Chapitre 7: Le Subterfuge

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Je suis réveillée en sursaut par Jean qui dépose mon petit déjeuner sur la table.

─ Enfin, princesse ! Ne me dites pas que vous avez dormi ici !

─ J'ai dû m'endormir en lisant ...

─ Cela n'a pas dû être reposant.

─ Ne t'inquiète rien pas tant pour moi Jean ! Dis-moi, je me demandais, sais-tu si Victor est aussi confiné dans ses appartements ?

─ La plupart du temps, il sort uniquement pour les conseils royaux ou les autres réunions importantes.

─ Penses-tu qu'il y sera cet après-midi ?

─ Je n'en sais rien, mais vous êtes son épouse, j'imagine que vous pouvez aller lui rendre visite lorsque cela vous chante !

_ Merci Jean. C'est ce que je vais faire alors !

À son regard, je sais que Jean n'est pas dupe sur le faux ton enjoué de ma voix.

Il ne répond pas et reprend sur les banalités de la journée.

Je ne l'écoute qu'à moitié, une idée a commencé à germer dans mon esprit pour échapper à la vigilance de mes gardes et je ne compte pas laisser passer ma chance.

J'attends fébrilement toute la journée et le soir que vingt et une heures sonnent à mon horloge. Je me vêtis d'une robe de soie argentée légère qui est très décolletée. Je glisse dans un sac une cape avec une capuche en feutrine grise.

À midi, j'ai glissé un mot à Jean pour Cassandra, lui demandant de venir me rendre visite à vingt-deux heures.

Je sors et demande à mes gardes de le conduire dans les quartiers de Victor. Je les suis un étage au-dessus du mien. C'est avec un grand soulagement que je constate que les gardes de Victor ne sont pas présents. Avant de toquer, je lance un regard malicieux à mon escorte.

─ Je souhaiterais passer un moment privilégié avec mon époux ... et cela risque de durer longtemps... Inutile de m'attendre. Je ne pense pas que je risque quelque chose en rejoignant ma chambre. Prenez seulement quelques heures pour vous.

─ Princesse je ne sais pas si nous pouvons vous laissez... Ce ne sont pas les ordres.

─ Je demanderai au prince de me raccompagner. Je suis certaine qu'il ne dira pas non !

Je me retourne et toque avec une assurance feinte à la porte de mon époux. Au bout de quelques secondes, il apparaît sur le pas de la porte et semble très surpris de ma présence. Il porte une chemise blanche ouverte et ses boucles blondes sont défaites.

─ Bonjour. Puis-je entrer un moment ?

─ Bien sûr, Lya. Tu es toujours la bienvenue. Je ne m'attendais pas à ta visite c'est tout. Comment vas-tu ?

Je suis estomaqué qu'après la nuit que nous avons passé il puisse tenir des propos aussi banals. Je ne m'attendais pas à des excuses, mais tout de même ! Je reste tout de même concentrée sur mon objectif : avoir une discussion suffisamment longue pour être certaine que mon escorte ne m'attend plus derrière la porte.

_ Bien, à vrai dire je venais surtout demander de vos nouvelles, je sais que vous traversez une épreuve très difficile.

Un éclair sombre passe dans son regard.

_ Je te remercie. Mais je n'ai pas envie de parler de ça. En revanche tu es mon épouse. Nous pouvons nous tutoyer, tu sais.

_ Je sais.

Il s'assoit dans un fauteuil en velours rouge à côté d'une immense cheminée en marbre. Ses appartements sont décorés avec goût et montrent que la personne qui y vit apprécie le luxe et le confort. Les œuvres accrochées au mur laissent aussi entendre un attrait prononcé pour l'art.

─ Dis-moi Lya, pourquoi es-tu venue me rendre visite réellement ?

─ Je venais vous voir, car je dépéris, seule dans cet appartement dont je ne peux pas sortir et surtout sans que personne ne vient m'avertir de la situation, répondis-je avec aplomb.

─ Tu es enfermée pour ta sécurité et s'il y a des informations que tu dois savoir, nous te les donnerons en temps voulu.

─ Alors j'espère que cette situation ne durera pas trop longtemps

─ Et moi à ton avis ? Crois-tu que cela m'amuse de fêter une nouvelle union pour au final organiser les obsèques de mon épouse bien-aimée ? Nous avons tous failli mourir. Je suis vivant, mais j'ai perdu l'amour de ma vie, qui portait en plus une petite fille qui aurait fait la fierté de la dynastie.

Ses yeux gris sont remplis de larme et son visage est traversé par des spasmes incontrôlables. Il me fait presque peur. Sa main sert tellement fort l'accoudoir de son fauteuil le que ses jointures sont blanches.

Je sens qu'il est temps pour moi de m'éclipser. Je prie intérieurement pour que mes gardes ne soient pas encore devant la porte et que ceux de Victor ne soient pas revenus.

─ Je suis désolée Victor, ma visite était malvenue. Je ne veux pas te déranger davantage.

─ Lya, nous n'aurons pas pu plus mal commencer notre mariage. Cela ne veut pas dire qu'un jour nous ne vivrons pas des temps plus sereins.

Lorsqu'il me dit ça, j'ignore s'il me parle du meurtre de Carmen ou de notre « nuit de noces ». Peut-être les deux. J'acquiesce d'un signe de tête. Je sors de la pièce et je retiens un soupir de soulagement lorsque je vois que mon escorte n'est plus là.

Je réalise alors seulement que je tremble de tous mes membres. Être dans la même pièce que Victor n'a fait qu'attiser mon ressentiment pour lui.

J'enfile la longue cape grise, rabats ma capuche sur ma tête avant de dévaler les escaliers. Il faut que j'atteigne le plus rapidement possible la sortie que Cassandra m'a indiquée dans le verger sauvage.

J'espère que ce chapitre vous a plu, n'hésitez pas à me laisser un commentaire pour me dire ce que vous en avez pensé !
Un prochain chapitre sera publié mercredi à 18h00 !

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