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Après avoir été informé qu'un groupe de rebelles se dirigeait vers le palais, qu'ils avaient, d'une manière ou d'une autre, réussi à franchir les frontières et à vaincre nos gardes, j'ai rapidement quitté le champ de bataille. Je me demandais même s'il s'agissait vraiment de rebelles, à ce stade... Le roi était avec moi, mais cela ne veut pas dire qu'il n'a pas pu l'ordonner.

J'étais terrifié, pour le moins. Della était dans le palais, et une bande de criminels allait l'attaquer. J'étais en colère, tellement en colère, contre moi pour l'avoir laissée seule, et contre mon cœur, pour avoir ressenti cela.

Et quand je l'ai vue, quand je l'ai tenue dans mes bras, je n'ai pu que me sentir répugné par mon soulagement qu'elle n'ait pas été blessée. Je me dégoûtais d'être prêt à détruire ce royaume entier, simplement pour retrouver le coupable.

- Tu peux rester là, Della, le temps que je l'interroge, lui dis-je, alors que nous nous tenons tous deux devant le seul rebelle vivant.

Elle reste sur le côté, près des gardes, et j'entre dans la cellule du rebelle. La première chose que j'ai faite en le voyant a été de lui asséner des coups de poing aussi violents que possible. Je le frappe, encore et encore, jusqu'à ce qu'il crache du sang.

- Parle, dis-je froidement. Comment êtes-vous arrivé ici ? Qui vous a envoyés ?

Il ne répond pas. Il reste silencieux, et cela m'exaspère encore plus. Je lui assène un nouveau coup de poing dans l'estomac et malgré ses halètements de douleur, il décide de garder le silence.

- Je t'ai dit de parler, non ? Ou préfères-tu une méthode plus violente ?

Il ne me regarde même pas. Leur loyauté à l'égard d'Inimia ou d'un royaume longtemps disparu m'étonne toujours. Ces gens devraient apprendre à vivre dans le présent, vivre dans le passé leur coûtera la vie, c'est une promesse que je leur fais.

- Je peux t'arracher les membres, un par un, et ensuite je te guérirai, juste pour te torturer, encore, et encore, et encore, dis-je en souriant d'un air mauvais.

L'homme me regarde avec colère, ose-t-il encore faire cela ? Il n'y a pas la moindre trace de peur dans ses yeux. Ils nous détestent vraiment plus qu'ils ne nous craignent.

Face à son silence, j'appelle un garde afin de venir lui arracher un ongle. Je me place en dehors de la cellule, pour éviter de tacher mes vêtements, là où m'attendait Della.

- Ferme les yeux et bouche toi les oreilles, princesse.

Elle hoche la tête, le visage impassible. Je déteste cela, son visage sans émotions. Je déteste qu'elle cache ce qu'elle pense, ce qu'elle ressent. Elle pourrait être en train de souffrir, et je ne le saurais pas. Je déteste qu'elle soit aussi bien à cacher ses émotions.

Le garde me regarde et attend mon signal. Lorsque je lui fais un signe de tête, le cri qui a suivi l'arrachement de son ongle fait froid dans le dos. Le travail fait, je m'avance de quelques pas, fixant l'homme avec dédain.

- Ai-je prouvé à quel point je suis sérieux ? Lui demandé-je. Vas-tu parler à présent ? Sinon, il te reste encore neuf ongles.

Il halète fortement, gémissant de douleur. Je fais un signe de tête au garde afin qu'il puisse poursuivre avec le prochain ongle. Alors qu'il s'approche du rebelle, celui-ci crie, nous suppliant d'arrêter. Ses yeux se dirigent douloureusement vers l'endroit où se trouve Della, comme s'il la suppliait de se souvenir. D'arrêter cela.

Hélas pour eux, Della est mienne. Elle a sa place à mes côtés, à Althea, et je ne permettrai à personne de me la prendre.

- Je vais parler, dit-il enfin, je vais parler, mais seulement avec vous... le prince et la princesse. Personne ne peut savoir ce que je dirai. Je vous en prie.

Je regarde mes gardes et je leur fais un signe de tête pour qu'ils partent immédiatement. Je suis ici pour protéger Della, leur présence était donc inutile. Et les informations que ce rebelle va partager pourraient être importantes, je ne peux les laisser à personne.

Della se place très près de moi, et je peux constater à quel point elle se sent en sécurité auprès de moi.

- Parle, dis-je froidement. Qui t'a envoyée ? Quel était ton but ?

- Nous... Nous allions capturer la princesse et la ramener chez elle, à Inimia, dit-il avec culpabilité.

Je serre les poings. J'étais à deux doigts de la perdre, je la préférerais tuée, que de la laisser retourner dans son ancien royaume, qu'elle me déteste à nouveau, qu'elle m'envoie à nouveau des mercenaires - même si c'était amusant pendant un temps... parce que je ne la connaissais pas.

J'ai mis un nom et un visage sur celle que j'ai essayé de tuer pendant des années, le mystère a pris fin, et ce n'était pas la partie la plus excitante. Comment revenir à la normale quand je sais exactement comment elle sent, quel est le goût de ses lèvres, comment son corps se sent dans mes mains, comment les sons qu'elle émet me donnent encore plus envie d'elle ? Je ne peux pas.

- Est-ce le roi qui a ordonné cet enlèvement ? Lui demandé-je.

S'il l'a fait, je peux demander un mandat contre le Roi pour avoir tenté d'enlever l'héritière d'Althea, la princesse héritière, ma femme. Cela peut conduire à une grande guerre, impliquant plus que nous et eux.

- N-Non... ce n'est pas lui, dit-il, la voix tremblante. Il s'agit d'une personne proche de vous, mais si je vous le révèle, il me tuera.

- Et si tu ne me le dis pas, je te tuerai, le menacé-je, le ton froid.

- ... Il ne nous a pas dit son nom, il a une grande cicatrice sur le visage, et c'est votre commandant en second, dit l'homme. Il a même forcé la princesse à tuer l'un d'entre nous, pour vous prouver encore plus qu'il est de votre côté, c'était une ruse.

Et la description qu'il m'a faite ne correspondait qu'à un seul nom...

- Beau mensonge, dis-je en riant, me prends-tu pour un imbécile ?

- Non... Croyez-moi, il nous a même dit qu'il allait envoyer une lettre au roi d'Inimia au sujet de la princesse ! Plaide-t-il. Il allait l'envoyer demain, alors vous pouvez la trouver dans sa chambre, ou dans n'importe quel espace privé qu'il possède !

Je n'ai pas attendu une seconde de plus avant de lui planter ma dague dans le cœur, le regard noir.

L'ombre écarlateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant