Il ne doit pas revenir

Chapitre 11

Les médecins ont dit que je n'avais aucun grave problème. Adam va bien aussi, alors ils nous ont autorisés à quitter l'hôpital.

- Attends.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je... je dois faire le test. Je reviens dans quelques minutes.

- Ok. Je t'attends ici.

J'entre dans les toilettes et sors la notice du test. Je la lis rapidement et décide de passer directement à l'étape où je dois faire pipi sur ce foutu bâton. Une fois fini, je referme le test et attends deux minutes, comme inscrit sur l'emballage. Mon cœur bat à tout rompre. Si je suis enceinte, ma vie est foutue. L'idée d'avoir un enfant, en elle-même, ne me déplait pas, mais je veux bien choisir le père. Et si je suis enceinte aujourd'hui, le père serait la pire option possible. J'ai peur. Je vois ma vie de maman avec un enfant non désiré défiler devant mes yeux. C'est même pas envisageable.

Les deux minutes d'attente me paraissent interminables.

Mais elles viennent de se terminer.

J'ai peur. Et la peur, c'est peut-être la chose la plus horrible du monde. Je sors le test de sa boite et lorsque mes yeux se posent dessus, tout ce que je vois, c'est l'écran qui affiche « enceinte ».

***

Je crois que mon cœur s'est arrêté un instant. Une seule larme coule sur ma joue. Comment est-ce que je vais faire ? Et là, je me souviens qu'il y a un homme qui m'attend de l'autre côté de la porte, qu'il est peut-être de mon côté, et que je suis assise par terre dans les toilettes des filles d'un hôpital. Je repose ma tête sur le mur et fixe cette porte. Est-ce que je dois lui dire ? Je crois qu'on peut dire que je vais vivre un peu chez lui, alors ça me parait normal de lui confier ça. Il faut que je le fasse.

Je me lève, jette le test à la poubelle et ouvre la porte. Il s'est appuyé sur le mur et tourne la tête presque instinctivement vers moi.

- Je suis enceinte.

- Putain.

Je commence à marcher vers la sortie mais il me rattrape.

- Vous... tu... tu sais ce que tu veux faire ?

- Adam ?

- Oui.

- J'ai la trouille. Tu sais ce que ça veut dire ?

- Non.

- Que je n'ai pas la réponse à ta question.

Un long silence s'installe entre nous tandis qu'on marche vers la voiture. J'ouvre la portière, m'assois sur le siège et lorsque je vois Adam faire de même, je craque.

- J'ai tellement peur.

- Je sais, Sarah, je sais.

Il se penche pour me prendre dans ses bras et la seule pensée qui me traverse l'esprit c'est : l'embrasser. J'ai envie d'embrasser cet homme. De sentir le contact de ses lèvres sur les miennes. De découvrir leur goût. J'ai envie de tout oublier l'espace d'un instant. Alors que je le connais depuis si peu de temps.

Son étreinte se relâche et on se regarde dans les yeux. Et avant même que j'ai le temps de dire quoi que ce soit, son visage se rapproche dangereusement sur le mien et ses lèvres se posent sur les miennes. Elles sont légèrement humides et il pose ses mains sur mes joues. Je pense que c'est ça qu'on peut appeler un baiser plein de désir. Mais on est dans le parking d'un hôpital. Alors on se ressaisit vite.

J'ai embrassé cet homme.

***

On s'est arrêté au commissariat le plus proche pour déposer plainte et j'ai cru vivre un enfer. C'était tellement gênant entre Adam et moi qu'il m'a laissé rentrer dans le bureau du policier seule. On m'a posé tellement de questions que j'ai cru qu'ils voulaient m'achever davantage. Pourquoi ont-ils besoin de savoir tout ça ?

- Comment étiez-vous habillée le jour où vous l'avez rencontré ?

- Mais j'en sais rien moi, je vous dis que ça fait des années que ça dure, j'avais 14 ans !

- Répondez à ma question s'il-vous-plait madame.

- Je... je devais être en maillot de bain. J'étais à la plage.

- Je vois.

Comment peut-il se permettre de répondre comme ça ?

- Vous avez une preuve de ce que vous avancez ?

- De quoi ? Que je me suis fait violer pendant plusieurs années ?

- Oui.

- Non.

- Je suis désolé madame, mais en l'absence de preuve, et compte tenu de ce que vous m'avancez, je ne peux pas prendre en compte votre plainte.

- Putain.

- Je vous souhaite alors une bonne journée et j'espère que vous ferez bonne route sur le retour.

Putain. Enfoiré de policier. Je retourne dans le hall du bâtiment et croise le regard d'Adam.

- Alors ?

- Ils veulent pas de ma plainte.

- Pourquoi ?

- Pas de preuve, pas de plainte.

- Les connards.

- Ouais.

- Tu veux que j'aille les voir ?

- Non.

- Je suis agent secret Sarah, je peux sûrement faire quelque chose.

- Laisse tomber. Je veux juste rentrer.

- A vos ordres, madame.

Cette phrase me fait sourire légèrement.

Mais attendez une seconde. Tout à l'heure...

J'ai embrassé cet homme.