Chapitre 58

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~ Emeraude ~ 

Du monde. Beaucoup trop de monde.

Julie attrape ma main qu'elle presse entre ses doigts avant de m'entraîner à sa suite. Elle zigzague entre les passants sans leur prêter attention alors que moi je suis totalement paniquée. Jamais il n'y a eu autant de monde autour de moi. Les gens me bousculent, parlent, crient, chahutent et rigolent entre eux sans me voir. Même si personne ne me regarde, j'ai l'impression que tous les yeux sont braqués sur moi.

- Julie, soufflé-je en m'arrêtant après être pris une énième personne en pleine face.

Mon amie s'arrête et se tourne vers moi. Elle ne comprend pas de suite mais des que ses yeux rencontrent les miens, Julie se rapproche de moi et encercle mon visage entre ses mains.

- Regarde-moi Emeraude. C'est comme la dernière fois, rien n'est différent.

- Il... il y avait moins de... de monde la dernière fois.

- Normal, les centres commerciaux sont bondés le week-end et nous ne sommes pas au même endroit que la dernière fois. Mais ça ne change rien, tout va bien. Je suis là et personne ne viendra t'embêter. On va simplement faire chauffer la carte bancaire je Dominic t'a donné et remplir ta garde de robe pour l'été. Tu sais qu'on est bientôt en juillet et qu'il fait très chaud à cette période. Il va falloir ranger tes sweat dans un placard et enfilé des débardeurs.

Super ! Tout ce que j'avais besoin d'entendre. Devoir me balader en débardeurs ? Même pas en rêve.

- Ne me laisse pas toute seule, me contenté-je de répondre.

- Promis.

Julie récupère ma main, entrelace solidement nos doigts et m'attire dans un premier magasin. Sans me lâcher, Julie arpente les rayons, chope certains fringues qu'elle colle contre ma poitrine pour s'assurer que c'est la bonne taille avant me le donner pour « aller l'essayer en cabine » comme elle dit.

Quand j'étais adolescente j'adorais faire les magasins avec Lexie. On pouvait passer des heures dans les cabines d'essayage à rendre folle les vendeuses qui nous ramener toujours plus de fringues. Je me souviens du nombre de fous rire qu'on a pu avoir. On parlait pensant des heures en essayant des vêtements l'une après l'autre, on finissait toujours par défiler dans les cabines d'essayage privées et une fois que les vendeuses n'avait plus de vêtements à nous proposer, nous passions en caisse et continuions notre virée dans le magasins suivant. Une fois qu'on n'en pouvait plus, on rentrait à la maison avec une tonne de sacs et quelques milliers d'euros en moins sur notre compte bancaire.

A cette époque j'aimais ma vie, et j'aimais faire du shopping.

Aujourd'hui ce n'est plus le cas, le monde qui m'entoure est devenue une source de stress, j'ai cette impression d'être tout le temps observée et suivie pourtant je veux vraiment aller mieux et retrouver la vie si simple que j'avais avant. J'essaie de faire bonne figure et de me fondre dans la masse en arborant un visage impassible tout en suivant Julie.

Une fois que mes mains déborde de vêtements et que Julie a finit son petit tour des rayons, elle m'entraîne jusqu'au cabine pour que j'essaie le tout.

- Je n'essaie pas ça, Julie, lui dis-je à travers le rideau.

J'ai, dans les mains, un minuscules débardeurs qui ne couvrira absolument pas mon corps. Le décolleté semble plus que plongeant et le top est trop court pour couvrir mon nombril. Même pas en rêve, personne ne me verra habillé de la sorte. Mes fringues doivent me cacher, pas m'exposer.

Don't cryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant