Chapitre 8: L'évasion

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Il est à peine vingt et une heure trente et la nuit n'est pas encore tombée.

Je crains que ma cape n'attire pas encore plus l'attention par ce chaud soir d'été, mais je ne peux pas prendre le risque d'être reconnue. J'arrive à retrouver l'entrée du verger rapidement. Je n'ai rencontré que deux serviteurs qui n'ont pu reconnaître mon visage bien dissimulé sous ma capuche.

Je me cache derrière le tronc épais et rugueux d'un pommier en attendant Cassandra. J'ai une bonne demi-heure d'avance et j'espère ne pas me faire repérer par un garde un peu trop zélé qui ferait une ronde par ici.

Au bout de ce qui semble être une éternité, je vois enfin Cassandra apparaître. Je ne la reconnais pas tout de suite. Elle s'est grimée en homme, enfilant la tenue d'un serviteur et en emprisonnant ses boucles brunes sous un béret. La tenue des serviteurs est composée d'un pantalon en lin blanc et d'une chemise pourpre, la couleur du royaume d'Hexode.

─ C'est Jean qui m'a prêté cette tenue. Il se doutait que nous préparions quelque chose et il craignait qu'il nous arrive quelque chose. Tiens, j'ai également une tenue pour toi.

L'idée est excellente et je me sens bête de ne pas y avoir pensé moi-même. Ainsi nous avons beaucoup moins de chance de nous faire repérer. Je me change rapidement et cache ma tenue dans un buisson à l'abri des regards. Maintenant, le plus dur reste à faire. Sortir du palais ne va pas être une mince affaire, surtout si les gardes ont pour ordres de ne laisser sortir personne. J'espère que le plan de Cassandra tient la route. La lumière du soir commence à sérieusement décliner, ce qui nous assure davantage de discrétion.

Nous traversons le verger jusqu'à arriver aux remparts en marbre qui entoure le palais. Nous les longeons un moment.

Soudain, Cassandra m'arrête, met son doigt sur les lèvres pour me signaler d'être silencieuse. Nous nous cachons derrière un bosquet. Elle me montre du doigt une petite porte en bois qui doit faire la moitié de ma taille. Aucun garde ne semble effectivement la surveiller. Nous attendons encore un moment. Je regarde Cassandra, attendant un signal de sa part. Elle n'a pas l'air inquiète, contrairement à moi. Je ne veux même pas penser aux conséquences qui pourraient arriver si nous nous faisions prendre. La nuit commence à tomber. Au bout d'un moment, une silhouette apparaît dans l'obscurité, et se glisse jusqu'à la petite porte. Elle siffle deux fois distinctement.

─ C'est le moment, me dit Cassandra. Ne dis pas un mot.

Nous nous faufilons jusqu'à la petite porte. La silhouette se trouve être un serviteur d'une trentaine d'années qui porte un tablier blanc par-dessus sa tenue. J'en déduis qu'il est affecté aux cuisines.

─ Bonsoir, Christian, chuchote Cassandra d'une voix douce, le regard enjôleur. Merci d'être venu nous ouvrir.

─ Aucun sou... souci , Mad... Madame Cassandra, bégaie le serviteur.

─ Moi et ma sœur avions vraiment besoin de rendre visite à notre mère pour nous enquérir de sa santé. Elle ne va pas très bien en ce moment...

— Je comprends parfaitement Madame. Je reviendrai ici à minuit pile. Ne soyez pas en retard, sinon nous risquons de nous faire prendre et je ne souhaite pas perdre ma place.

─ Nous serons ici à l'heure prévue Christian. Tu as ma promesse.

Malgré la l'obscurité naissante, je jurerais voir le serviteur rougir. Il entrouvre la porte, et nous nous baissons pour pouvoir la traverser. La muraille doit mesurer environ quatre mètres d'épaisseur.

Enfin, nous sommes sorties de l'enceinte. Devant nous s'étend une immense forêt.

La Tour de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant