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Mon père fait les cents pas après que je lui ai raconté ce qu'il s'est passé avec le Grand roi. Ma sœur Freya m'avait initialement accompagnée pour raconter les abus de Madame, mais j'ai dû la supplier de le garder pour elle pendant un temps. Cela n'était pas du tout le moment pour régler nos problèmes internes lorsque l'ennemi est toujours en vie.

- Es-tu certaine que c'est de toi qu'il veut cette vengeance ? Me demande mon père. Pas de moi ?

- Non, papa. Il a bien précisé qu'il me voulait, moi. Lui répondis-je. C'était ce que j'attendais, de toute façon. Je souhaite détruire le royaume d'Althea.

Ses yeux me montrent son désespoir. Je sais qu'une fois sur le chemin de la vengeance, il n'y aura plus de retour en arrière. Je suis prête à prendre ce risque. Et puis, un ordre est un ordre.

- Que comptes-tu faire, dans ce cas ? Me demande-t-il en soupirant.

- Je ne sais pas encore. Je comptais sortir, prendre l'air pour me rafraîchir les idées... 

Mon père hoche la tête. L'idée de renverser un royaume entier n'est pas simple. Une seule erreur et je peux condamner mon royaume à la perdition. Et il y a également la dernière parole du Grand Roi qui me perturbe.

"La mort est proche. Si proche. La conquerras-tu ou la laisseras-tu te conquérir ?"

- Si tu sors, prends avec toi quelques gardes. Ton chevalier ne sera pas assez. Me dit mon père.

Je hoche la tête. Je sors ensuite du salon de mon père, et rejoins mon chevalier, m'attendant à l'extérieur. Je lui donne l'ordre de mon père, celui de m'amener plus de gardes. Il semblait ennuyé par cela, mais ne pouvait pas me désobéir.

Puisque la mort est proche, alors je ne prendrais aucun risque.

Une fois les gardes arrivés, je sors du palais. Il y a un parc près du palais, que mon père a construit. Il y a tellement d'arbres que le lieu est facilement comparable à une forêt. Au-delà de sa beauté indescriptible et de ses animaux qui l'habitent, la raison de cette construction n'est autre que de désorienter les ennemis.

Il y a une grande partie désertique entre la frontière d'Althea et d'Inimia. La chaleur empêche nos soldats de veiller à la frontière, alors la traverser n'est pas si compliqué. Et en entrant, pour venir au palais, il faudra passer par cette forêt. Une sorte de labyrinthe. Pour les non natifs, ils peuvent se perdre pendant des jours, sans jamais trouver l'issue qui n'est pourtant qu'à quelques pas d'eux.

Donc trouver des cadavres en plein milieu n'est pas le plus étonnant.

- Princesse, il vaudrait mieux ne pas y entrer. Me prévient le chevalier.

- Ne crois-tu donc pas en moi ? Rétorqué-je. Je connais cet endroit comme ma poche. Tant qu'il ne fait pas nuit, j'irais bien.

Je sens son inquiétude, cependant cela ne m'empêche pas d'y pénétrer. J'aurais dû proposer un picnic avec Madame ici, puis l'abandonner. Il lui aurait été difficile, voire impossible, de s'en sortir.

- Je ne le sens pas, votre Altesse. Continue le chevalier. Il vaudrait mieux faire demi-tour.

- Qu'y a-t-il ? Je te pensais bien plus courageux, je suis déçue. Dis-je en secouant ma tête, puis je me tourne vers tous les gardes. Si l'un d'entre vous craint pour sa vie, qu'il fasse demi-tour, je resterai.

Aucun ne bouge, alors je prends cela comme une acceptation de me suivre. Je me mets alors à marcher, humant l'odeur de la nature. Je dois penser au plan de vengeance, désormais.

- Duc Valerius... dit le chevalier, que comptez-vous faire avec lui ? Allez-vous l'épouser ?

Je garde le silence un instant. Je ne sais pas si cela est une bonne idée d'inclure le duc dans mes plans. Est-il assez puissant pour détruire un royaume entier ? Comme réponse, je hausse les épaules. Valerius pourrait m'être utile pour fournir des armes à nos soldats, ainsi qu'aux civils proche des frontières. Il pourrait voler quelques armes d'Althea, des armes puissantes que nous n'avons pas.

