Eve princesse révolutionnaire S2

Épisode 9 : Rimona.

Rires, hoquets de surprise, cris de plaisir et gémissements d'inquiétude retentissaient de toute part.

Eve jeta un regard circulaire au public. Mikael et elle semblaient être les seuls à ne pas apprécier la pièce. Les autres spectateurs s'essuyaient leurs yeux embués de larmes et lorsque la princesse et son chevalier attitré s'avouèrent enfin leur amour et s'embrassèrent, ils se mirent à pleurer et trépigner de joie.

Argh ! Je vais craquer !

Eve incapable d'en supporter davantage saisit la main de Mikael.

« Cette pièce est un ramassis de bêtises. Je n'y tiens plus. Partons !

— Quelle chance que tu le demandes... Tu as le don de savoir quand j'ai besoin de secours ! »

Tournant le dos au nuage rose de poussière magique qui flottait dans les airs, ils se faufilèrent au milieu de la masse grouillante de spectateurs. Il y avait tant de monde qu'il leur fallut un certain temps avant d'atteindre le bord de la place et de pouvoir s'échapper dans une ruelle adjacente. Bientôt ils n'entendirent plus que confusément les acteurs, et le stress qu'Eve ressentait jusqu'à présent retomba aussitôt.

Pourtant elle se sentait frustrée.

« La chanteuse la plus talentueuse de la troupe Pégase était censée chanter à la fin... C'est bien bête d'avoir raté ça...

— C'était la chanteuse que tu voulais voir en réalité ? Pas la pièce ?

— Eh bien, pour tout te dire... »

Eve était sur le point de lui faire part de son plan lorsqu'une querelle éclata, non loin de là.

« J'ai dit non ! Enlève tes sales pattes ! » hurlait une jeune fille en robe rouge incarnat.

Hmm ? Mais... Cette fille...?!

Sa superbe silhouette, ses boucles noires et sa peau bronzée lui rappelaient quelqu'un.

« Écoute, on peut parler une seconde » insistait son interlocuteur, un type au visage couvert de taches de rousseur, qui lui barrait le chemin, le regard mauvais.

« Mikael », fit aussitôt Eve. 

Son chevalier attitré se rapprocha d'elle dans la seconde. D'où ils étaient, il leur était facile de suivre la discussion.

« Tu sais que la troupe appartient à mon père, non ? Si tu acceptes de sortir avec moi, je te laisse chanter à la fin du spectacle comme c'était prévu.

— Donc c'est bien ta faute ! Pourquoi tu as fait un truc pareil ?

— Ce sont les types intrépides comme moi qui gagnent les faveurs des belles filles ! Je serai gentil, promis. Sors avec moi ! C'est pas si compliqué, non ? Qu'est-ce que t'en dis ?

— Ma mère m'a dit d'éviter les enflures égocentriques de ton espèce. Hors de question que je sorte avec toi !

— Tu es vraiment têtue. Tu vois pas que la pièce est presque finie ? Il reste plus que quelques minutes... arrête de faire ta coquette et... Aïe ! Ma jambe ! fit l'homme en chancelant, les deux mains sur son tibia.

— Je t'ai dit de t'écarter de mon chemin !

— T'iras nulle part, sale garce ! Tu viens de m'estropier alors assume ta responsabilité !

— N'importe quoi !

— T'as pas le droit de partir. Tu m'as cassé la jambe et d'après la tradition nomade, tu dois me prendre pour époux !

— Arrête de déblatérer... Argh ! »

Le type, qui sautillait sur une jambe, avait réussi à saisir la fille par les cheveux, mais il était sur le point de perdre l'équilibre et l'aurait entraînée dans sa chute sans la présence d'esprit de Mikael. Son sens de la chevalerie ne lui permettait pas de rester sans réagir devant cette agression et il fut à côté d'eux en un instant. Ceignant la taille de la jeune fille sur le point de tomber d'un bras, il plaqua brutalement l'assaillant contre un mur, de l'autre.