Chapitre 45

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À moi.






























Trois ans plus tard












































Mouhammadou Falilou Niane

Trois années sont passées. Trois années, Soua a aujourd'hui trois ans ! Chaque jour, semaine et mois de chaque année j'ai vu ma belle sœur dépérir. Le poids du sommeil prolongé de Daouda est trop lourd à porter pour elle, pour moi pour nous tous en fait.
Jamil voulait qu'on refasse nos vies chacun de notre côté et d'attendre son réveil pour nous retrouver. Mais ça fait trois ans, trois putains d'années durant lesquelles je n'ai pas entendu mes frères. J'ai l'impression chaque jour qui passe que je vais péter un câble. Si ce n'était ma belle sœur que je dois protéger, si ce n'était Soua j'aurais lâché il y a bien longtemps.
Le simple fait de me réveiller le matin et de voir les yeux rouges de Oumou Kalsoum me consume. Il m'est arrivé de me battre avec Ahmada.

Me battre avec Ahmada ! Qu'Allah me pardonne.

J'étais tellement désespéré que je ne savais plus quoi dire à mon aîné.
Il m'a donné la raclée de ma vie parce que juste après avoir dit cette dinguerie je me suis excusé mais il ne l'entendait pas de cette oreille. Si ce n'était l'intervention de ma belle sœur alors j'aurais certainement eu des séquelles à vie et ce n'est pas une blague. Ahmada était déjà à cran alors le fait que j'en ai ajouté à fait de moi une cible pour sa colère.

_ ¿ Padrecito ? ( Petit papa )

_ Sí ? ( Oui ? )

_ Mamá ..elle veut rentrer à la maison.

Soua malgré son jeune âge sait qu'on n'habite pas ici. Elle sait que nous y sommes pour attendre le réveil de son papa. Je peux comprendre que ça l'a perturbe le fait que sa mère parle d'un possible retour.

_ Tu sais..mamá a peut-être ses raisons.

_ Moi veux attendre papa.

_ Je sais, c'est ce qu'on veut tous mais elle est restée très longtemps ici, elle a besoin de voir son papa.

_ Elle a dit que Bisabuelo est malade.

Tout de suite je me suis levé, je prend la petite dans mes bras avant de monter.
Je toque à sa porte et attends plusieurs minutes avant qu'elle ne me laisse entrer.

_ Baba Sékou est malade ?

Je ne saurais supporté sa disparition, ils ont fait de moi celui que je suis aujourd'hui.

_ Naïma !

_ Pardon ...

_ Oumou Kalsoum..

_ C'est Baba Almamy, il va de plus en plus mal.

Que ce soit Baba Sékou ou Baba Almamy tous les deux sont précieux aussi bien à mes yeux que dans mon cœur.

_ Je dois rentrer.

_ Je comprends.

_ Je resterai là en attendant.

_ Je suis fatiguée Falilou, je n'y arrive plus.

_ Je sais.

_ Je ne saurais te dire explicitement ce que je ressens mais mon cœur peut lâcher d'un moment à un autre.. si il ne se réveil pas.

_ Il va se réveiller.

_ Oui ! Papa va se réveiller.

Soua en est convaincue elle nous le répète tout le temps à tel point que j'ai fini par y croire. Et j'espère de tout cœur qu'elle ait raison.
Je sais que sa mère me tient plus, elle souffre énormément de son absence et je la comprends. Elle va tous les jours dans la pièce où il se trouve et elle lui parle sans aucune réaction de sa part, ça fait mal.
Soua est une très gentille petite fille, elle ne pose jamais de questions susceptible de faire pleurer sa mère mais je sais qu'elle se languit de parler à son père.

La proie du diableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant