Chapitre 9: L'apothicaire

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Cassandra m'explique que la sortie par laquelle nous sommes sorties n'est jamais utilisée et a pour avantage d'être éloignée de la route royale. Nous ne risquons pas de tomber sur des gardes qui font leurs rondes.

Nous nous enfonçons dans la forêt, nous éloignant du palais. Cassandra semble connaître parfaitement le chemin et l'obscurité qui est presque totale ne semble pas la gêner.

Nous finissons par atteindre une sorte de sentier qu'il n'est possible d'emprunter qu'à pied ou à cheval. Nous le remontons pendant au moins vingt minutes.

Puis nous quittons à nouveau le chemin de terre pour nous enfoncer encore dans les bois.

─ Comment fais-tu pour te repérer dans cette forêt ?

─ C'est loin d'être la première fois que je me rends chez Maya. Nous y sommes bientôt.

Au bout d'un moment, nous distinguons une sorte de petite chaumière. Tout semble éteint. Seul un filet de fumée sortant de la cheminée indique que quelqu'un vit ici. Cela paraît d'ailleurs étrange en plein mois d'août.

Cassandra toque deux fois à la porte en bois dont la peinture bleue s'écaille. Aucune réponse. Cassandra frappe à nouveau. Nous entendons du bruit puis une voix étouffée :

─ Qui est là ?

─ Cassandra Difortis. Et une amie...

Nous entendons le loquet s'ouvrir. Celle qui doit être Maya passe la tête derrière la porte.

─ Une amie ?

─ Il s'agit de la princesse Lya, la nouvelle épouse du prince Victor.

Un éclair de méfiance traverse les yeux de Maya.

Je vous assure qu'elle est digne de confiance.

─ J'espère.

Maya ouvre entièrement la porte. C'est une femme d'une soixantaine d'années de petite taille et bien en chair aux origines asiatiques. Ses longs cheveux noirs lisses striés de gris sont ramenés en un haut chignon sur sa tête. Son visage est rond, ses pommettes hautes et ses yeux bridés d'un bleu tellement profond qu'on les croirait noirs. Ils sont tellement vifs de vitalité qu'ils feraient presque oublier les rides qui les entourent.

Elle nous invite à la suivre dans sa maison. Le premier étage ressemble à l'atelier d'un apothicaire. Si d'extérieur la chaumière ne paye pas de mine, elle est à l'intérieur très confortablement aménagée, même s'il y règne un joyeux bazar. Des étagères plus ou moins bancales qui montent jusqu'au plafond sont disposées sur tous les murs où il était possible d'en mettre. Dessus s'étalent toutes sortes de choses, plantes, fioles, poudre multicolores... Le fond de la pièce est occupé, par un bar en bois sur lequel est disposé  du matériel de chimiste, qui me rappelle celui que Célestin utilisait au palais. Derrière la cheminée est allumée est une mixture brune odorante de bout doucement dans un chaudron en cuivre.

─ Qu'est-ce qui vous amène ? Son ton est froid.

─ Cassandra m'a amené jusqu'à vous car elle m'a dit que vous pourriez m'aider ?

─ Et vous aider en quoi ?

─ Je ne souhaite pas avoir d'enfant. Du moins pas tout de suite.

─ Je vois, ricane Maya. Mais rassurez-moi, vous êtes consciente que c'est la seule raison à votre existence ?

─ Vous n'êtes pas la première à me le dire.

Son ton ironique commence à m'irriter, mais je sais qu'elle est la seule solution qui d'offre à moi pour le moment.

La Tour de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant