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Nous avons passés le reste de la soirée à parler du passé d'Azref. J'ai appris plein de choses sur son enfance, je pensais que rien ne me serait utile, mais au fur et à mesure, il m'a donné des informations dont j'ai le sentiment qu'ils sont important. Il me racontait comme il était heureux dans son enfance avec sa mère, comme ses parents s'aimaient...

Puis, son père aurait commis un acte impardonnable envers mon peuple - je devrais le rechercher - et sa mère aurait appris cela. Ils se sont disputés, sa mère exprimant son refus d'être complice de ses actes, et lui affirmant que c'est pour le bien d'Althea.

À la suite de cela, son père a amené sa mère quelque part. À leur retour, la mère a totalement changé. Je pense qu'elle est tombée en dépression, tentant de le cacher à son fils... personne ne croyait que la reine d'Althea pouvait aller mal.

Elle a sombré petit à petit dans la folie, et cela a été causé par le père. Que lui a-t-il fait lors de cette sortie ? Je dois absolument le découvrir.

- Je pourrais la visiter, proposé-je à Azref.

- Quoi ? Dit-il, surpris face à ma proposition. Non... non, elle est trop dangereuse...

- Tiens-tu plus à ma vie qu'à celle de ta mère ? Lui demandé-je. Azref, elle pourrait être dangereuse, elle pourrait me faire du mal... mais elle pourrait également guérir. Je suis une personne extérieure, et plus encore, une femme. Elle a besoin de se sentir réconfortée.

Il soupire. Je sais qu'il déteste cette idée, je sais qu'il a peur. Plus pour sa mère ou pour moi ? Je n'en sais rien. Je suis un précieux atout pour lui, il ne veut donc pas me perdre... et en même temps, il veut saisir toutes les occasions qui peuvent profiter à sa mère.

- ... D'accord. Je suppose que tu peux y aller maintenant, mais... Il vaudrait mieux que tu attendes la semaine prochaine, le temps que ta blessure guérisse, me propose-t-il.

- Je vais bien, je peux y aller, lui dis-je.

Il acquiesce en soupirant. Il doit avoir l'esprit plein en ce moment, son hésitation est évidente. Toutefois, je me lève et il se lève avec moi. Nous nous mettons à marcher hors de notre appartement, et nous nous dirigeons vers le couloir. Il n'y a personne, c'est silencieux. Je suppose que c'est pour cela qu'il a proposé de partir maintenant, pour que personne ne puisse nous voir.

Nous parcourons pendant plusieurs minutes de nombreux couloirs qui semblent secrets, puis nous arrivons dans un endroit complètement différent. Cela ressemble à un petit palais, quoique vide. Si le palais principal est plein de luxe, celui-ci ressemble à une maison hantée. Et sa mère en est le fantôme.

- C'est cette chambre, me dit-il. Je t'attendrai ici, s'il te plaît, sois prudente et crie s'il y a quoi que ce soit.

J'acquiesce, ne comprenant pas pourquoi il ne peut pas entrer. Mais c'est bon pour moi. Je voulais de toute façon lui parler seule à seule. Il a dû lui être interdit de la voir après qu'elle l'a poignardé la dernière fois.

Je respire profondément et ouvre lentement la porte. C'est sombre. Je pénètre à l'intérieur de la chambre, et ferme la porte derrière moi. C'est silencieux. Terriblement silencieux. La seule lumière qu'il y a est celle de la lune. Elle éclairait une femme, allongée sur une sorte de petit lit près de la fenêtre.

Je m'approche d'elle, afin de vérifier si elle ne dormait pas.

Je m'arrête à quelques pas du lit, hésitante à perturber le silence qui enveloppe la pièce. J'observe attentivement la figure immobile, mais après un instant, je décide qu'il serait peut-être mieux que je m'en aille. Je viendrais la voir un autre fois.

Alors que je me tourne pour m'en aller, une voix m'interrompt.

- Qui êtes-vous ?

Surprise par la voix fragile et étonnamment claire dans cette chambre silencieuse, je me retourne lentement pour faire face à la mère d'Azref. Ses yeux confus sont fixés sur moi.

- Un ange... ?

Je m'approche d'elle à nouveau, alors que ses yeux m'étudient. Elle est si maigre, et son regard est d'autant plus faible. Je ne vois rien de plus qu'un cadavre vivant. Et ce regard s'agrandit soudainement, ses mains qu'elle vient de tendre vers moi se mettent à trembler.

- Grande... Grande Reine ?

Elle tente de se relever,  mais son corps est trop faible en cet instant, elle pouvait à peine soulever son bras. Je ne dis rien, attendant qu'elle dévoile sans le vouloir ce que je cherche à savoir. Cependant, à ma surprise, elle se met à pleurer.

- Je suis désolée, si désolée, Grande Reine... Dit-elle, sanglotante. J'ai commis la même erreur que vous...

- Quelle erreur ? Dis-je doucement.

- Je l'aimais, je l'aimais profondément ! Je pensais qu'il changerait, que son cœur s'adoucirait et que je pourrais les sauver... !

Je fronce les sourcils, elle aimait le Roi, mais quoi d'autre ? Sauver qui ? Ma tête se remplit de questions. Quel est l'endroit où il l'a emmenée ? Que s'est-il passé ce jour-là ? Qu'est-ce qui a pu lui faire perdre la raison ?

- S'il vous plaît, s'il vous plaît... pardonnez-moi. Je suis faible, je n'ai pas pu les sauver ! Ils sont tous morts ! Ils ont tous péri parce que je n'ai pas pu l'arrêter !

Elle s'accroche soudainement à moi. Elle n'a pas l'air de vouloir me faire du mal. Elle pense véritablement que je suis la Grande Reine - probablement à cause de mes cheveux - et je dois jouer le jeu.

- Dis-moi ce qui s'est passé, dis-moi ce que tu as vu... lui murmuré-je.

Elle retire ses mains de moi, et à la place, elle tient fermement ses cheveux et tire dessus. Elle secoue la tête en pleurant.

- Je ne peux pas... C'était si terrible... Si horrible... Dit-elle, sa voix tremblante, ses yeux écarquillés. Ah... Pitié... Pardonnez-moi...

Je le sens mal, cette histoire. Quelque chose de sombre se cache derrière tout cela, quelque chose que le Roi a commis contre mon peuple, quelque chose qu'elle a témoigné, et le poids de sa conscience lui était trop lourd à supporter.

- Je te pardonne, lui dis-je, pour la calmer. Ne porte pas le péché d'autrui, reine d'Althea. Le poids de ta conscience t'est assez.

Elle relève la tête vers moi lentement, surprise. Lui ai-je réellement pardonné ? Tout dépend de la gravité de la chose, et du rôle qu'elle a joué dedans. Cependant, je dois réussir à la faire reprendre raison pour obtenir des réponses...

Et finalement, aujourd'hui, j'ai compris quelque chose... Azref, il est comme moi. Il ne mène pas ce combat par cupidité et par cruauté, il le mène pour quelqu'un. Je me bats pour ma sœur, il se bat pour sa mère.

J'aurais dit qu'il est moi, si seulement il n'avait pas été du côté de l'oppresseur.

L'ombre écarlateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant