Eve princesse révolutionnaire S2

Épisode 7 : l'orphelinat

Sortie dans la Capitale Impériale.

Le jour suivant, Eve se prépara pour le tour qu'elle avait prévu de faire avec Mikael, dans la capitale. Elle était censée y visiter la Maison des Lauriers, l'orphelinat du district 14, comme le lui avait conseillé Alvin. Pour Peony et Lianne, l'essentiel était qu'elle fût habillée de façon appropriée pour cette sortie et elles s'étaient amusées comme des folles à remplir cette mission pas comme les autres.

« Donc il vous faut quelque chose de plus simple qu'une robe de princesse, c'est ça ? Pour vous fondre dans le décor ?

— Mais je ne pense pas que ce soit une bonne chose qu'on ne puisse plus la différencier du tout des roturiers.

— Tu as tout à fait raison ! De toutes façons les tenues du personnel des maisons nobles sont quand même d'une autre facture que celles des pauvres du District 14. »

Tôt dans la matinée, Lianne était donc allée dans une échoppe et en était revenue avec une ravissante robe bleu ciel aux manches bouffantes. Sa maîtresse l'avait essayée et elle lui allait comme un gant, à sa grande fierté. Ornée d'un tablier blanc à froufrous attaché dans le dos par un joli ruban, elle descendait jusqu'à mi-mollet pour permettre une démarche aisée, et laissait dépasser les mi-bas, blancs eux aussi, qu'Eve avait enfilés.

À présent les deux jeunes femmes étaient en train de tresser ses cheveux blond lime vers l'arrière, avant de les relever en chignon sur le haut de la tête et d'y rajouter, pour le faire tenir, un long ruban qui pendait sur les côtés.

Mikael, qui devait l'accompagner pour la protéger d'éventuels dangers, était lui aussi habillé de façon adéquate. En lieu et place de l'élégant uniforme de la Garde Impériale bien trop reconnaissable, il portait une tenue de voyage en cuir. La cape gris cendré et l'épée qui pendait librement à sa taille lui donnaient l'allure d'un séduisant aventurier. Non que cela pût étonner quiconque, étant donné que même vêtu de guenilles, il aurait envoûté son entourage...

« Tout est prêt. Désirez-vous y aller maintenant ?

— Oui, s'il te plaît. »

Sedella drapa les épaules de sa maîtresse d'une cape de voyage. On n'était encore qu'au tout début du printemps et les matinées étaient parfois bien fraîches, mais surtout, il aurait été malvenu que quelqu'un du palais la surprît dans cette tenue de soubrette, ce qui n'aurait pas manqué provoquer les cinglantes critiques de ceux qui considéraient qu'il était impensable pour une princesse d'oser se vêtir ainsi.

Un fiacre les attendait devant le bâtiment. Si l'empire disposait, depuis un certain temps déjà, de trains, aéronefs et autres portails de distorsion spatiale longue-distance, qui fonctionnaient aux pierres magiques, leur existence n'avait pas supplanté les attelages qui restaient le moyen de transport le plus courant pour les trajets courts.

Dès que ses passagers se furent installés à l'intérieur, l'équipage s'ébranla. Le sceau impérial en avait été retiré pour lui donner l'aspect d'un attelage ordinaire destiné au déplacement de simples voyageurs de commerce et il put franchir sans encombre l'enceinte du palais.

« C'est comme si on sortait incognito.

— C'est le cas... »

Eve ne cachait pas son excitation. Ayant grandi entre les murs du palais que les remparts isolaient complètement du reste de la capitale, la septième princesse était toujours émerveillée par l'activité bourdonnante de la cité. Les petites rues où s'alignaient les toits triangulaires aux couleurs vives avaient certes un aspect plus que plaisant, mais ce qu'elle appréciait par-dessus tout était l'animation qui régnait dans les grandes avenues, si larges que quatre attelages auraient pu s'y tenir côte à côte, et bordées par les enseignes et bannes brillamment colorées des échoppes diverses et variées qui s'y succédaient. Une fontaine dont les jets d'eau dansaient haut dans le ciel agrémentait la place centrale où s'étaient installés des commerces plus importants. Une foule bigarrée s'y déplaçait, affairée, certaines personnes occupées à effectuer leurs achats aux présentoirs, d'autres en train de se restaurer, assises sous les velums.