Chapitre 49

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— Qui est-ce?
— Tu ne vois pas de trait de ressemblance? Ma mère.

Il respire lourdement.

— Elle était atteinte d'une forme très agressive de cancer du sein. Il y avait un traitement de disponible qui pouvait l'aider à gagner quelques années. Il coûtait 100000 dollars. La somme de ta guérison.  Mais au moment de commander le traitement, le laboratoire a augmenté son prix.

Mes larmes coulent de plus belle, c'est toujours aussi douloureux de parler d'elle.

— J'ai appelé tes parents et c'est vrai j'ai profité de leur détresse. Ça ne justifie pas mon comportement. Mais je ne regrette pas de l'avoir fait, elle a gagné un an alors qu'on ne lui donnait que six semaines à vivre. Tu peux me détester, mais toi, tu es là et tu as survécu.

Il reste silencieux.

— Pourquoi venir chaque matin sur le tournage?

— Te voir vivant et en bonne santé m'aidait à accepter sa disparition. Elle ne voulait pas de l'argent de tes parents. Elle s'y est formellement opposée. Mais j'étais majeure et responsable de mes actes.

— C'est tout?

— Non. Je suis tombée amoureuse de toi, de ton sourire sur cette photo, tu as été une évidence.

— C'est trop glauque  Holly. J'ai besoin de tirer un trait sur cette partie de ma vie. Et tu en fais partie.

— Bien.

Il s'en va définitivement cette fois-ci. Je ne m'en remettrai jamais.

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Deux ans plus tard, je me rends sur mon lieu de tournage, je salue les fans, ils sont assidus, qu'il pleuve ou qu'il vente. Je ne vais pas en loge, je me rends sur le plateau, je passe derrière la caméra, je suis  co-réalisatrice, une comédie romantique. Les derniers jours sont particulièrement fatigants. Je ne peux pas rester debout,  je donne mes directives de ma place assise.  Je viens de boucler la dernière scène, j'applaudis toute l'équipe, je me relève, Jason m'aide  à marcher ​ jusqu'au buffet pour le pot de clôture. Il me tend un jus .

— Au lit et une tisane.
Je pouffe de rire.

— Je ne rigole pas, ce n'est pas prudent.

Je monte dans le taxi, je me rends à l'hôpital pour ma dernière séance de chimio. On m'a diagnostiqué un cancer du sein, mais moins agressif que celui qui a emporté ma mère. Il a été heureusement découvert en tout début. On m'installe les perfusions, c'est  au tour de Malik de me tenir compagnie.

— J'ai déjà programmé le studio pour enregistrer ton nouvel opus.
— Et si je meurs avant, tu auras payé pour rien.
Il se décompose.

— Arrête Holly.

Mon sourire s'efface, ils ont tous peur que la maladie m'emporte. Mais je veux garder mon sourire et ma détermination. J'aimerais avoir encore de belles années devant moi. La séance de chimio se termine, l'équipe médicale me prend en photo pour l'accrocher au tableau des rémissions. Ce mot est à la fois rassurant et effrayant. On ne peut pas parler de guérion totale, il y a toujours des risques de regain de cette bête noir.

Je suis le conseil de Jason, j'enclenche la bouilloire, pour me faire une tisane. Je m'installe devant la télévision. J'enclenche le dernier film de Keanan. Je n'ai pas encore eu l'occasion de le voir. Il a obtenu un oscar. Je suis captivée par son jeu d'acteur, je souris quand il sourit, je suis triste quand il l'est. Je superpose ses émotions sur les miennes.

Quelqu'un frappe, je mets en pause. J'ouvre, j'ai un mouvement de recul. Ma respiration se bloque. On se  fixe en silence.

— Je peux entrer?
— Euh oui.

Je me décale. Je réalise que je n'ai pas ma perruque,  mes cheveux ont poussé seulement  de quelques centimètres. Je suis gênée, je  la cherche.

— Attends, je reviens.

Je la replace sur ma tête et je le rejoins, il a les yeux posés sur la télévision.

— Tu as aimé?
— Il me reste 30 minutes de film. Mais c'est bouleversant.

Il me regarde avec tristesse, ce regard me met mal à l'aise. Je ne veux pas qu'il ait pitié pour moi. Je ne supporte pas qu'on pose ce genre de regard sur moi.

— Ça va?
— Je ne suis pas encore morte.

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Rémission : La rémission intervient lorsque l'état du patient s'améliore et que la maladie n'est plus décelable dans son organisme. À terme, elle devient une guérison.

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