Chapitre 19

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J'entends du bruit dans la serrure. Mon sang se glace et tout mon corps se crispe. Est-ce que j'oserai ne serait-ce que regarder ce qu'il va se passer ensuite ? Le voir, lui. Rien que cette idée me terrifie.

La porte s'ouvre. Je me recroqueville dans le canapé. Je veux qu'on m'endorme pour ne rien savoir de la suite. Je ne veux pas être consciente.

Des pas résonnent dans l'entrée. Puis dans le couloir derrière le salon. Puis dans le salon même. Mes yeux sont fermés. Non. Je ne veux pas savoir.

- Sarah ? Sarah, ça va aller.

Adam. Son odeur s'accroche à moi en même temps que ses bras encerclent ma taille. Nos corps l'un contre l'autre, je sais que je ne risque plus rien. Alors je me laisse aller. Je peux pleurer.

- Sarah... Ne t'inquiètes pas, je veillerai sur toi.

- Tu me le promets ?

Il pose ses mains sur mes joues et me regarde dans les yeux.

- Je te le promets.

Ma seule envie actuellement, c'est l'embrasser. Un baiser qui voudra dire « je ne sais pas comment tu as pu m'ensorceler ainsi, mais je te suivrais les yeux fermés ». Mais c'est lui qui m'embrasse en premier. D'un baiser qui veut dire « tu n'as rien à craindre. Je serais à tes côtés pour toujours ».

J'entends les pas de Juliette s'approcher de l'escalier. Adam s'éloigne instinctivement de moi. C'est vrai qu'on a pris l'habitude de se cacher.

- Pendant combien de temps est-ce qu'on va encore devoir faire comme si il ne se passait rien entre nous ?

- Je ne veux pas faire de mal à Juliette.

Il me regarde avec des yeux qui m'assurent qu'il dit la vérité. Adam a vraiment du mal à mentir. Je l'ai vu lorsque je lui ai fait découvrir mon artiste préféré : Elliott Smith. Il n'a pas du tout aimé mais m'a affirmé le contraire. Il était tout rouge le pauvre. Et je me rappelle, ce jour-là, m'être juré de lui faire aimer. Ce n'est pas encore gagné mais j'y parviendrais.

Juliette arrive alors dans le salon et salue son frère. Elle a l'air stressée.

- Je peux te parler Adam ?

- Oui, bien sûr.

Mes deux colocataires de fortune partent en direction dans la cuisine et je remets une de mes jambes sous l'autre.

Il est dehors. J'en ai des frissons. Ou peut-être est-ce seulement à cause de la fenêtre ouverte et de la brise dehors ? Je dois fermer cette foutue fenêtre.

Je me lève et m'attarde un instant pour regarder à l'extérieur. J'ai l'impression que je vais sacrifier ma liberté à cause d'un homme. Alors que j'aime sortir. Ce mois, j'ai visité à peu près toute la ville. Certains coins plus que d'autres.

Je respire un grand coup avant de me décider à attraper les poignées des vantaux pour les refermer. Mais avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, je sens plusieurs mains attraper mes bras et me tirer à l'extérieur.

- Adam ! je hurle de toutes mes forces.

Une main agrippe mon cou et m'empêche de crier plus longtemps. M'a-t-il entendu ? Mon cœur bat la chamade. Oui. Il m'a entendu. Adam sort en trombe de la cuisine, suivi de Juliette, et lorsque son regard se pose sur moi, je le vois se précipiter vers nous.

Je crois bien que je pleure.

Et tout va trop vite. L'homme cagoulé que me tient sort un pistolet de sa poche. Et merde. Je regarde Adam avec panique. A qui va-t-il faire du mal ? L'homme pointe son arme vers l'intérieur et tire. Plusieurs coups sont lancés.

Et je vois Juliette s'écrouler.

Merde. 

Il ne doit pas revenirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant