Fame

Chapitre 48

Flashback.

Un mois après avoir fait un don de sang et de plaquette, l'hôpital me contacte. J'ai peur qu'on m'annonce une mauvaise nouvelle. Je n'ai que 18 ans, je suis déjà assez accablée dans ma vie. Je me dirige vers le service d'hématologie, on me fait attendre. Je commence à stresser. Le médecin me fait entrer dans la pièce, je suis intimidée.

— Bonjour jeune fille.
— Bonjour.
— Vous vous demandez la raison de votre présence ici?
— Oui.
— Vous êtes compatible avec un de nos patients.
— Compatible?
— Votre moelle osseuse.
— Je ne comprends pas bien.
— Il a vingt ans et il ne lui reste que quelques mois à vivre.
— Je ne peux pas, je suis désolée pour lui.
— Pourquoi?
— Je m'occupe de ma mère et le don de moelle osseuse est trop contraignant.
— Bien. Réfléchis-y .

Je hoche la tête.

Deux semaines après cette conversation, je rentre des cours, j'ouvre la porte, j'entends du bruit, je me dirige vers le salon. Un couple est assis dans le salon et discute avec ma mère. Je passe du couple à ma mère.

— Assieds-toi chérie!
Je m'assois.

— Ces charmantes personnes ont une faveur à te demander.
Je me tourne vers le couple.

— Vous avez rencontré le docteur Hood.
— Oui.
— Nous sommes les parents du jeune homme.
Sa mère se met à pleurer.

— Comment avez-vous récupéré mon identité? C'est anonyme.

— C'est la vie de notre fils qui est en jeu et vous êtes sa seule chance. J'aurais remué ciel et terre pour vous retrouver.

Je reste silencieuse.

— Votre mère suit un traitement elle aussi, coûteux. Nous sommes prêts à vous rémunérer.

— Quoi?
— Votre mère pourrait, elle aussi, suivre les meilleurs soins.

Je me redresse, il vient d'attiser ma curiosité.
Sa mère fouille dans le sac et en sort une photo, elle me la tend. Je pose mes yeux sur lui, il est tellement beau. Je suis happée par son sourire. Je souris. La mère retient son souffle.

— Comment s'appelle-t-il?
— Keanan.

Il me laisse quelques jours de réflexion, son heure est comptée, il ne sait pas s'il survivra à l'opération si on attend trop longtemps. J'ai une grosse discussion avec ma mère, qui me pousse à sauver la vie de ce garçon. Je pèse le pour et le contre deux jours, je leur donne ma décision.

— Allo.
— Holly?
— Oui. J'accepte. Mais en contrepartie d'une compensation.
— Oui bien sûr, tout ce que vous voudrez. On va appeler le dc Hood. Oh merci infiniment.

J'ai l'impression de faire quelque chose d'utile dans ma vie. Trois jours plus tard, on signe l'accord. Je recevrai un chèque le jour du don.

De nos jours.

J'ai signé son accord, mais j'ai négocié une dernière rencontre pour lui expliquer mon histoire, mon point de vue. Il a accepté non sans mal . J'étais prête à aller en jugement s'il ne m'avait pas laissé le voir . J'ai besoin de tout extérioriser.

On se donne rendez-vous chez moi, il faut qu'il comprenne les choix qui s'imposaient à moi.
Je prépare cette entrevue comme le dernier acte de notre histoire. Nos destins sont liés d'une façon ou d'une autre, il porte en lui un peu de moi. Est-ce que ce don nous a plus ou moins apporté cette connexion, rien de scientifique ne va dans ce sens. Je me sens juste étroitement liée à lui corps et âme. Il restera le seul amour de ma vie.

J'entends la sonnerie de la porte, c'est lui. Je grave ses traits dans ma tête, des kilomètres, nous séparerons à vie. Il a imposé 500 kilomètres de distance, je n'assisterai pas aux événements où il sera présent. J'ai accepté par amour. Je repense encore à son visage le jour de la greffe de don, il était tellement affaibli qu'il ne pouvait pas bouger.

Il s'assoit sur le canapé, en fixant le mur d'en face de lui. Je le dégoûte au point qu'il ne souhaite plus poser ses yeux sur moi. J'étouffe une larme de tristesse.

— Je t'accorde quelques minutes.
— Bien.

Je lui tends un portrait.