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La tension commençait à monter dans la salle de réunion. Ma patience arrive à bout.

- C'était une erreur d'exécuter Sardor, dit un homme. Nous avons perdus un atout précieux.

- Montrez-vous de la pitié envers un traître ? Rétorqué-je. Aurais-je dû le laisser vivre ?

- Nous ne pouvons être sûrs qu'il soit réellement un traître. Personnellement, je n'y crois pas. Je ne fais pas confiance à cette sorcière d'Inimia, dit un autre. Cette femme est le diable incarné, ne voyez-vous pas que tout se passe étonnamment mal depuis son arrivée ?

Tous était d'accord avec lui. Je frappe du poing sur la table, en levant la voix sur eux. Je patiente... mais Della est la ligne à ne pas franchir.

- Faites attention à comment vous parlez de ma femme, dis-je froidement, je n'hésiterais pas à vous couper cette chose qui vous sert de langue.

Ils se taisent. Leur confiance s'est réduit en miettes, remplacé par la peur que j'exécute mes menaces. Si je peux mettre fin à la vie de mon ami d'enfance, quel garantie ont-ils qu'ils ne seront pas les suivants ?

- Il serait mieux pour vous de l'accepter enfin, la princesse d'Inimia est ma femme et la future reine d'Althea, dis-je en me relevant.

Leurs regards me suivent, incapable de prononcer un autre mot au risque de me mettre en colère.

- La réunion est terminée,claré-je. Je vous communiquerai mon choix du remplacement de Sardor dans les prochains jours.

Je n'attends pas leur réponse pour m'en aller. Il est assez tard. Della doit être revenue depuis un moment. Je ne sais toujours si j'ai fais le bon choix de l'envoyer voir la mère de Sardor. Mais cette pauvre dame aurait pu avoir besoin d'aide. Elle n'a à payer pour les péchés de son fils.

J'arrive alors devant notre chambre, là où je vois la servante de Della, faisant les cents pas, inquiète. Je m'approche d'elle et tente d'ouvrir la porte, que je trouve verrouillée.

- Votre Altesse, la princesse s'est enfermée et elle ne répond pas... me dit sa servante, soucieuse.

Je toque à la porte, tente de l'ouvrir à nouveau, appelle Della... elle ne répond pas. C'était une mauvaise idée. Je n'aurais pas dû l'envoyer. Della n'est déjà pas bien, que m'a-t-il pris de l'envoyer ?

Je me mets à courir vers mon bureau, ouvrant la porte qui me mène à notre chambre. Je m'avance rapidement et entre à l'intérieur. Je la vois là, dans le salon, assise sur le sofa, le regard vide.

- Della !

Je me mets à genoux face à elle, tenant son visage afin qu'elle me regarde. Une coquille vide... c'est ce que je vois face à moi. Une simple coquille vide.

- Ta servante m'a prévenue de ton état, lui dis-je doucement. Dis-moi, princesse, que t'est-il arrivé ?

Elle ne répond pas. Elle me regarde à peine. Son corps retombe sur le mien, et la serre fortement dans mes bras. Après un moment, je la repose sur le sofa avant de me relever. J'ouvre la porte de la chambre et reviens la porter dans mes bras.

Doucement, je l'amène à notre lit et la dépose délicatement. Elle se tenait toujours à moi, refusant de me relâcher.

- Tu peux te reposer, Della... dis-je doucement. Je ne te lâcherais pas, je te le promets.

Elle hoche la tête et son corps devient de moins en moins tendu. Je ne peux cesser de me demander ce qui l'a mis dans cet état, mais je sais bien qu'elle ne me dira rien. Est-ce de la culpabilité ?

Pour le moment, je dois penser à son confort. Je décide alors de la déshabiller, la robe qu'elle portait étant lourde et désagréable à s'endormir avec. Je commence par déboutonner l'arrière de sa robe, doucement et lentement.

Elle se laisse faire sans grandes difficultés, ce n'est pas la première fois que je vois son corps et elle portait une chemise en dessous. Je retire alors totalement sa robe, mais une chose me retient. Son dos... une chose dépassait de son dos.

- Azref... murmure-t-elle.

Mon regard se fixe sur cette chose, et remarque qu'elle est ancrée sur sa peau. Comme... comme une cicatrice. Je fronce les sourcils. Cela n'a aucun sens. Une cicatrice dans le dos ?

Lorsqu'elle a compris ce que je regardais, elle commence à se débattre, à attirer mon attention vers elle. C'est là que j'ai remarqué une chose... je n'ai jamais vu son dos. Même durant nos moments intimes, elle le cachait, ne me laissait jamais le voir. Trop épris par le moment, je n'ai jamais plus attention que cela.

- Azref, dit-elle, cette fois sa voix plus dure.

Elle semble avoir repris ses esprits. À cause de cette chose sur son dos. Je ne pouvais pas reculer. Malgré le fait qu'elle se débattait, je relève sa chemise et découvre son dos entier. Les yeux écarquillés, je le vois enfin... ce qu'elle me cachait.

Des cicatrices.

Elles recouvraient tout son dos. Certaines étaient plus foncées que d'autres, certaines rouges, d'autres proche de la couleur de sa peau. Mon cœur cesse de battre, lorsque mes doigts les touchent. Elles sont réelles.

- Della... dis-je les yeux écarquillés, sombres. Della, que t'est-il arrivé ?

Elle ne répond rien.

- Qui t'as fais cela ?

Elle ne répond rien encore.

- Della ! Dis-je avec un sentiment d'urgence. Réponds-moi ! Qui dois-je faire payer ? Qui dois-je tuer ?

Son corps tremble à nouveau. Cela ne peut pas être quelqu'un d'ici... certains cicatrices datent de plusieurs années, alors... sa famille ? Sa famille à Inimia ?

Les cicatrices ne sont pas anodines. Certaines ressemblent fortement à des coups de fouets.

- Je ne sais pas, dit-elle en pleurant. Je ne m'en rappelle pas.

Je me tourne vers elle, sentant mon cœur brûler de rage. C'est sans aucun doute sa famille. Elle a sacrifié sa vie tant de fois, se mettant entre mes mercenaires et eux.... et c'est ainsi qu'ils la remercient ?

- Je sais seulement que je dois les cacher, je suis hideuse...

- Non... dis-je, ma voix s'adoucissant. Non, tu n'es pas hideuse. Tu... tu es magnifique, mes yeux ne voient que toi... Della...

Je me baisse et embrasse ses cicatrices, une à une. Malgré tout, je garde en tête notre vengeance. Je n'aurais aucune merci envers cette famille, aucune... pour tout ce qu'ils ont fait subir à ma femme.

Ils comprendront alors que s'en prendre à Della, est bien plus terrible que s'en prendre à mon royaume.

Elle pleure toujours dans mes bras, alors que je la serre fortement. Mes plans ont changés... je ne lui ferais aucun mal. Je tuerais sa famille pour elle, et je la garderais à mes côtés pour toujours.

Les six mois déjà passés, le roi s'en prendra bientôt à elle. Lui aussi, je mettrais fin à sa vie avant que ses mains ne puissent la toucher.

- Je crois... commencé-je. Je crois que je suis tombé pour toi. Je suis amoureux de toi, princesse Della...

Ma confession est arrivée tardivement, ses yeux étant déjà clos, son corps ayant déjà sombré dans un sommeil profond.

L'ombre écarlateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant