Bien sûr, c'est ce qu'il se dit, en théorie. La nature, il l'a bien forcée depuis le début. Cependant, lorsque Damian lui annonce que Doudou les a invités à manger un weekend, Charles craque.
« J'ai entendu des choses. Doudou – elle m'a parlé de toi. » Damian et Charles sont séparés par l'îlot au milieu de la cuisine. « Ça ne m'étonne pas, elle ne peut pas garder sa langue dans sa poche. » Damian s'amuse mais Charles pense qu'il ne saisit pas très bien l'implication de ses révélations.
« Pourquoi tu ne m'as jamais parlé de ta vie amoureuse avant ? » Charles arrache le pensement d'une traite, sans patience. Les yeux de Damian s'écarquillent et il émet une onomatopée de choc.
« Et toi alors ? Tu l'as fait peut-être ? Et jamais tu ne m'as parlé de ta famille, pourtant je vois dans tes yeux que tu me mens quand tu dis : on n'est pas proche c'est tout. » Charles est acculé, « Ça n'a aucun rapport Damian ! »
Damian lève les mains au ciel et son visage se colore de rage. « Aucun rapport ? Mais tu te fous de ma gueule ? Donc moi je dois te raconter ma vie, de nulle part, par contre toi quand je te questionne, tu es exempté ? » C'est au tour de Charles d'élever la voix. « Pourquoi tu me mets là-dedans, je parlais de toi ! »
Damian lance le téléphone qu'il avait à la main sur la surface en granite violemment, le son résonne, « Et bah peut-être que je t'en aurais dit plus si tu avais partagé un peu aussi ! Et peu importe, c'est du passé. » Charles fronce ses sourcils et soupir de plus belle, « ET c'est ma vie aussi, pas la tienne. »
Charles reçoit ce coup en pleine poitrine, finissant paralysé sur place. Damian attrape une bière brusquement et les bouteilles à l'intérieur de la porte du frigo s'entrechoquent. Charles essaye de le retenir au moment où il le croise. « Damian, attends, je ne voulais pas te- »
« Et la cicatrice sur le long de ton bras ? Chaque jour, je dois faire semblant de ne pas la voir parce que chaque jour, ça me détruit de savoir ce que tu as dû traverser. »
Les yeux de Damian brillent et lorsqu'il baisse la tête de petits ronds transparents reflètent la lumière sur le carrelage. Charles préférerait perdre Damian à tout jamais que de le voir triste, encore moins de savoir que cette tristesse provient de lui. Charles se saisit de la bouteille de Damian, prend sa tête dans ses mains et vient plaquer son visage dans le creux de son cou. Son t-shirt est mouillé instantanément.
« Pourquoi on est comme ça Charles ? Dis-moi pourquoi c'est si dur avec toi ? Pourquoi je n'arrive à rien. »
Peut-être étaient-ils tellement brisés par la vie, au point de ne pouvoir former une relation normale. Pourquoi était-ce si difficile de dire la vérité, de s'engager, de laisser libre cours à la personne qu'on aime, de la guider vers le chemin de son cœur. Pourquoi même était-il, non seulement impossible de le dire à voix haute, mais aussi de l'accepter soi-même. L'attirance et la fascination pour l'autre sont-elles trop massives pour faire fonctionner correctement leurs cerveaux.
Après plusieurs minutes, Damian semble être un peu calmé et Charles l'attire dans la chambre. Charles l'allonge sur le lit et vient enlacer son dos. Damian caresse doucement sa main et sa respiration s'approfondie.
Ils se taisent à nouveau, mais maintenant leur silence se transforme en sommeil. Ils s'emboîtent parfaitement, leurs respirations se synchronisent jusqu'à ce que Charles attende la voix de Damian lui parler, et qu'il se réveille et écoute. Cela durera des heures, parce que Damian est parfois incapable de continuer et Charles doit le retourner et le serrer fort pour qu'il puisse respirer de nouveau.
Charles entend des histoires imaginables, abominables, et il voudrait lui dire de se taire, ne plus parler, qu'il ne pourra vivre avec la notion que des gens ont fait souffrir Damian. Charles doit chercher au plus profond de lui, trouver cette once de courage qui peut contrer cette envie de se boucher les oreilles.
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L'amour, l'amour, l'amour
FanfictionCharles ne se souvient plus qui lui a parlé de Damian. Peut-être Morgan ou Gaël, ou même Antoine, arrivé sensiblement au même moment. Peut-être venait-il d'allumer la télévision au hasard pour assister à ses débuts à Clermont. Il ne s'en souvient to...