Chapitre 8 Révélation

194 15 0
                                    


Le soleil perce derrière les volets, quand j'entends une porte s'ouvrir. Zoé monte doucement et vient se blottir contre moi pour un câlin. Je pourrais m'habituer à ça. Mais peut-être que je ne suis que de passage. Mon cœur se serre à l'idée de ne plus voir ce bout de chou.

- Bonjour, vous deux, dit sa mère avec joie.

- Bonjour, je vais aller préparer le petit déjeuner. Pancakes ?

Zoé hoche la tête avec un grand sourire. Elle se lève et fonce vers le salon, je la regarde partir.

- Il va falloir qu'on parle, dis-je à Amy. Je ne peux plus attendre.

Elle souffle.

- D'accord, prenons notre repas et ensuite on parlera.

Je file sous la douche. Quand j'arrive dans la cuisine, je vois les deux petites femmes de ma vie commencer la cuisson des pancakes.

- Eh ! C'était à moi de les faire !

- On voulait te faire plaisir, viens t'asseoir.

Amy me tend une assiette et nous mangeons toutes les trois autour de la table. Quand le repas est fini, je prépare un café pour Amy et moi.

- Je peux aller zouer dans ma chambre ? demande Zoé.

Nous acquiesçons toutes les deux en même temps, ce qui nous fait éclater de rire. Zoé dodeline de la tête en souriant et part en courant. J'attrape les deux tasses et les pose sur la table basse. Je me tourne vers Amy et inspire un grand coup. Le moment est venu, j'appréhende sa réaction. Est-ce qu'elle va me jeter dehors ? Où m'enfermer dans un asile ?

- Donc voilà, je ne sais pas trop par où commencer.

- Par le début c'est bien, me dit-elle en caressant mon genou.

- Le début, tu as raison. Donc, Mardi, je ne me trouvais pas ici, mais à Brighton en Angleterre.

Je vois Amy silencieuse comme d'habitude, elle attend patiemment la suite. J'ai toujours aimé sa constance, moi je n'en ai pas.

- Donc j'avais un concert de prévu ce soir-là et je suis allée vers mes platines pour brancher mon ordi. Et je ne sais pas pourquoi, j'ai pris un coup de jus puis j'ai perdu connaissance. Je me suis réveillée le lendemain dans la peau de ta Alex.

Je la regarde et attends qu'elle dise quelque chose.

- Tu as perdu connaissance à Brighton en Angleterre, répète-t-elle lentement.

- Oui et ta fille a su tout de suite que je n'étais pas sa Mamou.

Je vois qu'elle réfléchit.

- Laisse-moi deux secondes s'il te plait.

Je hoche la tête et patiente à côté d'elle. J'ai l'impression qu'elle est en train de rassembler les pièces du puzzle. Je l'observe, elle se lève et sort une bouteille de whisky puis en verse une lampée dans son café. Elle me tend la bouteille. Après tout, pourquoi pas ?

- Ok, raconte-moi en plus.

- Par exemple, dans ma réalité, nous ne sommes plus ensemble depuis la fac.

Elle manque de recracher sa boisson. J'y suis peut-être allée un peu fort.

- Pourquoi ?

- Je n'ai pas très envie d'en parler, peut-être plus tard. Oh ! Si ! je peux te dire que mon agent m'a annoncé une bonne nouvelle, je dois faire la première partie d'un concert, celui de DG.

Elle reste bouche bée.

- Mais tu fais quoi comme métier au juste ?

- Je suis DJ. Quand on s'est séparée, j'ai arrêté la compta et j'ai dévié vers la musique. D'ailleurs, je vais te faire rire, mais je n'ai pas du tout cette apparence.

- Ah bon ? dit-elle, curieuse.

- J'ai les cheveux courts argentés, beaucoup d'anneaux aux oreilles et des tatouages sur les deux bras.

Elle m'observe, complètement fascinée, je suis sûre qu'elle essaye d'imaginer à quoi je ressemble. Zoé arrive vers nous et m'interpelle.

- Alex, on peut zouer comme la dernière fois ?

- Ma puce, pourquoi l'appelles-tu Alex ?

Elle me regarde pour savoir si elle peut dire la vérité. J'adore cette gamine puis je hoche la tête.

- Parce que c'est Alex, pas Mamou.

- Ok, c'est bon ma puce.

- Ok, tu viens ? me demande-t-elle.

Amy est étonnée de voir sa fille le prendre aussi bien. Je l'observe, perdue dans ses pensées, elle me fait un signe de main pour me dire que je peux y aller.

Je suis Zoé dans sa chambre, et m'assois par terre avec elle. Zoé me sert une tasse de thé imaginaire.

- Vous savez, très chère, je pense qu'elle le prend plutôt bien, dit-elle en adoptant une attitude théâtrale.

- Ah oui, tu trouves ?

- Il lui faut zuste un peu de temps. Vous savez comment sont les femmes.

Parfois je me dis que Zoé a eu plusieurs vies.

- J'espère que tu as raison.

- Faites-moi donc confiance.

Je lève la tête pour apercevoir le regard d'Amy dans l'encadrement de la porte. Elle me sourit tendrement. Peut-être que Zoé a raison après tout, je vais lui laisser du temps.

Le destin d'Alex T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant