P.1 // Chapitre 5

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Ne pas paniquer. C'était la seule chose qui réussit à arriver dans mon cerveau. Cet exercice, "se perdre", on l'avait fait tant de fois... Premièrement, s'armer. Je saisis mon pistolet. Deuxièmement... Je ne sais plus. Je ne sais plus et je suis perdue!

Non, non. Ne pas prendre peur. Je suis forte. La meilleure aux entraînements (totalement faux, j'étais dernière). J'essayai de me dire, pour me donner du courage. L'inspection des lieux fut rapide: rien. Un vide nonchalant et stressant. Juste du sable fin qui me rappelait ces étés à la plage en compagnie de ma famille... Mon unique famille... Brisée. Il ne me restait plus que mon frère. Je survivrai pour lui.

Prise d'un élan d'adrénaline, je me mis à courir dans le sable, pour trouver quelqu'un. Je m'arrêtai, essayai d'entendre quelque chose, et je me mettais en direction du bruit. Mais il n'y avait presque aucun bruit. Même totalement aucun, d'ailleurs. Il faisait toujours aussi noir, et ma lampe faiblissait. Alors, économisant cette lumière pour quelque chose d'utile, devrais-je dire, je fouillai dans mon sac pour prendre le bâton d'analyse. Il suffit de le planter dans le sol, il est plutôt petit, et une lumière verte s'allume à son sommet quand on peut s'asseoir sur le sol. Et la lumière verte fut. Alors, prenant mon courage à deux mains, je m'assis par terre et tenta de faire un feu, un feu qui se voit bien, qui attire les autres vers moi. Je pris quelques bâtons, brindilles, morceaux de bois échoués sur le sable, avec mes gants bien sûr, et fis un tas. J'ai allumé mon briquet et brûlé les premières brindilles et le feu commença à brûler les bouts de bois.

Un petit feu, au début, mais un feu qui amplifiai, amplifiai, pour devenir un énorme feu, de deux mètres de haut, qui grandissait encore et encore. Moi, je reculai, encore et encore. Il n'y avait aucun vent, ce qui aidai le feu à rougeoyer et brûler de plus en plus. Il était imposant, dominant l'espace vide, montrant sa puissance à moi, petite humaine, presque dernière de la race. J'étais figée devant cette merveille. Puis j'entendis un bruit. Un grognement. Un rugissement, même. Je serrai plus fort le "superflingue", comme l'appelai Tan à l'entraînement. Cela paraissait si lointain... J'étais éblouie par le feu, et je distinguai juste une ombre, de chien, on aurait dit, au loin. Je ne vouais pas tuer. Je n'osai pas tuer. Il se rapprochai. Puis, à la lumière du feu, je vis son... corps. C'était effectivement un chien. Un labrador. Il n'avait plus d'oreille droite. La moitié de son visage était bleue. Oui, bleue. Un bleu électrique, un bleu chimique. Un bleu qui faisait peur. Il n'avait plus de pattes arrière. Il se traînait, juste avec celles d'avant. Il avait un air terriblement fatigué, affamé. Et... J'étais devant lui.

Vite, réaction! Je sortis mon appareil photo, en me promettant d'effacer après l'horrible image. Le chien me fixait, grognant, hurlant. Mais il ne bougeait plus. La photo était prise, je rangeais mon appareil. Et le chien agonisait devant moi.

J'aurais voulu l'aider.

J'aurais pu l'aider.

Mais, instinct de survie, j'ai tiré.



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