Heiress's Heart

Chapitre 9-2

Relevant enfin son visage, elle découvrit aussitôt le visage de Mency qui lui souriait avec éclat. Comme touchée par sa gentillesse, elle agrippa fermement ses bras autour de sa taille, tout en posant sa joue contre son ventre.

— Merci, souffla-t-elle, apaisée. Pardonnez-moi, je ne voulais pas abîmer vos habits, remarqua-t-elle en se dégageant de sa douce chaleur.

— Peu importe, déclara-t-il en observant sa silhouette. Elle en a vu d'autres, rit-il doucement tout en s'agenouillant pour lui faire face.

Les yeux écarquillés de stupeur, elle fixait les siens qui dégageaient une bonté apaisante. Pourtant ce ne furent pas eux qui troublèrent les battements de son cœur. Il s'agissait simplement de ses grandes mains qui enveloppaient ses joues froides, réchauffant ainsi son âme et son corps. Elle savait trop comment s'expliquer l'apaisement qu'elle ressentit, lorsque ses longs doigts dansèrent sur sa peau, effaçant toute trace de son chagrin.

— Les larmes ne vous siéent guère, murmura-t-il en venant caresser sa chevelure, après avoir replacé des mèches rebelles derrière ses oreilles. Bien que je comprenne votre chagrin, assura-t-il le regard tendre. Sachez que vous n'êtes plus seule. Certes, vous ne reverrez plus votre famille, mais une autre vous accueille à bras ouvert.

— J'en ai conscience, et je vous suis reconnaissant de votre empathie, mais je ne veux pas être un poids pour vous, souffla-t-elle en se dégageant de sa chaleur, comme pour joindre le geste à ses paroles. Je veux être forte pour être capable de protéger les miens. Ne plus être tributaire des autres. J'ai conscience que votre rôle est de prendre soin de moi et de mon frère, mais je veux le faire moi-même, affirma-t-elle en s'approchant du promontoire à épée où elle s'en saisit d'une de petite taille. Je veux être capable de protéger mon peuple et ma famille.

Le cœur battant après avoir enfin avoué à quelqu'un d'autre que Shinjù ce qu'elle gardait enfoui au fond d'elle-même, elle se sentait à présent plus légère. Les yeux rivés sur Mency, elle bougeait sa lame, comme si elle tentait de caresser l'air environnant.

Elle espérait ainsi lui faire comprendre qu'elle voulait qu'il devienne son instructeur. Elle l'avait vu à l'œuvre quelques minutes plus tôt et cette idée avait tout de suite germé dans son esprit. Il n'y avait que lui, et personne d'autre, pour faire d'elle une princesse forte et digne de son royaume. Le regard assuré, elle fixa Mency pour lui faire sciemment comprendre sa demande muette. Réalisant qu'aucun mot ne semblait vouloir sortir de ses lèvres, elle prit son courage à deux mains, avant de formuler sa demande.

— Apprenez-moi, déclara-t-elle en pointant la lame face à lui.

— Vous voulez que je vous apprenne, s'exclama-t-il surpris. Mais ce n'est pas votre rôle. Vous êtes une princesse.

— Assez ! gronda-t-elle. Je ne veux pas être une princesse passive. Je refuse que l'on fasse de moi une monnaie d'échange et être seulement la femme de quelqu'un. Je veux exister tel que je suis, affirma-t-elle avec conviction.

Les doigts profondément ancrés dans le manche de son épée, elle campa sur ses positions, prouvant par sa seule présence, la force de ses convictions. Pourtant au fond d'elle-même, elle avait peur d'accueillir un nouveau refus. Car bien que son père ait accepté de lui enseigner la maîtrise de ses mouvements pour parfaire sa technique de danse, il avait toujours rejeté l'idée de lui apprendre le maniement des armes.

Le cœur battant, elle observait avec minutie chaque mouvement de ses muscles qui lui donnerait un indice sur la réponse qu'il allait lui donner. Son souffle se paralysa durant les quelques secondes que dura son approche auprès d'elle.

— Vous ne la tenez pas correctement, sourit-il en venant se placer derrière tout en en prenant délicatement sa main dans la sienne pour ajuster sa position.