Chapitre 7

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Avoir du mal à s'endormir après un grand match n'est pas nouveau pour Damian – ils ont eu tellement de matchs incroyables ce tournois seulement, du genre qui font monter l'adrénaline, le sang pompe comme des rapides d'eau vive sous la peau. Mais ce soir, ce n'est pas l'euphorie qui fait que Damian se retourne et se re-retourne. Ils sont éliminés de la Coupe du Monde.

Il a une douleur sourde au creux de son estomac et la tête encore embrumée de larmes. Il avait réussi à les garder sous contrôle, pour la plupart – debout tranquillement pendant les félicitations, le visage vide – mais à la minute où tout le monde était rentré dans le vestiaire, elles arrivaient comme un barrage éclaté. Un torrent chaud et haineux sur ses joues jusqu'au menton, et la plus misérable des consolations pour lui, au moins, il n'était pas le seul submergé d'émotion. Du coin de son œil il pouvait observer Romain, la tête dans les mains secouant légèrement au rythme de ses sanglots. Antoine posa sa main délicatement sur sa nuque dans un semblant de réconfort que lui-même ne croyait pas.

Charles était resté stoïque à côté de lui, mais pressé contre son côté et tenu fermement comme un ressort enroulé, sa main englobant l'arrière de son crâne. Le poids de son corps contre lui avait réchauffer un peu le cœur, le rappel qu'il ne souffrait pas seul, au moins.

C'est peut-être, pense Damian, ce qui lui manque maintenant.

Il peut entendre la respiration lente et régulière de Charles à l'autre côté de la chambre. Thomas et Tao étaient partis avec femmes et enfants, Damian s'était donc inséré dans ce lit opposé sans grand commentaire de Charles. Il a l'air de dormir, de rêver profondément, et c'est un caprice d'enfant à quel point Damian voudrait aller là-bas et le réveiller, pour exiger que Charles s'assoie avec lui et lui offre un peu de réconfort dont Damian aspire. Après ce qu'il s'est passé dans ce débarras, il est étonnant de se dire que Damian est gêné d'enlacer Charles, même après tout ce qu'ils ont fait derrière cette porte. Peut-être le contexte de cette intimité rend les choses plus étranges. Mais peut-être que le contexte de la compétition rend les choses plus simples.

Damian pousse un énorme soupir et se laisse tomber sur le dos. Il essaie à nouveau de trouver le sommeil encore un peu, mais la tristesse est trop lourde, écœurante au fond de sa gorge jusqu'à ce qu'il ait l'impression de ne mêle plus pouvoir respirer. La meilleure chose à faire serait de laisser Charles dormir, Damian est un grand garçon, il peut se gérer tout seul.

« Charles ? » demande Damian, dont la bouche ne pouvait plus être contrôlée par son esprit. L'instinct de désespoir prit le dessus, comme l'impression de devenir fou à tourner dans ses draps tel un poisson dans son bocal.

Sa voix est si faible qu'elle est presque rongée par l'espace sombre entre leurs lits. Mais après un moment, Damian entend Charles bouger, ses draps bruissant, et il ferme les yeux de gratitude.

« Ouais ? » la voix de Charles est grave et les paupières de Damian battent avant qu'il ne les rouvre. Il y a une fente dans les rideaux, là où ils ne les avaient pas bien fermés plus tôt, et un sombre rayon de lumière pénètre à travers l'espace. Damian peut voir le contour du corps de Charles sous les draps, toutes les fissures et crevasses de lui éclairer ne bleu nuit comme un coucher de soleil alpin.

« Désolé. », dit Damian, se sentant soudainement étouffé. « Tu dormais, je n'aurais pas dû- »

C'est vrai qu'il n'aurait pas dû, mais les yeux de Charles sont sombres et doux alors qu'il regarde Damian, et Damian, lui, n'est pas un homme assez fort pour essayer de prétendre qu'il n'a pas besoin de ça, pour le moment. C'est intriguant, il y a quelques semaines, il branlait Charles sans grande inquiétude, et maintenant il avait honte de vouloir un câlin.

L'amour, l'amour, l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant