- Bien, les filles, c'était une super nuit. Jeanne, ton frère arrive bientôt, on fait comme d'habitude. Sarah, quant à toi, eh bien, rentre chez toi.
- C'est tout ?
- Oui. Garde ton téléphone allumé, je me languis déjà de toi.
A peine a-t-il fini sa phrase que je m'en vais. Je ne resterais pas plus longtemps chez ce psychopathe. Désolé Jeanne.
Un quart d'heure après mon départ, je reçois un appel de Cléo je décroche automatiquement.
« Alors ? »
« Tout va bien. »
« Ouf. Et ta sœur ? »
« Tu devineras jamais. Elle a une copine. Cléo vraiment, j'aurais jamais pensé qu'elle était lesbienne. »
« Et alors, c'est mal ? »
« Non, c'est juste, bizarre enfin je sais pas. »
« Le principal c'est que tout aille bien pour toi ! »
La conversation continue avec des banalités et on finit par raccrocher. Elle n'a rien compris. Heureusement.
***
Ma matinée a été calme. L'après-midi aussi. C'était même un peu trop calme. Jusqu'à ce message :
« Je t'envoie un taxi. Prends quelques affaires »
Et ça recommence. Je n'ai pas eu la force de réfléchir à ce que je pourrais faire. Alors je vais encore éviter la question quelques heures et j'y penserais demain. J'ai fait un sac à dos où j'ai pratiquement rien mis dedans. Dès que j'ai fini, une voiture se gare devant l'immeuble. C'est le moment. Mon cœur bat vite cette fois.
Et cette voiture m'a amené chez lui. Il m'a emmené dans la même pièce qu'hier et il y a fait tout ce qu'il voulait, encore. Mais cette fois, on était que nous deux. J'ai pas accepté la drogue cette fois. Mais j'aurais dû. Ça m'aurait permis d'oublier une partie de cette nuit. Peut-être même de prendre un peu de plaisir. C'est tellement triste de dire ça. J'ai honte. Je ne sais même pas si on peut imaginer à quel point j'ai honte.
Je suis en sueur. Pourtant il n'a pas tenu longtemps. Désolée de le dire Louis, mais t'es pas très performant. J'ai vu mieux.
- T'as kiffé ?
- A ton avis.
- J'aime quand tu me regarde comme ça Sarah.
- Comment ?
- Avec passion.
- Parce que t'appelles ça de la passion ?
- Tu ne vas pas me dire que je baise pas comme un dieu.
- Ta gueule.
- Ma petite Sarah qui ne veut jamais assumer. Je sais que tu aimes ça.
- Pourquoi tu m'as demandé d'amener des affaires ? C'est toi qui ramène les vêtements pour tes jeux de rôle.
- On est pas dans un jeu Sarah.
- On dirait pourtant.
- Si c'est un jeu, je l'ai gagné.
- Ah oui ?
- Tes affaires, c'est pour que tu restes ici.
- Quoi ?
- Surprise. Si tu vis ici, tu pourras me satisfaire à tout moment.
J'ai plus rien à répondre. Je le déteste. Je me déteste. Putain. Qu'est-ce que j'ai fait ?
***
Je pense que je peux passer la suite. Pour faire simple, il m'a donné des vêtements et une chambre. Ses goûts vestimentaires laissent à désirer mais bon. Je dois faire avec. Il m'a laissé mon téléphone. Il sait que j'ai trop peur pour appeler qui que ce soit. Et je sais que c'est stupide. Mais la peur, ça prend aux tripes. Ça bloque absolument tous les muscles de notre corps. On connait tous cette sensation quand on a envoyé un message risqué. C'est tellement pire.
- On sortira pas souvent, mais tu te comporteras comme une parfaite épouse.
- Et tout ça se finira quand ?
- Quand t'aurais accepté de m'épouser.
- Louis.
- Dès que j'aurais trouvé mieux que toi.
- Pfff
- Je reçois ce soir, ne me dérange pas. Je t'appellerai si j'ai besoin de toi.
- Ouais ouais c'est ça, maintenant laisse-moi.
- A tes ordres.
Je vais pleurer. En fait, je crois que je pleure déjà. Comment j'en suis arrivée là ? Comment je vais me sortir de là ?
***
Le soir, j'ai entendu des hommes dans la maison. Ils ont rient pendant longtemps et d'un coup, ils ont tous arrêté de parler. Puis il est rentré dans ma chambre.
- Enfile ça et viens nous faire un strip-tease.
- Parce que tu penses que je sais faire ça ?
- Rien n'est impossible pour toi.
Il referme la porte. C'est bien, au moins j'ai un peu d'intimité. Lorsque j'arrive dans la pièce, 6 paires d'yeux sont braquées sur moi. Je suis très mal à l'aise.
- Je ne sais pas faire ça.
- Oh aller Sarah. Tu préfères tous nous sucer peut-être ?
Je déglutis. Bien sûr que non. Mais est-ce que j'ai vraiment le choix ?
- Tout compte fait, c'est peut-être une bonne idée. Aller bébé, agenouille-toi devant Ethan.
Je ne veux même pas dire ce qu'il s'est passé ensuite. Ramenez-moi une psy.
***
Et ce fut ainsi pendant un bon mois. Un mois à sortir une fois par semaine dans des endroits presque vide. Et c'est un jeudi que la situation a changée. Je suis sortie avec Louis et il est allé aux toilettes. Ça parait rien comme ça, mais c'était la première fois. J'ai déjà tenté d'aller aux toilettes pour trouver un moyen de m'enfuir, mais il venait toujours avec moi. Mais là, il est parti seul. C'est le moment. Je regarde rapidement autour de moi et aperçoit une fille de mon âge. Elle sent mon regard sur elle et m'interroge des yeux. C'est très bizarre cette soi-disant connexion entre filles mais je crois que ça marche puisqu'elle s'est approchée doucement de moi, qu'elle s'est assise sur la chaise derrière moi, et qu'elle m'a demandé si j'allais bien.
- Aide-moi.
- Le gars avec toi ?
- Oui.
- J'habite pas loin, viens avec moi.
- Ok.
Je me lève rapidement, elle me prend la main et on court le plus vite qu'on peut. Je vais m'en sortir. A peine a-t-on tourné au bout de la rue que je m'arrête.
- Attends.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Je jette mon portable et reprends :
- Je suis tracée. J'ai pas la preuve, mais on sait jamais.
Elle hoche la tête et on se remet à courir. Elle ne sait rien sur moi mais est déjà prête à m'aider. Je l'aime déjà en tout cas.
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Il ne doit pas revenir
Storie d'amore"Je t'aimerais toujours" Et ce, malgré tout ce que j'ai pu traverser. Tout ce que j'ai tenté d'oublier, tout ce que je n'ai pas dit, tout ce que je t'ai caché. Pardonne-moi pour ça, mais ne m'oublie jamais. __________ Sarah Millet, 21 ans, étudiante...