La proie du diable

Chapitre 34

Mon cauchemar

Hafsatou Barry

Cela fait deux semaines aujourd'hui, depuis qu'elle s'est mariée avec lui. Depuis ce jour là, je ne suis pas sortie de chez moi. Le jour du mariage je m'attendais a tout sauf à ce que le mari de ma plus sœur soit lui. Mon sauveur !

Daouda Ly, mon Dave.

Celui grace à qui j'ai su renoncer même si je ne le voulais pas. C'était pour mon bien.

Le jour du mariage quand elles m'ont dit le nom du futur marié, ça m'a secoué sur le coup. Je me demandais si c'était possible mais Allah est capable de toute chose. J'avais déjà des doutes .. il m'a appelé par mon prénom lors de la soirée du henné alors j'ai tout de suite pensé à la possibilité que ça puisse être lui, et même si je n'en suis pas sûr j'ai cette petite voix au fond de moi qui m'assure que c'est bien lui. Et si c'est vraiment le cas alors ma petite sœur est entre de bonnes mains. Si il est devenu la parfaite copie du garçon que j'ai connu alors elle sera protégée. Je ne connais pas la raison derrière son acte mais je ne compte pas le juger en me basant sur cela.

Cela fait plus de onze années et je n'ai rien oublié. Mes cauchemars ne se sont pas taris avec le temps au contraire.. j'ai l'impression que plus le temps passe et plus j'ai du mal à accepter la réalité. Elle m'avait promis de me briser et elle y est arrivée. Malgré mes efforts, malgré la confiance que j'essaie d'avoir .. je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à passer à autre chose.
Le monde se fout de la souffrance des autres tout simplement par ce que chacun à son lot. Les uns s'amusent à faire de la vie des autres un cauchemar. J'ai vécu plusieurs mois dans la terreur de ma belle-mère qui trouvait qu'une aveugle n'est pas une brut idéale. Et à cause de cela, j'ai perdu énormément de choses.
...
Je me souviens qu'à l'époque, j'étais une jeune fille très réservée. Je ne m'intéressais à rien du tout si ce n'est à Allah, au Quran et à la sunna. Malgré tout cela, malgré que je connaissais énormément de choses sur la prédestination.. je n'étais fais à l'idée que le mariage n'était pas fait pour moi. Je ne voulais pas à me marier. Très souvent, puisqu'on vivait en famille, mes sœurs.. belles sœurs venaient se plaindre à ma mère du comportement abusive de leurs époux. Ma mère répondait toujours qu'une femme devait être soumise à son mari et lui obéir. Ça m'étonnait de me rendre compte que, malgré que je sois aveugle, je suis plus heureuse qu'elles. Elles qui pleuraient deux à trois fois par semaines sur les genoux de maman. Que ce soit mes frères ou mes beaux-frères ils faisaient pleurer très souvent leurs femmes.
Je ne voulais pas que Allah m'en veuille pour quoi que ce soit, le mariage est la moitié du dîn, mais je n'en voulais pas.
À côté de cette craigne d'être une épouse malheureusement, le voile posé sur mes yeux me faisait peur. Qui voudrait d'une femme aveugle? Personne ! Personne ne voudra de moi ! Je me répétais ces mots pour me rassurer, je ne sortais guère et je ne fréquentais personne en dehors des membres de ma famille.

Je vivais ma vie tranquille et ça me suffisait parfaitement jusqu'à ce qu'un soir, des hommes se présentent à la maison. Je me suis demandée ce qu'ils étaient venus faire là, mais puisque je ne pouvais ni les guider ni vraiment leur parler je n'étais tenu à l'écart.

_ Hafsa ?

Ma mère ne m'appelait jamais comme ça. C'était toujours Hafsatou ! Puisque je ne lui servais à rien.

_ Oui maman ?

_ Les hommes qui sont venus tout à l'heure étaient là pour toi !

_ Moi ? Mais pourquoi.. j'ai fais quelque chose de mal ?

_ Tu as volé le cœur de leur neveu.

_ Astaghfiru-Llâh, voler ? Je n'ai rien volé du tout maman.