J'ai seulement besoin de mettre fin à la lignée du roi d'Althea. Lui, et son fils. Je dois le faire rapidement avant que son fils ne se marie et ne se reproduise. Je ne suis peut-être pas la plus... aimable, mais je ne suis pas une tueuse d'enfants. Je vais alors devoir attendre une vingtaine d'années, avant de tous les éradiquer.

- NOUS SOMMES ATTAQUÉS ! PROTÉGEZ LA PRINCESSE !

Je tourne soudainement la tête, sortant ma dague. Je me fais encercler par mes gardes, brandissant leurs épées. Dans la forêt, plusieurs bandits, masqués et habillés de noir, sortent de derrière les arbres. Ils sont nombreux. Et sans même nous faire part de leurs intentions, ils attaquent.

Ils ne perdent pas de temps.

- Princesse, restez derrière moi. Me dit le chevalier.

- Je sais me battre.

Un des bandits s'approchent de moi, levant son épée haut pour l'abattre sur moi, mais le fer de son épée s'entrechoque avec ma ridicule dague. Si père et madame me l'avaient autorisés, j'aurais pu me promener avec une épée à la place !

Le bandit ne s'arrête pas qu'à un coup, il les enchaîne. Chaque coup devient plus fort que celui d'avant. Si je me rate, son épée fendra mon corps en deux, et c'est ce qu'ils veulent. Dans un effort de défense, il réussit à me blesser la main.

Ce n'est rien. Ce n'est qu'une égratignure.

Les gardes autour sont trop occupés pour me remarquer, ils se battent contre un, deux voire trois bandits en même temps.

- Laissez-moi vivre, et je vous donnerais ce que vous désirez. Dis-je au bandit.

Ses coups cessent pendant un instant. Un instant qui m'a permis de lui donner un fort coup de pieds à son entrejambe. Mes talons ont dû lui faire particulièrement mal, en voyant comme il tente de chercher de l'air. Avec ma dague, je le plante dans le torse. Une fois. Deux fois. Trois fois. Jusqu'à ce que sa tête se jette sur le côté, ses yeux toujours grands ouverts.

Je range ma dague et prend l'épée du bandit, désormais mort, et viens en aide aux gardes. Cependant, ce que je n'avais pas anticipé était qu'ils n'étaient peut-être pas des bandits. Qu'ils seraient peut-être des fouteurs de troubles, des personnes souhaitant abolir la monarchie, des personnes souhaitant ma mort, et celle de ma famille.

Ces personnes, après avoir remarqué que leurs discours n'étaient pas entendus, que le peuple était satisfait de leur souverain et du royaume, ils ont commencés à s'armer.

C'est alors ainsi que chaque garde, un par un, s'écroule au sol sous les tirs de fusils. Je prends ma dague dans une main, et l'épée dans l'autre, sachant pertinemment que je suis la prochaine.

"La mort est proche."

Je tente d'utiliser le corps des gardes comme bouclier, je prends une de leur veste et je le pose sur le sol autour de moi, je prends les autres vestes et crée comme un barrage. Caché derrière un arbre, je prends la boîte d'allumette caché dans les vestes des gardes. Je les allume toutes et les jette sur les vêtements. Ils prennent feu. A force de tirer des balles de leurs fusils, les attaquants ravivent encore plus le feu.

- ETEIGNEZ CE FEU IMMEDIATEMNT !

Le temps qu'ils agissent, le feu est devenu incontrôlable. Être entouré d'arbres ne les aident pas non plus. Je profite du chaos pour partir, le poing serré. Ils ont assassinés tous mes gardes. Mon chevalier également, probablement. Je ne l'ai pas vu.

Est-ce les nouveaux mercenaires envoyés par le prince d'Althea ?

Probablement.

Alors que je m'éloignais d'eux, j'ai senti une forte douleur à la nuque. Quelque chose m'a frappé. Sans que je ne puisse comprendre ce qu'il m'arrive, je m'écroule au sol, inconsciente.

L'ombre écarlateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant