse sur la joue et me dirige vers la cuisine. J'ouvre un placard et trouve une bouteille de rouge.

— En quel honneur ? me demande-t-elle, soupçonneuse.

— Parce que j'ai une femme sublime, c'est suffisant.

Je la vois rougir. Je nous sers un verre chacune et commence à couper des légumes.

— Qu'est-ce que tu fais ? Tu ne cuisines jamais.

La Alex du passé ne savait pas cuire un œuf, mais moi j'ai pris des cours avec une jolie Asiatique. J'ouvre les placards à la recherche d'ingrédients. Assise sur sa chaise haute, Amy me regarde m'affairer devant les fourneaux. Je bois une gorgée de mon vin pendant qu'Amy me raconte sa journée de travail. J'essaye de ne pas me crisper à chaque fois qu'elle me parle de Jess. Elle, si je la revois, je lui tords le cou.

Je pose devant Amy, une soupe de poulet. Elle n'en revient pas.

— Où as-tu appris ça ?

— Je pense que si je te le disais, tu ne me croirais pas.

Je ne sais pas si je dois lui dire la vérité. Je prends mon courage à deux mains. Je la regarde dans les yeux.

— Amy, il faut que je te parle de quelque chose, je...

Son téléphone se met à sonner.

Le destin d'Alex T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant