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— 정신

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— 정신

Namjoon avançait d'un pas hasardeux dans cette rue qu'il ne reconnaissait pas. La demi-heure de marche depuis la gare avait endolori ses jambes et le bras qui tirait sa valise, mais il se savait bientôt arrivé. Au loin, au-dessus des montagnes et entre deux maisons silencieuses, l'astre touchait l'horizon. Les grillons chantaient encore.

Namjoon essuya la sueur sur sa tempe et baissa les yeux sur son téléphone. Il essayait de comprendre où se trouvait l'établissement qu'il cherchait: l'unique auberge du village. Il releva la tête et continua à avancer, bien qu'il doutait de la route à prendre. Ce n'était pas bien grand par ici mais les bâtisses étaient bien espacées et le terrain en pente. Les volets demeuraient clos et seul subsistait un sentiment de solitude.

Namjoon ne songeait qu'à sa fatigue et rêvait d'une douche froide. Peut-être aurait-il dû appeler un taxi, ça aurait été plus simple, mais c'était trop tard pour y penser et finalement il doutait qu'un taxi aurait eu le courage de venir dans un endroit si reculé. Il soupira. Sans parler du coût. L'auberge n'était sans doute plus très loin.

Il regarda encore le plan sur son écran, sans réussir à trouver sa position. La connexion s'interrompait trop souvent et il ne comprenait rien aux rues indiquées, si bien que finalement il fourra son téléphone dans sa poche, lassé de sa propre incompétence. Lorsqu'il tourna à la prochaine intersection, ce qu'il cherchait se présenta enfin à lui comme par miracle. Namjoon reconnut le coin, repéra une maison familière et s'empressa de pousser la porte pour passer le seuil de l'auberge, un bâtiment à peine plus haut que les autres. Le carillon accroché à l'encadrement émit un son clair et joli.

Il n'eut droit à aucun accueil. La réception –du moins, ce qui semblait être la réception– était déserte, tout comme le village jusque-là. Il n'y avait personne derrière le petit comptoir, et personne non plus du côté du couloir qui menait à un escaliers. Namjoon abandonna un instant sa valise devant la porte, puis s'avança. Il chercha une sonnette, mais il n'y en avait aucune. Contre le mur, les clés de toutes les chambres étaient suspendues à leur crochet. Aucune de semblait manquer à l'appel. C'était comme si plus personne ne vivait ici. Les volets fermés ne faisaient que renforcer cette idée inquiétante.

Quelqu'un surgit soudain d'une porte adjacente. Namjoon sursauta et la nouvelle venue également. C'était d'une femme âgée, au dos courbé et vêtue d'une robe à fleur élimée. Elle porta une main à son coeur, comme si elle avait vu un fantôme.

« Excusez-moi, dit-elle d'une voix éraillée en semblant chercher ses mots; ses petits yeux observèrent Namjoon. Vous êtes là pour une chambre ? »

Namjoon s'éclaircit la voix, de peur d'avoir la même que celle de la femme qu'il avait effrayée. Il enleva son chapeau en se souvenant soudain des politesses.

« Oui, volontiers. »

La vieille dame s'affaira alors. Elle saisit un livre de compte sous le comptoir et le posa devant elle. Elle en tourna les pages jaunies avec une certaine hésitation. Silencieux, Namjoon se pencha légèrement en avant, curieux de lire les inscriptions à l'encre noire. Il fut surpris de voir les dates des dernières locations, qui remontaient déjà à plus de sept ans.

Finalement, la femme trouva la page qu'elle cherchait. Elle dévissa une petite bouteille d'encre, dont le bouchon résista un moment avant de craquer. Puis elle prit une plume et, toute consciencieuse, leva ses yeux ridés vers Namjoon. Ce dernier s'en voulait presque de la faire travailler ainsi. Il faisait à peine plus frais à l'intérieur.

« C'est pour une nuit, dit-il.

– Une nuit seulement ? répéta la vieille dame, machinalement.

– Oui, une nuit. »

La dame hocha lentement sa tête presque dégarnie. La peau de ses mains était couverte de taches de vieillesse, d'un brun qui tirait sur le jaune. Elle trempa sa plume dans l'encre, puis écrivit. Une goutte de trop resta immobile sur le papier, mais soit la femme n'avait rien pour éponger l'excès d'encre, soit elle ne l'avait pas remarqué. Namjoon espérait qu'elle ne passe pas accidentellement ses doigts dessus.

« À quel nom ? demanda-t-elle mollement.

– Kim Namjoon. »

La main de la vieille dame tressaillit comme si son nom lui disait quelque chose, à moins que ce ne fut dû à ses tremblements. Namjoon ne préféra pas demander. Après tout, il n'était pas là pour ça. Et il n'avait pas vraiment envie qu'on le reconnaisse, même si c'était improbable.

« Chambre quatre, annonça la femme, en se tournant pour attraper une clé et la lui tendre. Bon séjour. »

Namjoon prit la clé et la vieille femme lui adressa un bien étrange sourire.

— 정신

Souvenirs d'été | n.jinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant