Le destin d'Alex T1

Chapitre 19 Passé

— Ta fille ? dit-elle avec un sourire en coin.

— Euh... Désolée, cela te dérange ?

Elle souffle et met la main sur son front. Amy est pâle, j'ai l'impression qu'elle va s'évanouir d'une minute à l'autre. Je m'avance vers elle et prends son bras.

— Viens, on va aller manger quelque chose, je t'invite.

— Merci.

Nous descendons à l'air libre pour nous diriger vers le restaurant le Fort Washington. Une fois à l'intérieur, nous nous installons et commandons des hamburgers. Amy m'observe.

— Je suis désolée d'avoir dit que c'était ma fille, je voulais juste que cette fille arrête de me regarder comme un sandwich.

Amy éclate de rire.

— Et quel sandwich appétissant, murmure-t-elle.

Je rougis.

— Alors comment s'est fini ton séjour dans cette autre vie ?

— Tu travaillais pour Jess.

— Ça n'a pas trop changé sauf que je suis associée, mais peut-être pas pour très longtemps.

— C'est-à-dire ?

— Non ! toi d'abord, termine ton histoire, je suis curieuse de savoir la suite.

Je vois Amy ouvrir grand la bouche et manger son hamburger en levant les yeux au ciel. Apparemment, il doit être bon, je lui souris et continue.

— Ok, donc tu travaillais pour Jess, mais elle n'était vraiment pas sympa avec toi, car elle te donnait une tonne de boulot en plus de te faire du chantage.

— Pourquoi ? dit-elle, étonnée.

— Un soir, tu avais bu et tu as embrassé Tia. D'ailleurs, je me demande si tu la connais dans cette vie.

— C'est quoi son nom ?

— Je ne sais pas, elle ne me l'a jamais communiqué. Enfin, après que tu m'aies confié cette histoire, nous nous sommes rapprochés.

— Elle savait que tu n'étais pas la « Alex », me demande-t-elle en mimant des guillemets.

— Oui, je lui avais avoué.

— Et ?

— Nous avons beaucoup discuté et comme je te l'ai dit, nous nous sommes.... dis-je en rougissant.

— Tu as couché avec elle ?

— En même temps, on était marié. Je lui ai fait une promesse, celle de te retrouver, de nous retrouver.

Amy s'empourpre. Je vais payer notre repas et la rejoins. Elle regarde les passants, elle a la tête ailleurs. Elle s'empare de mon bras et nous marchons en direction de l'hôpital. Nous nous arrêtons pour commander un café à un marchand ambulant puis nous reprenons notre route silencieusement.

— Tu ne m'as pas dit : pourquoi tu ne vas pas rester longtemps associé à Jess ?

— Ce matin, une certaine Madame Talbot est venue me voir. Elle m'a proposé un poste, mais avant j'ai un divorce à mener pour elle-même.

— C'est-à-dire ?

— Elle se sépare de son épouse, car celle-ci l'a trompée.

— C'est assez classique pour toi.

— Sa femme l'a cocufié avec la mienne.

— Ah c'est moins classique du coup. Que vas-tu faire ?

— Je vais d'abord m'occuper de mon divorce. En espérant qu'elle ne m'embêtera pas avec la garde de Zoé. Le contraire m'étonnerait, car elle n'est même pas présente aujourd'hui. Et après, je m'empare du cas de madame Talbot.

J'hoche la tête et nous marchons doucement, son parfum arrive jusqu'à mes narines. J'ai l'impression qu'elle n'a pas changé de fragrance depuis le temps.

— J'ai vu que tu étais énervée tout à l'heure.

— Oui, je le suis encore. Elle n'a jamais été une bonne seconde mère. Si j'avais su, j'aurais fait comme mon double.

— Je pense que ce n'était pas mieux, elles avaient, elles aussi des problèmes.

— Alex, je suis désolée pour ce fameux soir. Je m'en suis toujours voulu. Le lendemain, je suis venue te voir à ton dortoir, mais tu étais déjà partie. Je suis restée longtemps célibataire, je suis avec Jess que depuis sept ans.

— Si je ne m'étais pas enfuie... Enfin, avec des si, on mettrait Paris en bouteille. Le plus important, c'est maintenant.

Nous prenons l'ascenseur puis nous nous dirigeons dans la chambre de Zoé. La pièce est vide, elle n'est pas encore remontée de son opération. Nous discutons du bon vieux temps. Nous parlons aussi de mes voyages et de ma musique. Notre attention se porte vers la porte. Jess regarde sa femme puis m'observe avec curiosité.

— Alex ?

Je me lève et m'avance vers Amy. Je lui fais une bise sur la joue et m'approche de son oreille pour qu'elle seule écoute ce que j'ai à lui dire.

— J'attends à l'accueil, appelle-moi quand elle sera remontée.

Je me retourne et me dirige vers la sortie les mains dans mes poches. Jess me fixe avec un regard hautain.

— Jess, bonne journée.

Je ferme la porte de la chambre et entends Jess hurler après Amy. Je reste un moment dans le couloir et tends l'oreille pour voir si la situation se détend. Je n'écoute plus rien, cela m'inquiète. Puis soudain, le bruit d'une claque retentit, j'entre dans la pièce et remarque Amy avec la main sur la joue. Mon sang ne fait qu'un tour.

— Maintenant, ça suffit ! Jess, tu t'en vas !

— Toi, laisse ma femme en dehors de ta vie de débauchée.

Je m'avance vers Amy et enlève sa main de sa joue, celle-ci est rouge. Avec douceur, je lui demande :

— Amy, ça va.

— Je viens de te dire quelque chose, me dit Jess en m'agrippant l'épaule.

Je lui attrape le poignet et lui fais une clé de bras. Je la pousse vers la sortie avant de la jeter dehors, je lui dis sur un ton menaçant.

— Maintenant, écoute-moi bien. Je veux que tu restes éloignée d'Amy sinon je te jure...

— Sinon quoi ? me coupe-t-elle.

— Sinon je te colle un procès au cul.

Je relâche ma prise et Jess s'en va furieuse. Je me retourne vers Amy pour la regarder, elle se réfugie dans mes bras.