Chapitre 38

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— Je suis désolé pour tes parents.
J'essuie mes larmes et je reprends contenance.

— J'aurais préféré que ma vie privée le reste.
— La célébrité, c'est l'antipode de la vie privée.
— Je vois ça.
On quitte le palace.

Le soir même, nous avons l'avant-première du film. Je suis chez moi, Jason me prépare de longues heures, tout en alimentant mon notube avec les photos de ma préparation. Cette journée est longue et éprouvante.
Une limousine récupère toute l'équipe, dans la voiture, je suis assise à côté de lui, la tension est palpable. Il se penche vers mon oreille.

— On doit discuter.
Je tourne ma tête vers lui, surprise.

La limousine s'arrête devant le cinéma, des centaines de personnes attendent derrière des grilles. On sort de la voiture, il m'aide à descendre, on nous mitraille de photos. On sourit pour faire croire à une bonne entente. On doit vendre mon film, c'est mon bébé. Ils veulent une photo de nous deux. On se rapproche, il pose ses mains sur ma taille, on tourne la tête vers les photographes. On se détache, on nous prend en groupe.
On regagne le cinéma, le réalisateur présente le film et souhaite au public de passer un bon moment. Le film commence par moi qui travaille au laboratoire. Plus les scènes défilent, plus je suis touchée, émue. Puis les passages des scènes difficiles à tourner, je sens sa main s'enrouler à la mienne. Je pose les yeux sur lui, il me regarde avec empathie. Je lui ai fait du mal autant que je m'en suis fait en participant à cette émission. On se reconcentre sur la fin du film. Une table est installée pour répondre aux questions des journalistes et du public, l'ambiance est bonne enfant.
Un journaliste demande le micro.

— Holly, j'ai appris que vous étiez l'ambassadrice de recherche contre le cancer. Est-ce lié au décès de votre mère?

On me foudroie en plein coeur. Je ne veux pas qu'on parle de ma vie privée, ces souvenirs sont trop douloureux, je ne veux pas y être confronté.
Je réponds sèchement.

— Oui, c'est lié.

Les questions suivantes sont tournées vers notre romance. Certains demandent si la scène du jacuzzi a été truquée. J'aurais aimé répondre par la positive.

— Non, tout est vrai. Même les dialogues!
Le public rit.

Les questions se terminent, on nous reconduit chacun chez nous, je me dirige vers le chauffeur quand Keanan me saisit par la main. Il m'emmène vers sa voiture. Je monte docilement, je ne sais pas comment va se passer cette confrontation. Des semaines à s'éviter ou à faire semblant devant les caméras sont passées par là.
Ils nous arrêtent devant ce qui semble être sa maison, on descend, il ouvre la porte et me demande de le suivre dans la salle principale.
On s'assoit.

— Tu veux boire quelque chose.
— Ça dépend de la tournure de notre conversation.
— Alors, il te faut un alcool fort.

Il se dirige vers son bar, il me sert un verre. Je le pose sur la table basse. Il reste silencieux.

— Je t'en veux tellement.
— Je l'avais remarqué.
— Est-ce que tu as été sincère avec moi?
— Comment ça ?
— Dis-moi si tu as été entière avec moi?
En criant.

— Bien sûr!
— Pourtant ce n'est pas le cas.
— Je ne comprends pas bien.
— Ce n'est pas à cause du viol que tu me traquais.
— Je ne vois pas où tu veux en venir.
— Tu devrais t'en aller.

Je me relève et quitte cette scène surréaliste, je ne comprends pas bien ces sous-entendus. Je rentre chez moi, perturbée. Les choses ne risquent pas de s'améliorer, je me suis encore fait de faux espoirs. Je ne sais plus comment me comporter, entre les questions déstabilisantes des journalistes et Keanan qui fait des sous-entendus.

Trois jours plus tard, nous sommes au restaurant avec les acteurs, notre film cartonne au box-office. On recevra un gros chèque avec les recettes. On a détrôné le film d'une saga.
Je mange dans mon coin, Keanan n'arrête pas de me dévisager, je suis déstabilisée, ses regards sont lourds de sens. Je fais abstraction de ma gêne, je fais bonne figure. Le dîner s'achève, je rejoins ma voiture.
J'ouvre le portail, je vois la voiture de Keanan dans le rétroviseur, il veut me persécuter. On stationne la voiture. Je sors et me dirige vers lui.

— Qu'est-ce que tu veux Keanan?
— Dis-moi pourquoi tu t'es intéressée à moi?
— Parce que j'étais paumée et que tu me rattachais à la vie.
— Ce n'est pas ce que je veux entendre.

Il m'attire à lui, je fonds dans ses bras, c'est trop dur de faire semblant. Il me manque terriblement.

— Pourquoi tu as menti pour Malik?

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