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— 정신

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— 정신

Namjoon posa sa valise au pied du lit. Les motifs des draps étaient démodés depuis plus de trente ans et la tapisserie vieillotte faisait paraitre la chambre plus petite encore, alourdissant la vue et envahissant son nez d'une drôle d'odeur. Il y avait tout juste la place pour une personne.

L'air sentait le moisi, alors Namjoon alla ouvrir l'unique fenêtre pour aérer. Un instant, il eut du mal à décoincer le battant, si bien qu'il craignit de ne pas pouvoir refermer plus tard et de dormir à la merci des moustiques. De l'air tiède entra, balayant la poussière qui s'était accumulée sur le plancher. Namjoon se pencha par l'ouverture et jeta un coup d'oeil dehors.

Sa chambre donnait sur l'avant de l'auberge, et il voyait presque le chemin qu'il avait fait pour venir jusqu'ici, au-delà des toits inégaux, des poteaux électriques et des jardins en friches. Comme il s'y attendait, il n'y avait pas un chat dans la rue. Le soir approchant n'attirait personne dehors. D'ailleurs, il ne devait pas y avoir un seul bar par ici, et peut-être même que la seule supérette avait fermé. Quelques nuages s'amassaient dans le lointain en prévision d'un orage.

Le silence était tel que, au bout de longs instants sans rien faire, Namjoon ressentit un mal-être insidieux et collant. C'était si étrange de se retrouver ici, dans ce village presque mort, où il avait passé quasi tous ses étés étant petit. Dans ses souvenirs, les ombres des habitants étaient vivaces, toujours en mouvement. À présent, elles semblaient toutes fanées, emportées ailleurs. Dans les tombes ou les villes.

Namjoon alla s'asseoir sur le lit. Le matelas dur émit un court grincement. Il hésita à enlever ses chaussures mais se ravisa. Le soleil n'était pas encore couché, et il n'avait aucune envie de dormir aussi tôt. Il se redressa, saisit son veston, l'enfila à nouveau et sortit, son chapeau dans une main. Il n'y aurait bientôt plus de soleil mais il préférait le prendre. En bas des escaliers et à la réception, il ne croisa personne. La vieille femme n'était pas ici. Il sortit sans un bruit.

Namjoon remonta la rue sans véritablement savoir où il se dirigeait. Il ne reconnaissait pas grand chose, et pourtant rien ne semblait avoir bougé depuis des années. En témoignaient les jardins laissés à l'abandon, les volets clos et le calme absolu. Il n'y avait pas d'école dans le village, et pas d'enfant non plus pour animer le paysage. Namjoon se souvenait que, plus jeune, sa grand-mère l'envoyait faire les courses à l'unique épicerie du coin. À l'époque, il y avait quelques gamins qui sortaient jouer au ballon dejorsans les rues où jamais une voiture ne s'aventurait. Tous ces enfants devaient avoir son âge à présent. Ils étaient peut-être tous partis, faute d'avenir ici.

Ce n'est qu'en tournant à gauche à une intersection, puis en obliquant à droite après une fontaine asséchée que Namjoon réalisa où ses pas le menaient. Inconsciemment, il se dirigeait vers la maison de sa grand-mère, qu'il trouva quelques mètres plus loin. Il s'arrêta devant le portillon et observa un instant la façade ternie et les volets clos. Avec un poids sur le coeur, Namjoon poussa le portique grinçant et avança sur les dalles jusqu'au perron. Il grimpa les deux marches et se retrouva sur le seuil sans savoir quoi faire ensuite.

Souvenirs d'été | n.jinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant