L'amour, l'amour, l'amour

Chapitre 14

Sa mère aurait dit rebelotte. Et Charles décide d'élire domicile chez Damian et Damian ne s'y oppose pas. À l'image d'un court laps de temps durant la pandémie, Charles et Damian se retrouve à vivre ensemble. Mais cependant, cette fois-ci est différente pour une multitude de raisons. L'angoisse, le stress, le fardeau qu'il trainait derrière eux a disparu. Relâchés de toutes appréhension, lavés de tout préjugés, Atlas avait décidé de laisser tomber la terre et monter la colline seul, sans problèmes.

Ils savent qu'ils sont ici ensemble et c'est tout ce qu'il faut, c'est tout ce qu'il suffit.

Cela fait trois mois que Charles est là. « Au bout de ce dentifrice », dit-il. « À la fin de cette bouteille » et « À la fin de ce repas, je repartirai ».

Charles ne semble jamais en avoir assez de Damian, et il ne veut pas non plus. Dans l'obscurité de la nuit, endormi contre son épaule, il pense que c'est cette fin pour lui. Comme une normalité l'embrase un peu plus tous les jours. Dans sa vie, il y a que Damian et le rugby. Ce n'est pas spécialement une nouvelle vie pour lui non plus.

Sa rééducation ne va pas à son mieux, sûrement que s'il se reposait plus et prenait soin de sa blessure, pourrait-il récupérer plus vite. Mais Charles aime la vie, arpenter les rayons et les marchés, grimper les paysages de Clermont. Il aime chercher des nouveaux rideaux assortis aux draps de la chambre, trouver la fleur qui complémentarisera parfaitement la couleur des yeux de Damian. Il aime préparer ses petits plats, tester de diverses recettes et lire à travers les compliments de Damian lorsqu'il n'aime pas quelque chose. Il aime le déposer et venir le chercher à l'entrainement. Saluer ses coéquipiers, il en connait quelque un et découvre le reste, mais peu importe, il invite toute cette petite tribu à la maison.

Tout le monde est au courant et il s'en fout. Ce rôle de femme-homme-copain-planQ au foyer, il l'apprécie plutôt bien. Et Damian, une surgie de joie et fierté le domine lorsqu'il présente Charles, même si ce n'est qu'en simple ami.

Charles se découvre une passion pour le whisky, enfin plutôt, il essaye. Bien qu'il trouve le gout dégueulasse, l'odeur répugnante et l'aspect pisse déshydratée peu attrayant, il s'y adonne quand même, après tout c'est un passe-temps de personne raffinée et distinguée. Il essaye également de convaincre Damian, sans grand résultat, tous finissant simplement ivre.

« Tu le trouve bon celui-là ? » Damian tire une gorgée, son œsophage déjà en feu de part les précédents verres. « Ouais je ne sais pas. » Ses mots sont virevoltants, sa bouche retenant trop de salive.

« Et celui-là ? » Charles attrape une gorgée d'un verre provenant originalement d'un pot de moutarde, les dessins de Lucky Luke rendant bien hommage au whisky 15 ans d'âge. « T'as intérêt à bien l'aimé celui-là, il m'a couté une blind ce con. »

Damian laisse le liquide orangé toucher ses lèvres et ne peut s'empêcher de fixer celles de Charles, encore brillante. « C'est ok. »

Charles s'esclaffe, « Ok, c'est tout ?! » il rit à en faire raisonner les bouteilles.

« Attends, je veux regoutter. » Charles s'attends à le voir remettre le verre à sa bouche. Mais soudainement de délicieuses lèvres viennent se coller aux siennes. Aussi surpris qu'heureux, Charles ressent dans son corps la même sensation de chaleur que lui procure le whisky. Damian s'y met avec ferveur, lèche les parois de sa bouche, il trace ses dents, suce sa langue et Charles ne peut pas suivre, il ferme les yeux et se laisse dévorer.

« Vient on danse. » Charles réouvre les yeux, Damian le tire par la manche.

Un rythme régulier et incessant commence à retentir dans les haut-parleurs, et Damian se lève et se dirige vers l'interrupteur, atténuant encore plus les lumières de la pièce. Changeant à nouveau l'atmosphère de la pièce et la lumière de la lune vacille sur son visage. Ensuite, le riff de guitare ondulant entre en jeu et les hanches de Charles commencent à se balancer. Il sait que son genou lui fera mal demain, mais il s'en fout.