Chapitre 6-2

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Dès qu'elle se retrouva enfin à l'extérieur, elle eut la sensation de se prendre une gifle invisible en plein visage, tant la lumière blanche du jour contrastait avec les lumières chaudes des bougies. Son corps s'était contracté de part et d'autre, luttant avec acharnement contre le froid qui telles des aiguilles venait percer sa peau. Pourtant l'adrénaline qui coulait dans ses veines la poussa à s'engager sur le tapis de neige qui brûlait la plante de ses pieds nus à chaque craquement.

Durant sa course folle l'éloignant des portes qui à sa grande surprise s'étaient refermées derrière elle, elle rabattit ses bras contre sa poitrine tentant vainement de se protéger de la bourrasque glaciale qui fit virevolter ses longs cheveux. Ses lèvres tremblantes échappèrent sa respiration haletante qui se transforma en des volutes de fumée, tandis que ses mains frottaient frénétiquement les épaules dans l'espoir de ne pas laisser réduire sa température corporelle.

Lorsqu'elle arriva à l'orée de la forêt, ses pas se stoppèrent immédiatement, alors que son regard fut attiré par cet étrange feuillage hivernal qui arborait une curieuse coloration turquoise qui étincelait de mille feux grâce aux flocons de neige qui s'étaient changés en goûte d'eau. Son souffle qui quelques minutes plus tôt, se faisait précipité, se calma aussitôt, tout autant que ses peurs. Elle était vraiment subjuguée par cette beauté irréelle qui ne ressemblait en rien à ce qu'elle connaissait de la nature auparavant. Bien que ses orteils la fissent souffrir le martyre, elle déambula parmi les arbres aux troncs orangés qui contrastaient parfaitement avec les couleurs froides de leurs feuilles, si bien qu'elle avait l'utopie d'enfin se sentir en sécurité.

C'est à cet instant que la fatigue la frappa de plein fouet, faisant vaciller son corps. Elle posa péniblement l'une de ses mains contre le bois dont à son contact, un faible sourire se peignit sur ses lèvres, tandis qu'elle avait l'impression de ressentir sa sève pulser en son sein. Sans vraiment réaliser la dangerosité de son geste, elle se laissa tomber contre lui, permettant à la neige d'humidifier sa chemise, alors que les flocons chutant entre ses feuilles venaient se déposer avec délicatesse sur ses joues rouges et sur ses longs cils. Comme s'ils commençaient à devenir trop lourds pour ses paupières, celles-ci se fermèrent peu à peu, abandonnant Aldna dans un sommeil paisible contre le fin duvet de l'écorce et cela malgré le tremblement de ses muscles et de sa peau brûlée par le froid. Ses doigts profondément enfoncés dans la chair de ses bras étaient si engourdis qu'ils relâchèrent leur prise pour s'effondrer pesamment au sol brisant le tapis blanc dans un craquement sourd, tandis que sa respiration se faisait de plus en plus incertaine, tout comme si elle avait l'illusion que de la glace figeait ses poumons.

Un sourire triste apparu sur son visage, alors que la silhouette réconforte de son frère aîné s'était agenouillé devant elle. Sa main chaude et rassurante se glissant contre sa joue, soutenant sa tête qui était sur le point de lourdement tomber vers l'avant.

— Je suis désolée, Dallenan, expira-t-elle en un murmure du bout des lèvres.

Elle ne se sentit nullement vexée, de ne recevoir aucune réponse de sa part, car son esprit plongeait un peu plus dans l'obscurité. Elle réalisa à peine que son corps quittait le sol froid, soulevé par ses bras qui la couvrirent d'une chaleur agréable et réconfortante, tandis que son âme sombra dans l'inconscience.

Sa conscience revenant peu à peu à la vie, elle bougea mécaniquement ses doigts douloureux qu'elle laissa vagabonder contre une texture chaude et soyeuse. Un léger rictus se peignit au coin de ses lèvres, tandis qu'une grande main se glissa sur sa joue, lui offrant un instant de bien-être et de plénitude. Une douce odeur d'eau fraîche et de fleur vint s'insinuer dans son nez, lui donnant l'illusion d'être enveloppé par une brise printanière.

— Je crois qu'elle reprend connaissance, résonna une voix chaude et rassurante près de son oreille qui la faisait se sentir en totale sécurité.

Cherchant à calmer sa curiosité, Aldna fronça péniblement les sourcils, tant sa peau la tiraillait douloureusement, avant de prendre le courage d'enfin ouvrir ses paupières. La stupeur fut sa première réaction, dès le moment où ses yeux se posèrent sur sa main qui s'agrippait fermement à une fourrure noir brillant de reflet argenté. En reprenant peu à peu pied dans la réalité, elle comprit rapidement que son corps était niché contre un large torse, alors que de grands bras puissants l'enveloppaient avec une infinie tendresse, offrant à son organisme faiblement vêtu une protection contre le froid. Un nouveau sourire apparu sur ses lèvres tandis qu'elle plongea son visage contre ce torse réconfortant qui resserra son étreinte affectueuse contre elle.

Heiress's HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant